Italie : aux portes du pouvoir, une extrême droite divisée sur les sanctions contre Moscou

Justine Briquet-Moreno
Publié le 24 septembre 2022 à 13h48, mis à jour le 25 septembre 2022 à 9h04
Italie : aux portes du pouvoir, une extrême droite divisée sur les sanctions contre Moscou
Source : MARCO BERTORELLO / AFP

L'extrême droite est aux portes du pouvoir en Italie.
Giorgia Meloni pourrait devenir, dimanche, Première ministre.
Mais en pleine guerre en Ukraine, les sanctions occidentales contre la Russie divisent son camp.

Elle pourrait devenir la première dirigeante d'un parti post-fasciste à conduire le gouvernement d'un pays fondateur de l'Europe communautaire. Giorgia Meloni et l'extrême droite pourraient remporter, ce dimanche 25 septembre, des élections législatives cruciales pour l'Italie. Derrière les couleurs de son parti Fratelli d'Italia, elle unit notamment la Ligue de Matteo Salvini et le mouvement Forza Italia de Silvio Berlusconi. Une coalition qui apparaît de plus en plus divisée sur la question sensible des sanctions contre Moscou.

"Les sanctions [contre la Russie] fonctionnent-elles ? Non", a tranché Matteo Salvini sur Twitter, samedi 3 septembre. Grand admirateur de Vladimir Poutine, le chef de la Ligue multiplie les attaques contre les mesures prises à l'encontre de la Russie par l'Europe depuis le début la guerre en Ukraine. "De toute évidence, quelqu'un en Europe fait un mauvais calcul : il est essentiel de repenser la stratégie pour sauver les emplois et les entreprises en Italie", a-t-il lancé.

 Un jour plus tard, lors d’un débat dans le cadre du Forum Ambrosetti, à Cernobbio (Italie du Nord), Matteo Salvini est revenu à la charge à l'occasion d'un discours certes plus nuancé, mais qui n'a pas manqué d'embarrasser Giorgia Meloni, son alliée et rivale. "Si nous voulons aller de l’avant avec les sanctions, faisons-le, nous voulons protéger l’Ukraine, mais je ne voudrais pas qu’au lieu de nuire aux sanctionnés, nous nuisions à nous-mêmes." À ces mots, Giorgia Meloni a préféré baisser la tête. Une scène qui témoigne de la division qui règne au sein de l'alliance sur le sujet alors que l'ancien chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, a créé la polémique en déclarant que Vladimir Poutine avait été "poussé" par sa population à envahir l'Ukraine, avant de rétropédaler.

La position europhile de Giorgia Meloni contraste avec ses positions passées

Depuis le début de la guerre, la dirigeante du parti d'extrême-droite Fratelli d'Italia tente de nuancer ses positions eurosceptiques en exprimant son soutien aux sanctions européennes contre la Russie. "Si l’Italie lâche ses alliés, pour l’Ukraine rien ne change, pour nous beaucoup. Une nation sérieuse qui veut défendre ses intérêts doit avoir une posture crédible", a-t-elle déclaré, juste avant que le leader de La Ligue ne prenne la parole. 

Celle qui qualifiait Mussolini de "bon politicien" en 1996 est décrite par l'ancien ministre Maurizio Lupi comme "clairement occidentale, pro-européenne et atlantiste". En 2018 pourtant, quatre ans après l’annexion russe de la Crimée, Giorgia Meloni critiquait les sanctions de l’Europe, dénonçant un "chantage" de la part de Bruxelles. Si Giorgia Meloni passe les portes du pouvoir lors du scrutin unique de dimanche, l'Italie deviendrait, après la Suède, le second membre de l'UE à voter en faveur d'un gouvernement de coalition incluant l'extrême droite. 


Justine Briquet-Moreno

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