États-Unis : Facebook a transmis à la police les messages d'une adolescente accusée d'avortement illégal

par Sébastie MASTRANDREAS
Publié le 10 août 2022 à 13h18

Source : JT 20h WE

Facebook a transmis à la police du Nebraska les messages entre une mère et sa fille de 17 ans, accusée d'avortement illégal.
L'affaire fait scandale, alors que plusieurs États américains durcissent l'accès à l'avortement.
Les défenseurs du droit à l'avortement s'inquiètent du stockage des données des utilisateurs par les géants du numérique.

Facebook est sous le feu des critiques. Le réseau social a remis les messages écrits sur sa plateforme entre une mère et sa fille à la police du Nebraska, aux États-Unis. L'entreprise du groupe Meta avait reçu un mandat dans le cadre d'une enquête sur un avortement illégal. L'adolescente de 17 ans est accusée d'avoir avorté à 24 semaines de grossesse - quatre semaines après la date légale - avec l'aide de sa mère, puis d'avoir brûlé et enterré le fœtus, rapportent plusieurs médias américains cette semaine. 

Une affaire qui fait grand bruit outre-Atlantique, plus de deux mois après l'annulation de l'arrêt Roe v. Wade, qui garantissait le droit à l'avortement dans la Constitution américaine. Plus précisément, c'est la question de la confidentialité des données des utilisateurs du réseau social qui fait débat. Si Facebook assure avoir répondu à une requête judiciaire sans savoir qu'il était question d'avortement, les défenseurs du droit à l'IVG s'inquiètent que ce cas soit le premier d'une longue série.

Des appels à "supprimer Facebook"

Les mandats reçus par Facebook "concernaient des accusations liées à une enquête criminelle", s'est justifié le réseau social dans un communiqué, mardi soir. "Des documents judiciaires indiquent que la police à l'époque enquêtait sur le cas d'un bébé mort-né qui a été brûlé et enterré, et non sur une décision d'avorter", ajoute la société, qui explique avoir été jusque-là soumise à une obligation de non-divulgation. 

Pour rappel, la plupart des informations des utilisateurs de Facebook sont stockées sur des serveurs accessibles par l'entreprise. Il est néanmoins possible de bénéficier, depuis 2016, d'un cryptage des messages, mais sous certaines conditions (à savoir : utiliser l'application Messenger sur un appareil mobile, et sélectionner une option particulière). 

Une protection des données clairement considérée comme insuffisante pour les défenseurs des droits à l'avortement, qui appellent depuis plusieurs jours les utilisatrices à supprimer leurs comptes Facebook. "Chaque femme devrait supprimer son compte maintenant", écrit ainsi une activiste sur Twitter, inquiète que ce genre de situation ne se reproduise, de plus en plus d'États américains durcissant l'accès à l'avortement. Un message "aimé" et partagé des milliers de fois, accompagné du hashtag "DeleteFacebook".

"Cela va continuer à arriver aux entreprises technologiques qui stockent des quantités importantes de communications et de données", confirme le responsable de groupe de défense des droits numériques Center of Democracy and Technologie auprès de nbcnews. Dans ces conditions, ces entreprises "doivent repenser leurs pratiques en matière de collecte, de stockage et de cryptage des données", a ajouté le spécialiste au média américain.


Sébastie MASTRANDREAS

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