Pourquoi la disparition d'un journaliste saoudien en Turquie embarrasse Donald Trump

par Hamza HIZZIR
Publié le 11 octobre 2018 à 11h19
Pourquoi la disparition d'un journaliste saoudien en Turquie embarrasse Donald Trump

INTERNATIONAL - Donald Trump a réclamé des explications à l'Arabie saoudite sur le sort d'un journaliste saoudien disparu depuis plus d'une semaine à Istanbul. De son côté, le "Washington Post" affirme que les services de renseignement américains avaient intercepté des communications entre responsables saoudiens évoquant son enlèvement.

"Nous sommes très déçus. Nous n'aimons pas ça et nous voulons savoir ce qu'il se passe là-bas." Ainsi a réagi Donald Trump, mercredi sur la chaîne Fox News, à la disparition de Jamal Khashoggi, un journaliste saoudien résidant aux États-Unis très critique du pouvoir en place dans son pays. L’homme, âgé de 34 ans, s’était rendu le 2 octobre dans le consulat saoudien d'Istanbul et n’a plus donné signe de vie depuis. 

Le président américain, mutique à ce sujet jusqu’alors, se trouve dans une position inconfortable, écartelé entre sa volonté de ne pas fâcher l’Arabie saoudite, allié historique des États-Unis, et la loi que viennent d'activer des sénateurs, républicains et démocrates, l’obligeant à rendre des conclusions sur ces faits au Congrès américain d'ici 120 jours. Conclusions qui pourraient le contraindre à sanctionner le régime saoudien.

Liens étroits

En parallèle, le Washington Post affirme, citations (anonymes) à l'appui, que les services de renseignement américains avaient bien connaissance d'un projet saoudien, impliquant le prince héritier Mohammed ben Salmane, consistant à attirer Jamal Khashoggi dans un piège pour l'arrêter. Lequel prince héritier entretient des liens étroits avec de hauts responsables américains, au premier rang desquels Jared Kushner, gendre et conseiller de Donald Trump.

En l’occurrence, cette relation entre Mohammed ben Salmane et Jared Kushner, qui échangent régulièrement au téléphone sur des lignes protégées, pose d’autant plus question que leur dernière conversation date du mercredi 3 octobre, lendemain de la disparition, toujours selon le quotidien américain. En outre, des sources concordantes indiquent que le prince héritier tentait, depuis quatre mois, de faire revenir le journaliste à Riyad, lui faisant miroiter une protection et un poste au gouvernement généreusement rémunéré. En vain.

"Les États-Unis n'avaient pas d'informations à l'avance sur la disparition de Jamal Khashoggi, ou d'éventuelles menaces", a vite démenti, mercredi, un porte-parole du département d'Etat américain, Robert Palladino. Cela vaudrait mieux : la loi impose en effet d’avertir toute personne dont l’intégrité physique serait menacée, quelle que soit sa nationalité.

Personne ne sait encore, du reste, si Jamal Khashoggi a été assassiné, comme le croient les autorités turques, ou s’il a été conduit de force en Arabie saoudite pour y être emprisonné, comme l’ont été ces derniers mois une quinzaine de journalistes et blogueurs locaux. Une certitude : la police turque a révélé qu’un groupe de 15 Saoudiens avait fait l'aller-retour à Istanbul et au consulat le jour de la disparition. Des images de vidéosurveillance montrent aussi qu’un van est entré dans le consulat cet après-midi-là, pour en ressortir et se rendre ensuite au domicile du consul. 


Hamza HIZZIR

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