Etats-Unis : expulsé vers l'Irak où il n'avait pourtant jamais mis les pieds, un homme décède faute de soins

Publié le 9 août 2019 à 7h21
Etats-Unis : expulsé vers l'Irak où il n'avait pourtant jamais mis les pieds, un homme décède faute de soins

Source : HO / US Immigration and Customs Enforcement / AFP

IMMIGRATION - Un quarantenaire est décédé en Irak ce mardi après avoir été expulsé en juin dans le pays d'origine de ses parents, alors qu'il avait pourtant passé l'essentiel de sa vie aux États-Unis. Jimmy Aldaoud serait mort, selon ses proches, faute d'avoir accès au traitement de son diabète.

Les dernières images de lui sont désolantes. D’après l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU), un homme de 41 ans est décédé ce mardi 6 août en Irak. Un pays où il n’avait pourtant jamais mis les pieds. C’était sans compter sur l’administration Trump qui l’a récemment expulsé dans le pays d’origine de ses parents.

C’est le site américain Politico qui relate l’histoire de cet homme, Jimmy Aldaoud. Né en Grèce de parents irakiens, il arrive à Détroit avec sa famille lorsqu’il a six mois. Atteint de diabète et de schizophrénie, selon un ami de la famille, sa vie aux Etats-Unis prend brusquement fin en juin dernier. Il est alors déporté vers l'Irak par l’agence de police de contrôle des frontières rattaché à la Sécurité intérieure des États-Unis (ICE). 

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Décédé faute d'accès à de l'insuline

Dans une vidéo publiée sur Facebook le 21 juin par une activiste, apparaît un homme qui affirme être Jimmy. Assis sur un trottoir, débraillé, il raconte avoir été interpellé par des agents à qui il a fait savoir qu’il n'a jamais été en Irak. Ces derniers auraient refusé de l’écouter ou d’appeler sa famille. "J’ai passé toute ma vie dans ce pays, depuis ma naissance à peu près (…) Mais ils ont refusé de m’écouter."

Face caméra, sur un trottoir que certains médias américains situent à Bagdad, l’homme décrit son quotidien. "Maintenant, je suis ici, je ne comprends pas la langue, je cherche à manger…" Sans abri, il dit avoir été réveillé en pleine nuit d’un coup de pieds dans le dos. Mais surtout, il vomit, beaucoup. Et pour cause, il est diabétique et n'a pas accès à son traitement à l'insuline. Un défaut de soins qui lui sera fatal. Selon l’avocat de sa famille, il est décédé deux mois plus tard à cause de son diabète. 

Edward Bajoka, avocat spécialisé dans l’immigration qui se décrit également comme un proche de la famille, a publié une photo sur Facebook avec en légende un réel coup de gueule contre l'ICE, qu’il accuse d’avoir "du sang sur les mains". 

80.000 Chaldéens potentiellement visés

Jimmy n’est évidemment pas un cas à part. Selon plusieurs médias, l’administration Trump cherche à déporter plus de 1000 Irakiens, qui auraient d’ores et déjà reçu un avis d’expulsion du pays. Parmi eux, des individus issus de la communauté catholique chaldéenne, une minorité chrétienne qui fait l'objet de discriminations en Irak. Jimmy en faisait partie. Outre sa maladie, c’est donc sa religion qui le mettait en péril dans ce nouveau pays d’accueil.

Martin Manna, représentant de la Fondation pour la communauté chaldéenne, estime, lui, que près de 160.000 chrétiens d’orient vivraient à Détroit et qu'au moins la moitié d'entre eux seraient inscrits sur des listes pour un renvoi vers leur pays d’origine. De quoi provoquer une "énorme anxiété dans la communauté". 

C’est pourquoi, dans les pages de Politico, Miriam Aukerman, avocate pour l’ACLU, tire le signal d’alarme. Selon elle, le maintien des expulsions pourrait mettre de plus en plus de personnes en danger. "Nous savions qu'il ne survivrait pas s'il [Jimmy] était déporté. Ce que nous ignorons maintenant, c’est combien de personnes de plus l'ICE enverra à la mort."

Cette mort a provoqué l’émoi au-delà du cercle familial ou de la communauté chaldéenne. L’élu Démocrate Andy Levin a estimé dans un communiqué que "Jimmy Aldaoud n’aurait jamais dû être envoyé en Irak", son expulsion étant une "condamnation à mort". "Il était évident qu’expulser Jimmy vers un pays où il n'était jamais allé (…) et n'avait pas accès à des soins médicaux, mettrait sa vie en danger de mort." L’élu promet de faire cesser au plus vite ces déportations car "désormais, quelqu’un est mort".


La rédaction de TF1info

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