Israël : le "gavage" des prisonniers ne passe pas

Publié le 30 juin 2014 à 19h33
Israël : le "gavage" des prisonniers ne passe pas

PROCHE-ORIENT – Le parlement israélien s'apprête à voter un projet de loi controversé qui autorise la nutrition forcée des détenus qui mènent une grève de la faim. Une mesure qui suscite la controverse dans l'Etat hébreu, notamment dans le monde médical.

La levée de boucliers du monde médical n'aura pas suffi. La Knesset, le Parlement Israélien, s'apprête à adopter lundi soir un projet de loi très controversé dans le pays. Le texte prévoit en effet d'autoriser la nutrition forcée de prisonniers en grève de la faim. Ce n'est pas un hasard du calendrier : cette loi est discutée depuis un mois, période durant laquelle l'Etat hébreu a subi une pression croissante de la part d'une centaine de prisonniers palestiniens.

Durant deux mois, et jusqu’au 25 juin dernier, ces derniers ont en effet mené une grève de la faim pour protester contre leur statut de "prisonniers administratifs" : une disposition qui permet à l'Etat hébreu de garder des détenus derrière les barreaux sans les juger ni les inculper formellement, grâce à des mandats spéciaux et renouvelables tous les six mois. La plupart de ces prisonniers avaient été arrêtés dans le cadre de l'enquête sur l'enlèvement, le 12 juin, de trois jeunes Israéliens en Cisjordanie occupée.

"Des tuyaux dans le nez"

Le texte avait en fait vu le jour en 2012, après une autre grève de la faim, très médiatisée elle aussi, et qui avait touchée cette fois pas moins de 2.000 détenus. Selon la première mouture du projet de loi, que s'est procurée Amnesty international, "les directeurs des services pénitenciers pourront se voir autoriser de procéder à l'alimentation de force s'ils reçoivent la permission par un tribunal de district", nous détaille Martine Brizemur, responsable pour l'ONG de la coordination Israël-Territoires palestiniens occupés pour l'ONG. En clair : la justice se prononcera au cas par cas. Si l'autorisation est donnée, des médecins pourront alors alimenter de force des détenus dont la vie est en danger.

Une méthode "déjà éprouvée à Guantanamo", nous rappelle la responsable d 'Amnesty International France. "Cela se fait généralement avec des tuyaux dans le nez des détenus, et cela a été considéré comme une forme de torture par l'Onu", précise-t-elle. Vent debout contre cette possibilité, le monde médical en Israël, soutenu par les députés de gauche, a bien tenté de bloquer le projet de loi. En vain. En première ligne, l'association Médicale d'Israël a rappelé qu'un tel acte allait à l'encontre de l'éthique médicale. "Même si une loi passe nous obligeant à le faire, les médecins doivent refuser. Dans des régimes sombres, les médecins ont appliqué la loi qui contrevenait à l’éthique et cela a conduit aux pires moments de l’histoire", a déclaré son président, le docteur Leonid Edelman, dans une interview au quotidien local Haaretz le 11 juin. Au final, et même si la loi passe, ce sont donc non seulement les détenus mais aussi les médecins qu'il faudra contraindre.


La rédaction de TF1info

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