PRÉPARATIFS - Ce mercredi 20 janvier, Joe Biden va prendre la place de Donald Trump dans le Bureau ovale. Mais avant d'emménager à la Maison-Blanche, le président élu va prêter serment lors d'une cérémonie d'investiture placée sous le signe de l'unité malgré le contexte sanitaire et les menaces qui pèsent sur la tenue de l'événement.
L'Amérique va tourner la page Donald Trump. Ce mercredi 20 janvier, 74 jours après l'annonce de sa victoire à l'élection présidentielle sur son adversaire républicain (306 grands électeurs contre 232), le démocrate Joe Biden fera son entrée à la Maison-Blanche. L'ancien vice-président de Barack Obama, porté au pouvoir après quatre années de tensions qui ont profondément fracturé le pays de l'Oncle Sam, va officiellement endosser la fonction de président des États-Unis, à l'issue de sa cérémonie d'investiture.
Main droite levée, main gauche sur la Bible - ce qui n'est pas formellement inscrit dans la Constitution -, le président élu prêtera serment, à midi précise, heure de Washington (18h à Paris), dans la foulée de sa vice-présidente Kamala Harris, elle-même assermentée par la juge Sonia Sotomayor, première femme de couleur à siéger à la Cour suprême. Le juge John Roberts sera chargé de lui faire répéter l'article II, section 1 de la Constitution américaine. "Moi, Joe Biden, je jure solennellement de remplir fidèlement les fonctions de président des États-Unis, et, dans toute la mesure de mes moyens, de sauvegarder, protéger et défendre la Constitution des États-Unis", devra prononcer le futur locataire du 1600 Pennsylvania Avenue.
Comme le veut la tradition, à l'exception de George Washington (1789 et 1793) et John Adams (1797), l'assermentation de Joe Biden se déroulera sur les marches du Capitole, le cœur de la démocratie américaine. Autrefois fixée au 30 avril pour George Washington (encore lui) puis au 4 mars, environ quatre mois après l'Election Day, le jour de l'élection, la date d'investiture a finalement été ramenée au 20 janvier par Franklin D. Roosevelt, qui jugeait alors la période de transition trop longue.
Ratifié en 1933 et entré en vigueur dès 1937, le 20e amendement fait foi concernant le jour de l'Inauguration Day. Trois cérémonies, tombant un dimanche, ont cependant dû être décalées au lundi 21 janvier (Dwight D. Eisenhower en 1957, Ronald Reagan en 1985 et Barack Obama en 2013).
17h - Début de la cérémonie
Au petit matin du 20 janvier, Joe Biden assistera à une messe à la cathédrale Saint-Matthieu, saint patron des fonctionnaires, en compagnie des chefs de file des deux chambres du Congrès : les démocrates Nancy Pelosi et Chuck Schumer et les républicains Kevin McCarthy et Mitch McConnell. Le président élu se rendra ensuite en convoi vers le Capitole, où la cérémonie d'investiture débutera à 11h (17h à Paris).
Elle s'ouvrira par une invocation du père Leo J. O'Donovan, un ami proche de l'ancien vice-président qui avait officié lors des funérailles de son fils Beau, décédé d'une tumeur au cerveau en 2015 à l'âge de 46 ans. Ce moment sera suivi du serment d'allégeance récité par Andrea Hall, la première Afro-américaine à atteindre le grade de capitaine du service d'incendie de South Fulton en Géorgie.
18h - La prestation de serment
Juste avant la prestation de serment, prévue à 12h locales (18h en France), Lady Gaga, soutien de longue date de Joe Biden, interprétera l'hymne national The Star Spangled Banner et Jennifer Lopez livrera "une prestation musicale". L'un des temps forts de cette première partie sera la lecture par Amanda Gorman, la plus jeune poétesse (22 ans) à inaugurer le mandat d'un président américain, du poème The Hill We Climb. Ce texte, dont le New York Times a publié un extrait, évoque en substance la prise d'assaut du Capitole.
Le serment prononcé, la fanfare militaire jouera quatre Ruffles and Flourishes, une courte musique avec clairon et tambour, puis le Hail to the Chief, l'hymne présidentiel. Suivront 21 coups de canon tirés à blanc. Une fois le cérémonial passé, Joe Biden prendra, pour la première fois, la parole en tant que président des États-Unis. Il adressera un discours qui donnera le ton de la future politique de son administration.
Pour l'occasion, l'ex-sénateur du Delaware a prévu de s'entourer de ses prédécesseurs Barack Obama, Bill Clinton et George W. Bush pour lancer un appel à l'unité à une Amérique meurtrie et divisée. America United sera le thème de l'investiture du 46e président des États-Unis, a indiqué le Comité d'organisation.
20h30 - Les Biden à Arlington avec leurs prédécesseurs
En guise de conclusion à ce cérémonial, le nouveau commandant en chef des armées, la First Lady Jill Biden, la vice-présidente Kamala Harris et son mari Doug Emhoff inspecteront les troupes sur l'aile Est du Capitole. En début d'après-midi, avant d'emménager à la Maison-Blanche pour les quatre prochaines années, Joe Biden se rendra au cimetière national d'Arlington avec les trois derniers présidents américains, à l'exception de Trump, pour déposer une gerbe sur la tombe du soldat inconnu.
En raison de la crise sanitaire et des événements survenus au Capitole, la parade présidentielle sur Pennsylvania Avenue, habituel moment fort instauré lors de l'inauguration du second mandat de Thomas Jefferson en 1805, sera tout de même exécutée. Avec son épouse Jill, il sera ensuite escorté par des militaires à quelques dizaines de mètres de la Maison-Blanche. Le couple présidentiel finira le chemin à pied. C'est là que le nouveau chef d'État signera ses premiers décrets présidentiels.
Suivra une parade virtuelle, "Parade Across America", qui célébrera les héros américains, et mettre en valeur la diversité, le patrimoine et la résilience du pays. Le groupe The New Radicals, dont le tube "You Get What You Give" fut un hymne pour la famille Biden durant la maladie de son fils Beau se reformera spécialement à cette occasion. La journée se terminera à 20h30 (02h30 à Paris) avec une émission de 90 minutes, "Celebrating America", présentée par l'acteur Tom Hanks et diffusée sur les plus grandes chaînes. On y retrouvera notamment Demi Lovato, Justin Timberlake ou Bruce Springsteen.
Trump, une absence inédite depuis 1869
À chaque changement d'administration, il est d'usage que le président sortant assiste à l'assermentation de son successeur. En 2017, Barack Obama avait assisté à la prestation de serment de Donald Trump. Quatre ans plus tard, le milliardaire républicain ne se pliera pas à cet exercice. Il ne sera pas présent sur les marches du Capitole pour accompagner Joe Biden dans sa prise de fonctions. "À tous ceux qui ont posé la question, je n'irai pas à l'inauguration le 20 janvier", a-t-il écrit dans l'un de ses derniers tweets vendredi 8 janvier, alors qu'il s'était pourtant engagé à une transition "ordonnée" du pouvoir.
Dans l'histoire américaine, seuls cinq présidents avant lui n'ont pas pris part à cet événement, dont trois volontairement. John Adams, battu en 1801 par son vice-président Thomas Jefferson, n'est pas resté à Washington pour participer à l'investiture. Même chose pour son fils, John Quincy Adams, défait par Andrew Jackson en 1829. En 1869, Andrew Johnson a lui prétexté une réunion du cabinet présidentiel pendant la prestation de serment d'Ulysses S. Grant. Au siècle dernier, deux Présidents y ont échappé, malgré eux. En 1921, Woodrow Wilson, monté au Capitole mais malade, n'a pas participé activement à l'assermentation de Warren G. Harding. En 1974, Richard Nixon, poussé à la démission après le scandale du Watergate, une affaire d'espionnage politique, a quitté la capitale avant l'inauguration de Gerald Ford.
Annoncé en froid avec Donald Trump, après avoir certifié au Congrès la victoire de Joe Biden, le vice-président Mike Pence pourrait s'éloigner encore plus du président sortant. De nombreuses informations de presse, citant des responsables gouvernementaux de haut niveau, annoncent que l'ex-gouverneur de l'Indiana devrait en revanche assister à la cérémonie d'investiture du président élu. Ce dernier a d'ailleurs déclaré que Mike Pence est "le bienvenu" sur les marches du Capitole, s'il le souhaitait.
Une sécurité maximale pour une foule réduite
Donald Trump ne sera pas le seul absent. Dans des circonstances normales, Washington verrait des centaines de milliers de personnes affluer dans la ville, envahissant le National Mall, pour assister à l'assermentation de Joe Biden. Alors qu'en 2009 Barack Obama avait rassemblé une foule record, environ deux millions de personnes autour du Capitole, cette année, la taille de la célébration sera "extrêmement limitée", a déclaré l'équipe du démocrate, en raison de la pandémie de coronavirus, qui a coûté la vie à plus de 399.000 personnes aux États-Unis. La maire de Washington Muriel Bowser a exhorté lundi 11 janvier la population à ne pas se rendre à cette cérémonie, mais plutôt de la suivre en ligne ou à la télévision.
Pour représenter les Américains qui ne pourront pas vivre en direct à ce bout d'histoire, 191.500 drapeaux ont été installés sur la grande esplanade entre le Capitole et le Washington Monument. Par ailleurs, 56 colonnes lumineuses vont être disposés pour chaque État et territoire américain.
1/ Please do not come to Washington, DC for the 59th Presidential Inauguration on January 20th. Instead, participate virtually. pic.twitter.com/p0iRU3Et0i — Mayor Muriel Bowser (@MayorBowser) January 11, 2021
Malgré une foule considérablement réduite, la sécurité sera fortement renforcée autour du Capitole, envahi le 6 janvier dernier par des partisans pro-Trump. Ses supporters les plus radicalisés, refusant de concéder la défaite, se disent toujours prêts à en découdre et appellent sur les réseaux sociaux à davantage de violence. Les autorités américaines craignent une nouvelle attaque du Congrès, qui viendrait déstabiliser la transition du pouvoir. "L'investiture du président des États-Unis est un élément fondamental de notre démocratie. (...) La sûreté et la sécurité de tous ceux qui participent à la 59e inauguration présidentielle sont de la plus haute importance", ont indiqué les services secrets américains dans un communiqué.
Se préparant à toute éventualité, les forces de sécurité ont très rapidement pris des précautions supplémentaires. Alors que Washington est placé sous le régime de l'état d'urgence, le National Park Service a annoncé la fermeture au public du Washington Monument jusqu'au 24 janvier, invoquant les menaces entourant l'inauguration. Ce mercredi 20 janvier, environ 25.000 soldats de la Garde nationale, provenant des 50 États, seront déployés pour soutenir l'action de la police du Capitole et des forces locales.
Inquiets, les services de sécurité ont annoncé qu'ils épluchaient leur CV pour éviter que parmi eux ne se trouvent d'éventuels pro-Trump prêts à la sédition. Deux d'entre eux ont été écartés après enquête. Des clôtures en métal noir, impossibles à escalader et similaires à celles déjà utilisées autour de la Maison-Blanche pour contenir les manifestants, ont été érigées. "Vous pouvez imaginer que l'investiture aura un niveau de sécurité digne de (la base militaire de) Fort Knox", a déclaré un proche de Joe Biden au site Politico. Preuve que, malgré la promesse d'une transition apaisée, la tension est à son paroxysme.
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