TENSIONS - Le ministre des Affaires étrangères chinois a appelé Washington "à la prudence", au lendemain d'une déclaration de Joe Biden affirmant que les États-Unis soutiendraient militairement Taïwan en cas d'attaque. Les démonstrations de force de l'armée chinoise se multiplient depuis début octobre, face à une île que Pékin considère comme une de ses provinces.
"Sur les questions liées à ses intérêts fondamentaux, comme sa souveraineté et son intégrité territoriale, la Chine ne laissera aucune place au compromis", a répliqué un porte-parole du ministre chinois des Affaires étrangères, au lendemain de la déclaration de Joe Biden. En énonçant une position explicite à propos de la défense éventuelle de Taïwan en cas de conflit armé, ce dernier a en effet bousculé un statu-quo diplomatique qui prévaut depuis des décennies. La prise de position du président américain est toutefois liée à un regain de tension inquiétant, Pékin multipliant les démonstrations de force menaçantes face à l'île.
- Des sénateurs français se rendent à Taïwan malgré les menaces de l'ambassade de Chine
- Qu'est-ce que le "Quad", cette alliance que Joe Biden veut faire revivre face à la Chine ?
- Les partis pris : le ticket pour la finale, la crise immobilière, la rumeur de la guerre à Taïwan et le premier tournage en orbite !
Le porte-parole de la Maison-Blanche a semblé jouer l'apaisement ce vendredi 22 octobre : "le président n'annonçait aucun changement dans notre politique", a-t-il expliqué, au lendemain d'une déclaration potentiellement explosive de Joe Biden. Lors d'un dialogue avec des électeurs de Baltimore, retransmis par CNN, on avait demandé au président américain si les États-Unis interviendraient militairement pour défendre Taïwan, en cas d'agression par son voisin chinois. "Oui, nous avons un engagement en ce sens", avait répliqué Joe Biden, une petite phrase qui constitue en fait un séisme diplomatique.
La fin de l'"ambiguïté stratégique" ?
C'est en 1979 que les États-Unis ont développé ce concept d’"ambiguïté stratégique", au moment où ils établissaient des relations diplomatiques avec la République de Chine populaire. C'est une politique délibérément opaque, une carte masquée qui permet à Washington de promettre son aide à Taïwan, sans énoncer clairement ce qui justifierait un engagement armé. À cela, un double objectif : ne pas provoquer Pékin, ni inciter Taïwan à déclarer formellement son indépendance.
Deux Chine face à face
Pour comprendre cette "ambiguïté stratégique" maintenue par les États-Unis à l'égard des deux entités, il faut remonter brièvement aux origines du conflit. Taïwan s'est séparé de la Chine en 1949, lorsque les forces nationalistes de Tchang Kaï-Chek ont perdu la guerre civile face aux communistes de Mao Tsé-Toung. Sur l'île est alors instaurée la "République de Chine", face à la "République populaire de Chine" sur le continent. Chacune de ces deux Chine considère alors l'autre comme sa province. Pendant longtemps, seule l'entité de Taïwan était reconnue par la communauté internationale... jusqu'à ce qu'il devienne évident que le parti de Tchang Kaï-Chek avait définitivement perdu, et qu'il fallait établir des relations avec la Chine de Mao. Et c'est à ce moment que débute cette situation de statu quo : Taïwan jouit d'une indépendance de fait, qu'elle se garde de déclarer officiellement.
Une réunification "inéluctable" ?
Or, le président chinois Xi Jinping n'a jamais fait mystère de sa volonté de réunifier Taïwan à la Chine continentale, réaffirmant récemment qu'elle était "inéluctable". Alors qu'il briguera l'an prochain un troisième mandat, sa présidence correspond à une montée en puissance militaire de la Chine, devenue un leader régional décomplexé. En face, les velléités indépendantistes de la présidente de Taïwan irritent Pékin, et depuis quelques semaines, les incursions d'avions de guerre chinois se sont multipliées sur les radars de Taïwan. Près de 150 vols en escadrille ont été repérés durant les quatre jours de la fête nationale chinoise.
La Chine, la Russie et le reste du monde savent que nous disposons de la plus puissante capacité militaire du monde
Joe Biden, président des Etats-Unis
Certains experts militaires américains, inquiets de ces démonstrations de force insistantes, demandaient à Joe Biden de passer à la "clarté stratégique". C'est probablement ce qu'il a fait en levant pour un instant "l'ambiguïté" sur Taïwan, comme une carte qu'on retourne furtivement sur la table de jeu. Pour rassurer ses électeurs inquiets, le président américain avait ajouté : "La Chine, la Russie et le reste du monde savent que nous disposons de la plus puissante capacité militaire du monde".
Sur le
même thème
- EN DIRECT - Envoi de chars lourds en Ukraine : Zelensky insiste sur "la vitesse et le volume" des livraisonsPublié le 25 janvier 2023 à 6h45
- VIDÉO - Guerre en Ukraine : face aux chars occidentaux, la Russie ripostera-t-elle avec son char dernier cri ?Publié le 25 janvier 2023 à 8h50
- VIDÉO - Froid polaire en Chine : les images saisissantes de la vie par moins 53 degrésPublié le 24 janvier 2023 à 16h35
- Visite de Nancy Pelosi : derrière l'incident diplomatique, le statut controversé de TaïwanPublié le 3 août 2022 à 17h55
- Nancy Pelosi à Taïwan : cinq questions autour du regain de tensions entre les États-Unis et la ChinePublié le 2 août 2022 à 17h57
- Taïwan : l'avertissement du président chinois à Joe BidenPublié le 28 juillet 2022 à 20h48
- Comment la Chine pourrait s'inspirer de la guerre en Ukraine contre TaïwanPublié le 21 juillet 2022 à 11h33
- (à relire) Asie : la mise en garde de la Chine sur la possibilité d'une déclaration d'indépendancePublié le 12 juin 2022 à 10h21
- Vladimir Poutine et la Russie sont-ils "plus isolés que jamais", comme le dit Joe Biden ?Publié le 2 mars 2022 à 19h16
Tout
TF1 Info
- 1INFO TF1/LCI - Le fils d'Éric Dupond-Moretti en garde à vue à CourchevelPublié hier à 12h33
- 2Héritage : à la mort d'un parent, l'usufruit d’un bien immobilier disparaîtPublié le 25 janvier 2023 à 8h00
- 3Dégradation des relations franco-marocaines : que se passe-t-il entre Paris et Rabat ?Publié le 26 janvier 2023 à 23h05
- 5Pollution aux microbilles plastiques : le parquet de Brest ouvre une enquêtePublié hier à 15h29
- 6L'Ukraine le veut à tout prix : le Leclerc, fleuron des chars françaisPublié le 26 janvier 2023 à 17h20
- 7Ruptures de stock en pharmacie : quels sont les (très nombreux) médicaments touchés ?Publié le 26 janvier 2023 à 16h49
- 8Arracher des souches peut vous coûter cherPublié le 26 janvier 2023 à 8h00
- 9Réforme des retraites : qu'est-ce que le rachat de trimestres qui pourrait être assoupli par le gouvernement ?Publié le 26 janvier 2023 à 19h48
- 10Bientôt un nouveau royal baby chez les Windsor !Publié le 24 janvier 2023 à 15h26
- 1Après les profanations du Coran en Suède, la France met en garde ses ressortissants en TurquiePublié aujourd'hui à 0h08
- 7Météo du 27 janvier 2023 : Prévisions météo à 20h45Publié hier à 20h49
- 8Le 20 heures du vendredi 27 janvier 2023Publié hier à 20h38
- 9Molène : la nurserie des phoquesPublié hier à 20h34
- 2Dégradation des relations franco-marocaines : que se passe-t-il entre Paris et Rabat ?Publié le 26 janvier 2023 à 23h05
- 3L'Ukraine le veut à tout prix : le Leclerc, fleuron des chars françaisPublié le 26 janvier 2023 à 17h20
- 5VIDÉO - Guerre en Ukraine : face aux chars occidentaux, la Russie ripostera-t-elle avec son char dernier cri ?Publié le 25 janvier 2023 à 8h50
- 6VIDÉO - Pourquoi cette cascade coule à l'enversPublié hier à 18h31
- 8La livraison de chars occidentaux à l'Ukraine, un incroyable défi logistiquePublié hier à 13h21