JUSTICE - Mathias Echène, un entrepreneur français incarcéré en Indonésie depuis 2017 - pour un litige commercial, selon ses proches - et en grève de la faim depuis cinq mois, a été extradé ce jeudi vers Hong Kong. Une extradition annoncée par le chef de la diplomatie française qui "désapprouve" cette décision.
Le 29 juillet 2017, Mathias Echène est arrêté à Bali. Cet ex-trader à Londres s'était installé en Indonésie en 2006, avec sa famille, pour développer un programme immobilier de luxe. Il a été accusé de fraudes et d'escroquerie de la part d'anciens associés, des riches financiers basés à Hong Kong et à Singapour, qui lui reprochent d'avoir détourné à son profit plus de 700.000 euros. L'homme d'affaires quadragénaire est finalement interpellé à l'aéroport de la célèbre île indonésienne après avoir fait l'objet d'un mandat d'arrêt international, délivré en 2013, puis d'une notice rouge Interpol, émise à partir de 2014.
Incarcéré dans des conditions "inhumaines" depuis 2017 en raison, selon ses soutiens en France, de ce litige commercial et en grève de la faim depuis le 1er avril face au manque d'espoir, Mathias Echène a vu son avenir judiciaire s'assombrir. Ses avocats ont déposé mi-avril un recours auprès des Nations Unies pour "détention arbitraire", resté sans réponse à ce jour.
À la demande de Hong-Kong, pays d'origine de l'un des plaignants, l'Indonésie va procéder à l'extradition du chef d'entreprise français. Et ce, alors que, le 26 mars 2019, la cour d'appel de Paris a refusé de reconnaître en droit français les jugements de condamnations civiles prononcées à Hong Kong, au motif, notamment, qu'ils ont été rendus en l'absence d'un procès équitable. En mars 2015, le Français avait été condamné à verser des indemnités de près de trois millions d'euros à ses anciens associés.
"Je désapprouve cette décision qui a été prise par les autorités indonésiennes"
Jean-Yves LE DRIAN, ministre des Affaires étrangères
Dans un communiqué, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian "désapprouve" la décision de l'Indonésie, une mesure d'extradition immédiate, "sans que nous en ayons été informés et alors que notre inquiétude sur la dégradation de l'état de santé de M. Mathias Echène était connue", écrit le chef de la diplomatie française jeudi 12 septembre. "J'étais intervenu à de multiples reprises pour demander que notre compatriote soit hospitalisé afin qu'il accède à des soins adaptés."
#Indonésie Déclaration de @JY_LeDrian : J’ai appris que notre compatriote Mathias Echène, détenu en Indonésie depuis 2017, avait fait l’objet aujourd’hui d’une mesure d’extradition immédiate vers Hong Kong. Je désapprouve cette décision. ☛ https://t.co/0Js5hbIJmH pic.twitter.com/4I41H10an9 — France Diplomatie🇫🇷 (@francediplo) September 12, 2019
Pour son entourage, contacté par l'AFP, la décision de l'Indonésie d'extrader Mathias Echène vers Hong Kong est d'autant plus inquiétante que le citoyen français, en grève de la fin depuis le 1er avril dernier, est dans un "état catastrophique" et a perdu "25 kilos". Ni ses amis ni sa soeur, Eléonore, qui a créé un comité de soutien et mis en ligne une pétition "Liberté pour Mathias Echène", n'ont souhaité commenter ce jeudi ce dernier développement qui semble les avoir pris de court.
Je n'ai commis aucun crime (...) J'en appelle au président Emmanuel Macron
Mathias ECHÈNE
Dans une vidéo publiée en avril dernier, l'Aveyronnais, épuisé par sa grève de la faim, dénonçait ses conditions de détention : une cellule de 60 m2 dans laquelle s'entassent 80 autres détenus, sans accès libre à l'eau potable et avec des repas innommables. "J'ai perdu plus de 10 kilos, j'ai des problèmes d'arthrose et cardiaques. Combien de temps vais-je tenir dans ces conditions ?", confiait-il alors. "Il y a urgence", appuyait sa soeur Éléonore, interrogée par La Dépêche.
En juillet dernier, à l'occasion d'un entretien avec franceinfo, Mathias Echène lançait un appel à l'aide aux "autorités compétentes" françaises pour qu'elles examinent son affaire. Et mettent fin à ce cauchemar. "Ma vie a été brisée à cause d'un litige commercial, uniquement parce que l'un de mes accusateurs est un milliardaire proche du pouvoir hong-kongais (...) Je n'ai commis aucun crime. J'en appelle au président Emmanuel Macron", affirmait-il. Je sais que les autorités françaises sont à l'écoute. Je veux rentrer chez moi et retrouver mes trois enfants." Dans son communiqué, le ministère des Affaires étrangères a assuré qu'il "continuera de bénéficier de tout le soutien et de l'assistance (du consulat français) à Hong Kong."
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