Incendies en Grèce : le calvaire sans fin de l’île d’Eubée

Publié le 11 août 2021 à 7h54
JT Perso

Source : TF1 Info

BRAS DE FER - Des centaines de pompiers et de volontaires étaient toujours sur le front mardi 10 août, pour tenter d’endiguer la course folle de l’incendie d’Eubée, le plus destructeur qu’ait connu la Grèce.

Villages assiégés, pinèdes carbonisées et maisons détruites : l'île grecque d'Eubée offrait un spectacle de désolation mardi 10 août. Des centaines de pompiers et de volontaires étaient toujours mobilisés pour tenter d’endiguer la progression du plus destructeur des incendies ayant frappé la Grèce. 

Le brasier ravage depuis huit jours cette vaste île montagneuse et boisée à 200 km d'Athènes, réduisant en fumée 49.700 hectares, selon le Système européen d'information sur les feux de forêts (EFFIS). En tout, depuis le 29 juillet, plus de 93.700 hectares ont été ravagés par les flammes en Grèce, frappée début août par la pire canicule en trois décennies. 

Un record absolu, puisque moins de 2.300 hectares avaient brûlé en moyenne sur la même période entre 2008 et 2020. En l'espace de quelques jours où le thermomètre a largement dépassé les 40° à de nombreux endroits, 586 incendies se sont déclarés dans le pays, a précisé le vice-ministre de la Protection civile, Nikos Hardalias.

"On les supplie de venir et personne n'arrive"

Devant l'avancée du brasier, plus de 3.000 personnes ont été évacuées par la mer de l'immense île d'Eubée dont la partie nord s'est embrasée le 3 août, selon les garde-côtes grecs.

Et le bras de fer n’est pas terminé : si les autorités ont jugé que "la situation est bien meilleure" mardi, les pompiers, aidés de nombreux volontaires en T-shirts et souvent sans masque ni casque, bataillaient toujours pour empêcher le feu d'atteindre Istiaia, une ville de 7.000 habitants, qui n'a pas été évacuée.  "Les citoyens et les pompiers sont engagés dans une bataille au corps-à-corps, se battant avec tout leur cœur et toute leur âme", a déclaré sur sa page Facebook le maire de la ville, Yiannis Kontzias.

Dans la partie nord de l’île, les effectifs ont d’ailleurs été renforcés et portés à 870 soldats du feu, dont beaucoup venus des pays voisins comme Chypre, la Slovaquie ou encore la Pologne, selon les services d'incendies grecs. Dix-sept hélicoptères bombardiers d'eau ont été aussi mobilisés, ainsi que huit avions, dont trois Canadair français.

Mais pour certains habitants, la mobilisation de forces grecques n'a pas été suffisante. Dans le village balnéaire d'Asminio au nord de l’île, menacé par les flammes, l'ordre d'évacuer a été donné mardi midi. "Où veux-tu qu'on aille ?", hurle une sexagénaire qui refuse de quitter les lieux sous un ballet d'hélicoptères. Dans les rues, envahies par des dizaines d'habitants, le ton monte : "Regarde, ce sont eux qui font le boulot", s'emporte Dimitri en montrant un camion de pompiers slovaque. "Ils sont où, les nôtres ? On les supplie de venir et personne n'arrive".

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Une enveloppe de 500 millions d'euros d'aides débloquée

Une colère partagée par de nombreux responsables locaux et l’opposition politique, qui épinglent un manque de réactivité et de moyens aériens mis en œuvre. Le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a de son côté "demandé pardon pour de possibles erreurs". "Nous avons fait tout ce qui était humainement possible, mais dans plusieurs cas, ce n'était pas assez", a-t-il déclaré lundi soir dans une allocution télévisée.

Face à une "catastrophe naturelle aux proportions sans précédent", il a annoncé le déblocage d'une enveloppe globale de 500 millions d'euros qui comprend à la fois des aides d'urgence aux habitants victimes des feux, mais aussi un plan de reconstruction des zones sinistrées.

Dans l’ensemble du pays, les brasiers ont fait trois morts, tandis que des villages entiers ont été évacués avant que les maisons ne soient détruites par les flammes. Du côté du Péloponnèse, région également frappée par les incendies, les feux ont repris de plus belle, poussant les autorités à ordonner l'évacuation de plus d'une dizaine de petits villages dans la région de Gortynia. 

Seize personnes ont été interpellées, soupçonnées d'incendie criminel ou d'incendie par négligence, a indiqué la police. La Turquie voisine n’est pas épargnée par non plus par une vague d'incendies violents, qui ont fait huit victimes sur les côtes turques, qui semblent toutefois désormais sortie d'affaire.


La rédaction de TF1info

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