A LA LOUPE - De nombreuses voix s'élèvent en Chine pour critiquer la gestion de la crise par les autorités. Huit personnes ont notamment été arrêtées, il y a un mois, pour diffusion de fausses informations alors qu'ils alertaient sur les premiers signes de l'épidémie. La Cour suprême les a réhabilités ce 28 janvier, un acte rare de contrition.
Les autorités chinoises ont promis de faire toute la transparence sur l'épidémie de coronavirus. "Depuis le début, le gouvernement chinois a fait preuve d’ouverture, de transparence et de responsabilité", a martelé Xi Jinping le 28 janvier. "Nous ne permettrons pas au démon de se cacher", a assuré le président.
Accusé d'avoir dissimulé l'apparition du précédent coronavirus meurtrier, le Sras, en 2002, le gouvernement chinois cherche à prouver qu'il a appris de ses erreurs. Mais ces déclarations ne suffisent pas à faire taire les critiques. Pour de nombreux Chinois, l'arrestation, il y a un mois, de 8 personnes accusées de diffuser de fausses informations sur le virus prouvent que la transparence n'est pas totale. Face à la polémique, la Cour suprême de Pékin les a réhabilités, leur conférant un statut de lanceur d'alerte.
Des informations obtenues au compte-gouttes
Retour sur les faits. Le 1er janvier dernier, la police de Wuhan publie un communiqué signalant que de fausses informations circulent au sujet d'une pneumonie virale à Wuhan et se félicite d'avoir arrêté huit personnes.
Si le police reconnaît à cette date que des établissements de santé ont rapporté des cas de pneumonie, et qu'un lien avec le marché de fruits de mer de Wuhan est établi, elle souligne que "certains internautes publient et transmettent de fausses informations sur Internet sans vérification, ce qui a un impact social négatif." Les citoyens incriminés alertaient sur les réseaux sociaux de l'apparition d'un nouveau virus proche du Sras. A cette date, la police assure que la Commission locale de la santé n'a établi "aucune transmission interhumaine" et qu'aucun personnel médical n'a été infecté.
Alors que les faits commencent à être connus, plusieurs voix s'élèvent pour dénoncer ces arrestations injustifiées, en Chine mais aussi à l'étranger. L'IFNC - le réseau international de fact-checking regroupant des journalistes de plusieurs pays - s'intéresse au sujet et cherche à savoir ce qu'il est advenu de ces citoyens. Dans un article publié le 23 janvier, soit juste après que les autorités chinoises aient reconnu que le virus pouvait se transmettre d'humain à humain et que la décision est prise de mettre la ville de Wuhan en quarantaine, l'IFCN rapporte les éléments publiés par Hu Xijin, le rédacteur en chef de Global Times sur les réseaux sociaux. Le 21 janvier, il dénonce les arrestations et demande à ce que "le Bureau de la sécurité publique de Wuhan réexamine" leur situation.
Une prise de position étonnante pour un journaliste d'un média d'Etat. Moins de deux heures plus tard, il se veut toutefois beaucoup plus modéré et explique que les policiers n'avaient pas conscience de la situation à l'époque et que les personnes incriminées n'étaient pas des professionnels de santé. Enfin, Hu Xijin assure de source policière que les huit personnes ont simplement été interrogées de manière "amicale", qu'ils n'avaient pas été emprisonnées ni sanctionnées.
Sur les réseaux sociaux, le ton est différent. Beaucoup d'internautes avancent que les huit personnes sont en réalité des médecins qui auraient dû être considérés comme des lanceurs d'alerte. Ils travailleraient dans le service neurologie de l'hôpital de la Croix Rouge de Wuhan, à l'université de médecine ou encore au centre de cancérologie de la ville (cf. tweet ci-dessous en chinois). Tous seraient retournés en première ligne pour prendre en charge le flot de malades.
Le Quotidien de la jeunesse de Pékin, un média d'Etat, rapporte également qu'au moins l'un de ces citoyens est un médecin d'un hôpital local. Accusé d'avoir annoncé que sept de ses patients étaient atteints de Sras, il a été forcé par la police de signer une lettre promettant de ne plus publier de tels messages. Une méthode assez classique dans le système policier chinois.
Les médecins réhabilités
Le 28 janvier, coup de théâtre. Un juge de la Cour suprême de Pékin salue l'action de ces médecins. "L’information délivrée par les huit personnes n’était pas fabriquée de toutes pièces", reconnaît-il dans un article. "Ça aurait été une bonne chose que le public se fie à cette rumeur, commence à porter des masques, prenne des mesures pour se protéger et évite le marché aux animaux sauvages de Wuhan."
Un réel camouflet pour la police de Wuhan qui a cherché dès le lendemain à s'expliquer. Elle assure, dans un communiqué, qu'elle n'a fait que suivre la loi au vu des connaissances de l'époque, et indique que les personnes ont simplement été interrogées mais qu'elles n'ont fait l'objet d'aucune détention, amende ou punition, si ce n'est une "auto-critique" écrite.
En reconnaissant son erreur, le gouvernement chinois semble en réalité tenter de faire taire les critiques sur la gestion de la crise et remettre la faute sur les autorités politiques locales. Ce sont elles qui sont aujourd'hui accusées d'avoir faire pression sur les scientifiques et d'avoir minimisé durant une quinzaine de jours la situation.
Les autorités cherchent ainsi à réhabiliter le Parti. Mardi dernier, Zhang Wenhong, un spécialiste des maladies infectieuses chargé de combattre le coronavirus, a d'ailleurs annoncé qu'il remplaçait les médecins de son service par des membres du Parti communiste, soulignant que c'était leur devoir. "N'avez-vous pas prêté serment ?" leur a-t-il demandé.
La répression reste, elle, réelle. Les réseaux sociaux rapportent le cas d'un homme qui aurait été arrêté à Tianjin et détenu 10 jours pour avoir critiqué la lenteur du gouvernement (cf. tweet ci-dessous). Une information que nous n'avons pas pu authentifier. Les autorités chinoises ont toutefois rappelé à leurs citoyens ces derniers jours que la diffusion de fausses informations pouvaient être puni de jusqu'à sept ans d’emprisonnement.
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