Italie : le risque de chute du pont de Gênes était connu huit ans avant son effondrement

par E.R. avec AFP
Publié le 23 mai 2023 à 23h29

Source : Sujet TF1 Info

Le 14 août 2018, le pont autoroutier Morandi s'est écroulé, emportant avec lui des dizaines de véhicules.
Le drame a fait 43 morts.
Un ancien responsable a reconnu que le risque de chute était connu depuis 2010.

"Je n'ai rien fait et c'est mon grand regret". Près de cinq ans après l'effondrement du pont de Gênes qui a fait 43 morts, un ancien directeur général de la holding de la famille Benetton, Edizione, a reconnu ce lundi que dès 2010, soit huit ans avant le drame, le groupe savait qu'il y avait un risque de chute. 

"Il s'est avéré que le pont présentait un défaut de conception originel, suscitant la perplexité des techniciens quant à sa capacité à rester debout", a admis Gianni Mion, entendu comme témoin pendant le procès sur ce drame qui se déroule au tribunal de Gênes, dans le nord de l'Italie. "J'ai demandé s'il y avait quelqu'un pour certifier la sécurité et on m'a répondu 'nous le certifierons nous-mêmes'", a-t-il ajouté, évoquant une réunion des dirigeants de la société Autostrade per l'Italia (Aspi), alors propriété des Benetton.

Une inaction "inacceptable" pour les proches des victimes

L'ancien directeur général assure désormais "regretter" de ne pas avoir agi. "Personne ne pensait que le pont allait s'effondrer et on nous a rassurés. Je n'ai rien dit, mais j'étais inquiet. Je n'ai rien fait et c'est mon grand regret", a-t-il encore déclaré. Le 14 août 2018, sous une pluie battante, le pont autoroutier Morandi, un axe essentiel pour les trajets locaux et le trafic entre l'Italie et la France, s'est écroulé, précipitant dans le vide des dizaines de véhicules et leurs passagers.

Après le témoignage de Gianni Mion, la présidente du Comité des proches des victimes de la chute, a estimé qu'il était "inacceptable" qu'il n'ait rien dit. "Nous espérons seulement que quelqu'un paiera et donnera l'exemple pour qu'il n'y ait plus de situations comme celle-ci en Italie", a-t-elle ajouté.

Des coefficients de risque "inférieurs à l'état réel" du pont

Roberto Tomasi, directeur général d'Autostrade depuis 2019 et cadre de la société depuis 2015, a de son côté reconnu que "les coefficients de risque attribués à certains ouvrages étaient nettement inférieurs à l'état réel de l'infrastructure elle-même". Évoquant le rôle de la société d'ingénierie Spea, chargée de la maintenance, il a assuré que "le comportement de certains de ses employés était inacceptable. Nous ne l'avons pas jugée fiable", a-t-il déclaré.

Si de nombreux anciens dirigeants se retrouvent sur le banc des accusés, les sociétés Autostrade et Spea ont échappé au procès grâce à un accord à l'amiable conclu avec le parquet, prévoyant le paiement de 29 millions d'euros à l'État. 


E.R. avec AFP

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