Japon : le gourou et six disciples de la secte Aum exécutés

par Sébastie MASTRANDREAS
Publié le 6 juillet 2018 à 18h29, mis à jour le 7 juillet 2018 à 9h16
Japon : le gourou et six disciples de la secte Aum exécutés

PEINE DE MORT – Le gourou de la secte Aum, Shoko Asahara, et 6 de ses disciples ont été exécutés par pendaison ce vendredi au Japon. Ils avaient libéré du gaz sarin dans le métro de Tokyo en 1995, causant la mort de 13 personnes et en intoxiquant plus de 6000, le plus grave attentat commis au Japon.

C’était il y a 23 ans, mais ce vendredi les Japonais se remémorent douloureusement le pire attentat de leur histoire. Le 20 mars 1995, des poches de gaz sarin sont percées à l’aide de pointes de parapluies dans les rames bondées du métro tokyoïte, causant la mort de 13 personnes et en intoxiquant 6000. Derrière cette attaque, la secte Aum Vérité Suprême, dirigée par le gourou Shoko Asahara. De son vrai nom Chizuo Matsumoto, ce chef spirituel a "perpétré des crimes durant des années" a expliqué la ministre de la Justice Yoki Kamikawa. Les six autres condamnés ont eux "joué un rôle majeur dans de nombreux délits en suivant les ordres d’Asahara". Ils ont été pendus, 12 ans après leur condamnation en 2006. 

Jusqu'à 10 000 disciples au Japon

Avant l’attaque de Tokyo, la secte avait aussi commis un attentat dans le métro de Matsumoto avec le même procédé. Sept personnes avaient été tuées, et 600 autres blessées. En 1999, la secte Aum, avait reconnu sa responsabilité dans ces attaques et 190 membres avaient été condamnés à diverses sentences. En 2006, La peine est confirmée pour le gourou de l’organisation qui regroupait presque 10 000 membres au Japon. Il est alors condamné à mort avec 12 complices. En tout, la justice attribue à l’organisation la responsabilité de la mort de 29 personnes et 6500 blessés. La Ministre de la Justice explique avoir décidé de signer l’ordre d’exécution de ces sept condamnés estimant que « des actes d’une telle gravité, sans précédent au Japon, ne doivent plus jamais se reproduire ». Les six autres disciples condamnés attendent encore dans le couloir de la mort. 

Au Japon, "celui qui a tué doit être tué"

"Le recours à la peine de mort est une tradition bien ancrée au Japon", déplore auprès de LCI Patrick Baudouin, avocat et président d’honneur de la Fédération internationale de la ligue des droits de l’Homme (FIDH). "C’est très paradoxal et choquant, dans la mesure où ce pays est une démocratie", poursuit-il. "De la même manière qu’aux Etats-Unis, ces pays continuent de pratiquer ce châtiment barbare". L’exécution des sept  membres de la secte Aum porte à 26 le nombre de personnes mises à mort sous le gouvernement actuel, en place depuis 2012, et 124 personnes sont condamnées à mort dans le pays. "Le Japon est insensible aux critiques sur cette question, on a pourtant multiplié les démarches, en vain", regrette l’avocat, ancien président de la FIDH et détaché sur des missions diplomatiques contre la peine de mort au Japon. "Je n’ai vu aucune évolution depuis une trentaine d’années". Même si des associations de défense de droits de l’homme et d’avocats se mobilisent contre cette pratique, celle-ci est ancrée dans les mentalités : "Celui qui a tué doit être tué". Ces associations dénoncent entre autres des conditions d’exécutions " déplorables ". La loi japonaise exige que les peines de mort doivent être exécutées six mois après la condamnation, " dans la pratique, les condamnés peuvent attendre des années avant d’être exécutés ", rajoute l’avocat. "C’est une double peine barbare : maintenir quelqu’un en condamnation, avec une menace d’exécution permanente."


Sébastie MASTRANDREAS

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