Iran : qui sont les ressortissants français retenus par Téhéran ?

Aurélie Loek avec AFP
Publié le 13 novembre 2022 à 12h43

Source : JT 20h WE

La ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a annoncé samedi que deux Français de plus étaient retenus en Iran.
Cela porte à sept le nombre de personnes détenues par Téhéran depuis 2019.
Une situation dénoncée par Paris, qui accuse la République islamique de "chantage".

La liste ne cesse de s'allonger. Samedi, dans un entretien au Parisien, la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna a annoncé qu'en plus des cinq Français ou binationaux déjà retenus contre leur gré en Iran, Téhéran détenait deux autres ressortissants. Retour sur ce que l'on sait de ces sept détenus.

Des accusations iraniennes rejetées par les proches des détenus

Figure d'abord la chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah, arrêtée en juin 2019, aux côtés de son compagnon, l'africaniste Roland Marchal, venu la rejoindre pour une visite privée. Dix mois plus tard, ce dernier est libéré et rentre en France tandis que Fariba Adelkhah est condamnée à cinq ans de prison pour atteinte à la sécurité nationale, accusations que les proches de la chercheuse ont toujours contestées. Après avoir été un temps assignée à résidence, son comité de soutien a annoncé le 12 janvier 2022 que la chercheuse a été réincarcérée dans la prison d'Evine.

Benjamin Brière, a lui été arrêté en mai 2020 et condamné plus d'un an plus tard à huit ans et huit mois d'emprisonnement pour "espionnage" pour "des photographies de zones interdites" prises avec un drone de loisir dans un parc naturel en Iran. Sa sœur, Blandine, le présente surtout comme "un touriste français lambda pris au piège" d'une affaire aux enjeux politiques.

Le Français Benjamin Brière, détenu en Iran, et jugé pour « espionnage » et « propagande contre le système »Source : TF1 Info

Deux syndicalistes, Cécile Kohler, responsable du syndicat d'enseignants Fnec FP-FO, et son conjoint Jacques Paris, ont été arrêtés en mai dernier, à un moment où l'Iran était le théâtre de manifestations d'enseignants qui réclamaient des réformes pour une revalorisation de leurs salaires et appelaient à la libération de collègues arrêtés lors de précédentes mobilisations. Une source syndicaliste française avait néanmoins précisé qu'ils s'étaient rendus pour faire du tourisme en Iran, pendant les vacances de Pâques.

Début octobre, l'Iran a diffusé une vidéo présentée comme des "aveux" des deux Français. Dans celle-ci, ils affirment être des agents du renseignement français. Une "mise en scène indigne", a dénoncé Paris, qui a évoqué pour la première fois des "otages d'État".

Trois détenus dont l'identité n'a pas été confirmée

Le Quai d'Orsay n'a par ailleurs pas confirmé l'identité des trois autres détenus. Avant l'annonce de la ministre de deux Français détenus supplémentaires, le quotidien français Le Figaro en avait déjà fait état, expliquant qu'ils seraient emprisonnés depuis plusieurs mois, donc avant le démarrage des manifestations qui ébranlent le régime iranien depuis le 16 septembre suite à la mort de Mahsa Amini.

De son côté, l'Iran avait annoncé mi-juin avoir arrêté un militant marxiste présumé lié aux deux syndicalistes français, affirmant que "sa mission était d'inciter à la sédition et à l'agitation dans le milieu ouvrier". Au début des contestations qui secoue actuellement le pays, Téhéran a également déclaré avoir arrêté neuf étrangers, dont un Français.

L'Iran retient plus d'une douzaine de détenteurs de passeports occidentaux, pour la plupart des binationaux, ce que des ONG condamnent comme une politique de prise d'otages destinée à obtenir des concessions des puissances étrangères. Au cours des dernières années, la République islamique a procédé à plusieurs échanges de détenus avec des pays étrangers. 

Suite aux contestations liées à la mort de Mahsa Amini, le Quai d'Orsay a appelé les Français de passage en Iran à "quitter le pays dans les plus brefs délais compte tenu des risques de détention arbitraire auxquels ils s'exposent". "Il est plus important que jamais de rappeler à l'Iran ses obligations internationales. Si son objectif était de faire du chantage, ça ne doit pas fonctionner. C'est la mauvaise façon de s'y prendre avec la France", a, de son côté, dénoncé la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna.


Aurélie Loek avec AFP

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