Après sa victoire aux législatives le 25 septembre, Giorgia Meloni a été nommée Première ministre par le président de la République Sergio Mattarella ce vendredi.Elle doit désormais présenter son gouvernement.Cette ancienne admiratrice de Mussolini devient la première femme élue présidente du Conseil.
Une post-fasciste prend le pouvoir. Ce vendredi 21 octobre, Giorgia Meloni, qui a pu "dédiaboliser" son parti Fratelli d'Italia pour parvenir au pouvoir exactement un siècle après Mussolini, est devenue la première femme à être nommée Première ministre et doit désormais former un gouvernement. Au moment où la troisième économie de la zone euro affronte, comme ses voisins, une situation économique difficile due à la crise énergétique et à l'inflation, sa tâche s'annonce ardue, d'autant qu'elle devra veiller à l'unité de sa coalition, qui montre déjà des fissures.
Salvini et Berlusconi, alliés de la Première ministre aux législatives, renâclent à accepter l'autorité de Giorgia Meloni dont le parti a remporté 26% des voix aux élections du 25 septembre, contre seulement 8% pour Forza Italia et 9% pour la Ligue. Avant même sa nomination, les médias de la péninsule se sont fait l'écho des multiples passes d'armes entre les trois dirigeants sur la répartition des postes au Parlement et au sein du futur gouvernement. En ce jour de nomination, TF1info dresse le portrait d'une femme politique à l'ascension fulgurante.
Députée à 29 ans, ministre à 31
Militante à droite dès sa période universitaire, journaliste de formation, la jeune Romaine s'engage très tôt aux côtés de Gianfranco Fini, dirigeant de l'Alliance nationale, qui avait elle-même succédé au MSI, ouvertement néo-fasciste. Députée à 29 ans, elle deviendra ministre deux ans plus tard, en 2008, dans un gouvernement dirigé par Silvio Berlusconi- un record de précocité dans le pays. Elle crée Fratelli d'Italia en 2012, peu après la chute dudit gouvernement, et en prend la présidence en 2014.
Si le parti prend désormais ses distances avec la rhétorique fasciste, Giorgia Meloni s'affirme néanmoins sans ambages anti-immigration, anti-islam, anti-avortement et anti-mariage gay.
Épargnée par les crises gouvernementales
Depuis lors, Giorgia Meloni a réussi à se faire une place dans l'offre politique de la droite ultra-conservatrice, et n'a cessé de monter dans les sondages, pour finalement faire jeu égal puis dépasser ses alliés, épargnée par les crises successives de coalitions auxquelles elle n'a pas participé.
Au passage, elle réussit pourtant à se placer sur la carte des droites populistes européennes, quelque part entre le Hongrois Viktor Orban, et la Française Marion Maréchal. Comme cette dernière, elle a d'ailleurs été invité à Washington au Congrès des Conservateurs américains (CPAC) en 2019, puis a participé dans la foulée à un évènement en présence de Donald Trump. L'ancien conseiller de celui-ci, Steve Bannon, la qualifie d'ailleurs de "visage rationnel du populisme de droite".
Fan de Poutine... mais critique de l'invasion de l'Ukraine
Au cours d'une de ses dernières sorties publiques cet été, lors d'un meeting du parti d'extrême-droite espagnol Vox, Giorgia Meloni a notamment fustigé "le lobby LGBT", les violences djihadistes, la bureaucratie européenne et l'immigration de masse. Paradoxalement, et au contraire de plusieurs de ses alliés européens, elle écarte toute idée de sortie de l'Union européenne, même si elle ne se prive pas de critiquer Bruxelles.
Elle se retrouve même en position atlantiste à propos de l'invasion de l'Ukraine, qu'elle a très vite condamnée, alors qu'elle avait affiché jusqu'ici son admiration pour Vladimir Poutine. Une position qu'elle a réaffirmé jeudi 20 octobre en critiquant vivement son allié Silvio Berlusconi après ses déclarations pro-Poutine, qui a affirmé avoir "renoué" avec Vladimir Poutine et a imputé à Kiev la responsabilité de l'invasion de l'Ukraine. Giorgia Meloni a réagi fermement aux propos de son allié : l'Italie fait "pleinement partie, et la tête haute," de l'Europe et de l'Alliance atlantique et les personnes ne partageant pas cette position "ne pourront pas faire partie du gouvernement, même si le prix à payer est de ne pas avoir de gouvernement du tout".