L'ARMÉE AU POUVOIR - Deux semaines après le coup d'État, les militaires poursuivent la répression des manifestants qui protestent contre ce putsch ayant renversé Aung San Suu Kyi.
Escalade de violences en Birmanie. Les forces de l'ordre ont tiré sur des manifestants dimanche tandis que des militaires se déployaient et qu'internet était presque totalement coupé, faisant craindre une répression imminente du mouvement de protestation contre le coup d'État.
Des chars ont été aperçus à Rangoun, la capitale économique. Des déploiements de soldats ont été constatés dans d'autres villes, d'après des images diffusées sur les réseaux sociaux. Les télécommunications étaient de nouveau très perturbées avec "une coupure internet quasi-générale" dans l'ensemble du pays, selon l'ONG Netblocks.
Des manifestants ont commencé à descendre de nouveau dans les rues lundi matin malgré tout et plusieurs centaines d'ingénieurs et d'étudiants étaient rassemblés dans le nord de Rangoun.
Plusieurs personnes blessées dont des journalistes
A Myitkyina (nord), plusieurs personnes ont été blessées quand les forces de l'ordre ont tiré pour disperser des manifestants, d'après une journaliste locale. "Ils ont lancé du gaz lacrymogène, puis ont tiré", a-t-elle déclaré, sans pouvoir préciser si des balles réelles ou des munitions en caoutchouc avaient été utilisées. Cinq journalistes ont été interpellés, d'après un média local.
Réagissant à cette escalade de la répression, les ambassadeurs en Birmanie des États-Unis, du Canada et de plusieurs pays de l'Union européenne ont exhorté l'armée à "ne pas recourir à la violence", dans une déclaration commune. Les chefs de la junte seront "tenus pour responsables", a tweeté Tom Andrews, rapporteur spécial des Nations unies pour la Birmanie. "C'est comme s'ils avaient déclaré la guerre au peuple birman".
Le putsch du 1er février a renversé le gouvernement d'Aung San Suu Kyi et mis fin à une fragile transition démocratique de 10 ans. La peur des représailles est dans tous les esprits dans le pays, où les soulèvements populaires de 1988 et 2007 ont été réprimés dans le sang par les militaires.
Les manifestations se poursuivent dans le pays
Malgré cela, la mobilisation contre le coup d'État ne faiblit pas avec de nombreux fonctionnaires (enseignants, médecins, employés de chemin de fer...) en grève. Dimanche, pour le neuvième jour consécutif, les Birmans sont descendus par dizaines de milliers dans les rues. A Rangoun, ils se sont réunis près de la célèbre pagode Shwedagon pour réclamer la libération d'Aung San Suu Kyi, tenue au secret depuis son arrestation.
Près de la gare centrale, des habitants ont bloqué une rue à l'aide de troncs d'arbres pour empêcher la police de pénétrer dans le quartier. Ils ont ensuite reconduit des policiers qui cherchaient des employés des chemins de fer grévistes afin de les forcer à reprendre le travail. A Dawei (sud), sept policiers ont annoncé faire défection. Des cas similaires ont été rapportés ces derniers jours.
400 arrestations depuis le début du coup d'État
L'armée a de son côté diffusé une liste de sept militants parmi les plus renommés de Birmanie, qu'elle recherche activement pour avoir encouragé les manifestations."Si vous trouvez ces fugitifs (...) ou si vous avez des informations à leur sujet, signalez-vous au poste de police le plus proche", a-t-elle écrit dans un communiqué, menaçant "ceux qui les hébergent" de représailles.
Responsables politiques, militants, journalistes, médecins, étudiants : quelque 400 personnes ont été arrêtées depuis le putsch. Sur la liste des sept "fugitifs", figure Min Ko Naing, un leader du mouvement étudiant de 1988, qui a déjà passé plus de 10 ans en prison. "Ils arrêtent les gens la nuit, nous devons être prudents. Ils pourraient sévir avec force", a-t-il déclaré sur Facebook quelques heures avant l'émission de son mandat d'arrêt.

De nouveaux pouvoirs accordés aux forces de l'ordre
Le chef de la junte, Min Aung Hlaing, a doté samedi les forces de l'ordre de pouvoirs d'exception. Elles peuvent procéder à des perquisitions sans mandat ou placer en détention des personnes pour une courte période sans l'autorisation d'un juge. En réaction aux arrestations, des comités de vigilance citoyenne ont vu spontanément le jour : des habitants sont chargés de surveiller leur voisinage en cas d'opérations menées par les autorités pour arrêter des opposants.
"Nous ne faisons confiance à personne pour le moment, en particulier pas à ceux qui portent des uniformes", a déclaré Myo Ko Ko, membre d'une patrouille de rue dans un quartier du centre de Rangoun. Certains Birmans craignent aussi que la libération massive cette semaine de plus de 23.000 prisonniers par l'armée n'ait été orchestrée pour semer le trouble en relâchant des individus peu recommandables, tout en faisant de la place dans les prisons pour les détenus politiques.
Aung San Suu Kyi toujours assignée à résidence
La situation a fait l'objet de nombreuses condamnations internationales, Washington détaillant une série de sanctions à l'encontre de plusieurs généraux. Ces derniers contestent la régularité des élections de novembre, massivement remportées par la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti d'Aung San Suu Kyi. Ils affirment avoir pris le pouvoir en respectant la Constitution et ont ordonné aux journalistes d'arrêter de parler de "coup d'État".
Inculpée pour avoir importé illégalement des talkie-walkies, Aung San Suu Kyi est assignée à résidence à Naypyidaw, la capitale administrative, et est en bonne santé, d'après son parti. Sa détention provisoire doit normalement expirer lundi. Son avocat, Khin Maung Zaw, n'a pas pu être joint pour commenter ce qui allait se passer.
La Birmanie a déjà vécu près de 50 ans sous le joug des militaires depuis son indépendance en 1948.
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