Venise : ce que l'on sait sur l'accident d'un bus qui a fait au moins 21 morts

par M.L (avec AFP)
Publié le 4 octobre 2023 à 7h27, mis à jour le 4 octobre 2023 à 15h59

Source : TF1 Info

Un accident de bus a fait au moins 21 morts et une vingtaine de blessés mardi soir à Venise.
Le véhicule transportait des touristes, dont des Ukrainiens, des Français et des Allemands, quand il est tombé d'un pont et a pris feu.
Un ressortissant français a été blessé dans le drame, d'après les autorités locales.
Les opérations de secours ont pris fin tôt ce mercredi matin, selon la presse italienne.

Venise se réveille encore sous le choc ce mercredi matin, après un violent accident de car. Au moins 21 personnes sont mortes et une vingtaine d'autres ont été blessées mardi 3 octobre au soir lorsqu'un bus transportant des touristes, dont des Ukrainiens, des Français et des Allemands, est tombé d'un pont et a pris feu, selon les autorités de cette ville mondialement connue du nord-est de l'Italie. Selon le préfet de la ville, "cinq Ukrainiens, un Italien qui est le chauffeur, un Allemand" figurent parmi les victimes. Par ailleurs, un Français compte parmi les blessés, une information confirmée par des sources au sein du Quai d'Orsay selon un média italien.

L'accident s'est déroulé entre Mestre et Marghera, deux localités sur la terre ferme faisant partie de la commune de Venise et donnant sur sa célèbre lagune. "Une tragédie aux proportions énormes", a déploré le gouverneur de la région, tandis que le maire a décrit sur Facebook "une scène apocalyptique", déclarant sa ville "en deuil". Les drapeaux des bâtiments officiels étaient en berne ce mercredi à Venise.

Qui sont les victimes ?

"Une tragédie a frappé ce soir notre communauté", faisant "de nombreuses victimes parmi les personnes présentes à bord du bus qui est tombé" d'un pont près de Mestre, avait annoncé Luigi Brugnaro dans la soirée. Le bilan n'a pas évolué dans la nuit : 21 personnes ont péri, dont un enfant d'un an et un adolescent, et 15 ont été blessées, dont cinq sont dans un état grave, a confirmé à la mi-journée le préfet de Venise Michele di Bari lors d'une conférence de presse.

Le gouverneur de Vénétie Luca Zaia avait d'abord souligné qu'un Allemand, un Croate et un Français se trouvaient parmi les morts, selon l'AFP. De son côté, le préfet de Venise Michele di Bari a indiqué que parmi les victimes "figurent cinq Ukrainiens, un Italien qui est le chauffeur, un Allemand", ne confirmant pas la mort d'un Croate et d'un Français. Paris n'a pour l'heure rien annoncé à ce sujet. "Nous sommes en contact avec les autorités italiennes pour identifier d'éventuelles victimes françaises", avait seulement précisé dans la nuit sur X la cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna. 

Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a par ailleurs indiqué à l'AFP que quatre Ukrainiens avaient été tués et quatre autres blessés. Ce mercredi, les enquêteurs cherchent toujours à identifier les victimes qui ne portaient pas sur elles de documents d'identité, notamment en effectuant des recoupements avec les registres du camping où elles séjournaient. 

Du côté des blessés, "qui sont au nombre de 15, il y a quatre Ukrainiens, un Allemand, un Français, un Croate, deux Espagnols et deux Autrichiens", a détaillé Michele di Bari, précisant que "quatre doivent encore être identifiés". "Notre consulat général de France à Milan est en contact étroit avec une victime française blessée dans l'accident et sa famille afin de leur apporter tout le soutien nécessaire", ont indiqué des sources au sein du ministère français des Affaires étrangères, selon la chaîne italienne Sky TG24. Par ailleurs, d'après l'agence de presse autrichienne APA, les deux blessés autrichiens sont des mineurs, un garçon de 13 ans et sa sœur de trois ans. "Les blessés sont tous jeunes (...) et tous étrangers. Leurs proches arrivent peu à peu à l'hôpital de leurs pays d'origine", a témoigné auprès de l'AFP une urgentiste, Federica Stella, qui a participé aux secours.

Que s'est-il passé ?

L'accident s'est produit peu après 19h30 locales. Le bus, un modèle de marque chinoise E12 Yutong tout électrique, effectuait une navette entre le centre historique de Venise et le camping "Hu", à Marghera, situé sur la terre ferme pour le compte de la société publique des transports de Venise (ACTV). Ce qui explique que "les victimes et blessés sont de plusieurs nationalités, pas seulement italiennes", selon Luca Zaia. Il s'agissait selon lui d'un "bus électrique de 2022". Il transportait une quarantaine de touristes italiens et étrangers au moment du drame, qui venaient de visiter le centre historique de la Sérénissime sur la lagune et retournaient dans leur camping. 

Le bus "a pris feu" après être tombé d'un pont enjambant une voie ferrée entre Mestre et Marghera, ont indiqué les pompiers de Venise. D'après le journal italien Il Corriere della Sera, le véhicule est sorti de sa voie de circulation sur le pont, a défoncé le rail de sécurité et est tombé d'une hauteur d'une dizaine de mètres près des voies ferrées situées en contrebas. "Le bus s'est retourné. L'impact a été terrible parce qu'il a fait une chute de plus de 10 mètres", a expliqué le chef des pompiers vénitiens. 

Les interventions des secours ont été particulièrement délicates à réaliser, et les sauveteurs ont passé des heures à extraire les victimes de la carcasse du bus. Le chef des pompiers vénitiens Mauro Luongo a expliqué aux journalistes sur place que "parmi les difficultés rencontrées figurait le fait que le bus était électrique et avait donc des batteries. Malheureusement, elles ont pris feu au moment de l'impact". D'après Il Corriere della Sera, les opérations de secours ont pris fin à l'aube ce mercredi matin et le bus a pu être retiré, permettant à la circulation de reprendre.

Quelles sont les causes de l'accident ?

Le préfet de Venise a ouvert une enquête pour éclaircir les circonstances du drame. Selon les premiers éléments des investigations, "il n'y a aucun signe de freinage, ni de contact avec d'autres véhicules", a déclaré le procureur général de Venise Bruno Cherchi lors d'une conférence de presse à la mi-journée, cité par Sky TG24. Selon lui, l'incendie ne s'était pas déclaré avant la chute mais "une fuite de gaz provenant des batteries au lithium" du véhicule a eu lieu "et nous sommes en train d'enquêter à ce sujet", a-t-il précisé, ajoutant qu'aucun suspect n'était pour l'heure identifié. Par ailleurs, une vidéo prise d'une caméra du réseau public de télésurveillance semble écarter la piste d'un excès de vitesse, le bus roulant normalement avant de chuter.

Si les causes de l'accident sont encore inconnues, une piste se dégage toutefois. Le vice-Premier ministre Matteo Salvini, également ministre des Transports, a évoqué sur la chaîne Rete4 "l'hypothèse d'un malaise du chauffeur", une théorie reprise par le gouverneur de Vénétie : "Tout indique qu'il s'agirait d'un malaise, mais il est prudent de ne pas avancer d'hypothèses pour le moment", a-t-il déclaré. "D'après les premiers relevés, il n'y a aucun signe de freinage", a corroboré le commandant de la police municipale de Venise, Marco Agostini, cité par l'agence Ansa, avançant lui aussi un possible "malaise du chauffeur".

Le conducteur, Alberto Rizzotto, un Italien âgé de 40 ans, figure parmi les victimes de l'accident. Le directeur général de la compagnie de bus qui possédait le véhicule, La Linea, a assuré au Il Corriere della Sera qu'il s'agissait d'un "bon chauffeur", qui avait rejoint l'entreprise "depuis cinq ou six ans". Selon lui, le quadragénaire avait commencé ce jour-là son service une heure et demie avant l'accident. Quant au bus, il était "neuf, même pas un an", a indiqué Massimo Fiorese. 

La tragédie relance aussi la polémique sur l'état souvent déplorable des infrastructures en Italie. "C'est une tragédie annoncée", a déclaré à l'AFP Domenico Musicco, président de l'Association des victimes d'accidents de la route au travail, affirmant que le rail de sécurité de la route était "fait pour une route de campagne". "L'entretien des routes italiennes est médiocre. On investit trop peu dans la sécurité routière. On estime à 30% le nombre d’accidents dû à cela", a-t-il insisté. L'Asaps, une autre association de sécurité routière italienne, a aussi estimé que le rail était "trop bas pour contenir un véhicule de ce poids", selon la presse italienne. "Le rail ressemble à une simple balustrade", a renchéri le président de la société de bus La Linea. "La glissière de sécurité n'a rien à voir avec l'accident", a rétorqué de son côté Matteo Salvini, ajoutant qu'il était "trop tôt pour faire des commentaires" sur le déroulé de l'accident, selon l'agence Ansa

Comment a réagi la communauté internationale ?

La cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, a aussitôt exprimé "ses profondes condoléances". "Je suis en contact avec le maire Luigi Brugnaro et le ministre (des Transports) Matteo Salvini pour suivre les nouvelles de cette tragédie", a-t-elle indiqué dans un communiqué. Le Sénat italien a observé mercredi une minute de silence à l'ouverture de ses travaux.

À l'étranger, le président français, Emmanuel Macron, a réagi sur X. "Nos pensées accompagnent ce soir le peuple italien, les familles et les proches des victimes du terrible drame de Venise", a-t-il écrit. "Nos pensées vont aux victimes de ce tragique accident de bus et à leurs proches. Nous nous tenons aux côtés des victimes et de leurs familles dans cette épreuve", a abondé sur le réseau la Première ministre Elisabeth Borne. "J'adresse mes condoléances attristées aux familles de toutes les victimes et à leurs proches", a également écrit la cheffe de la diplomatie Catherine Colonna, déplorant un "terrible drame"

De son côté, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a fait part, en italien, de ses "sincères condoléances aux familles des victimes et aux blessés", tandis que le président du Conseil européen, Charles Michel, s'est dit, lui aussi en italien, "profondément affligé par le terrible accident". La cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock s'est dite de son côté "profondément attristée".

Le plus grave accident de ce genre en Italie à ce jour s'était produit le 28 juillet 2013. Un autocar transportant une cinquantaine de passagers, tous originaires de la province de Naples et de retour d'une excursion de trois jours, était tombé d'un viaduc d'une trentaine de mètres près d'Avellino, à une cinquantaine de kilomètres à l'est de Naples. Au total, 38 personnes étaient mortes sur le coup, deux étaient décédées des suites de leurs blessures. L'Italie reste aussi traumatisée par l'effondrement du pont routier de Gênes en 2018, qui avait fait 43 morts.


M.L (avec AFP)

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