La grogne sociale prend de l'ampleur au Royaume-Uni.En grève, les syndicats des cheminots réclament notamment des augmentations de salaires à hauteur de la hausse des prix.L'inflation a atteint 9,1 % sur un an en mai, un record en 40 ans.
L'économie du Royaume-Uni souffre et cela ne va pas aller en s'arrangeant. En avril, le taux d'inflation a bondi de 7 à 9 %, avant d'atteindre 9,1 % le mois d'après sur un an, du jamais vu en 40 ans, selon l’Office national des statistiques britannique (ONS). Et la flambée devrait se poursuivre : la Banque d'Angleterre prévoit une hausse des prix de 11 % d'ici à la fin de l'année, alimentant un peu plus la crise du coût de la vie qui touche déjà de plein fouet les ménages les plus modestes.
La plus grosse grève depuis 30 ans
Cette annonce de baisse de pouvoir d'achat intervient alors même que les cheminots et compagnies ferroviaires s'affrontent depuis mardi, dans le plus gros débrayage du secteur depuis 30 ans. La grève, ce jour-là, a été massive : 80 % des trains ont été mis à l'arrêt, les gares sont restées pour la très grande majorité complètement vide. Si les négociations ont depuis repris, le mouvement se poursuivra jusqu'à ce samedi, a prévenu le syndicat des transports RMT, qui appelle à des hausses salariales en phase avec l'inflation britannique.
All quiet on the western front. Deserted train tracks at Plymouth station pic.twitter.com/EZQsJ3yUsw — Sam Blackledge (@samblackledge) June 21, 2022
Mais le pays de Boris Johnson n'est pas au bout de ses peines, préviennent les économistes. Selon leurs dernières analyses, "le mercure monte encore et la fin de ces hausses de prix enfiévrées n'est pas encore en vue", commente Susannah Streeter, analyste de Hargreaves Lansdown, relayée par l'AFP. La semaine dernière, la Banque d'Angleterre (BoE) a ainsi permis une cinquième augmentation consécutive de son taux directeur pour tenter de calmer ces hausses de prix qui se poursuivent.
En avril, le Produit intérieur brut (PIB) du Royaume-Uni avait baissé pour le deuxième mois consécutif (-0,3 %). Le même mois, les salaires en termes réels, c'est-à-dire ajustés après les hausses de prix, avaient également chuté à leur rythme le plus rapide depuis plus d'une décennie. Ce mercredi, une étude délivrée par le centre de réflexion Resolution Foundation, n'est pas plus optimiste : elle révèle que le Brexit pèsera à long terme sur le pouvoir d'achat des Britanniques.
Du côté du gouvernement, qui s'est réuni mardi, on tente de calmer la grogne. "Je sais que les gens s'inquiètent de la hausse du coût de la vie, c'est pourquoi nous avons pris des mesures ciblées pour aider les familles", a fait valoir le ministre des Finances, Rishi Sunak, portant à 37 milliards de livres le montant total des aides pour les Britanniques en 2022.
Mais pas sûr que cela suffise, le mécontentement couve dans de nombreux secteurs d'activité. La grève des cheminots pourrait s'étendre à l'enseignement, la santé ou encore la poste. La semaine dernière, le magazine satirique "Private Eye" s'en est d'ailleurs amusé, en prédisant une "grande dépression" sur tout le Royaume-Uni, sur fond de tensions avec Bruxelles.
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