Condamné à mort il y a 55 ans, il obtient un nouveau procès

par F.Se
Publié le 13 mars 2023 à 23h04, mis à jour le 13 mars 2023 à 23h42

Source : Sujet TF1 Info

Le plus ancien condamné à mort au monde aura droit à un nouveau procès.
Iwao Hakamada, désormais âgé de 87 ans, avait été condamné à la peine capitale en 1968 pour un quadruple assassinat.
La Haute cour de Tokyo a constaté la faiblesse des accusations, et ouvert la voie à un nouveau procès.

Un tribunal japonais a ordonné ce lundi la révision du procès d'un homme de 87 ans, considéré comme le plus ancien condamné à mort au monde, près de 60 ans après sa condamnation pour meurtre. Les avocats d'Iwao Hakamada sont sortis de la Haute cour de Tokyo à l'issue d'une courte audience, en brandissant des banderoles réclamant un nouveau procès, tandis que ses soutiens criaient : "Libérez Hakamada, maintenant  !". 

"J'ai attendu ce jour pendant 57 ans, et il est arrivé", s'est enthousiasmée la sœur de M. Hakamada, elle-même âgée de 90 ans, "c'est un poids qui a enfin été enlevé de mes épaules". Son frère a passé plus de quatre décennies dans le couloir de la mort après sa condamnation en 1968 à la peine capitale, pour le quadruple assassinat de son patron et de trois membres de la famille de celui-ci. 

Des aveux après des semaines d'interrogatoires

Hakamada avait d'abord avoué le crime, après des semaines d'interrogatoires en détention, avant de se rétracter. Il ne cessait depuis de clamer son innocence, mais sa peine avait été confirmée en 1980. L'ancien boxeur avait finalement été relâché en 2014, un tribunal ayant admis des doutes sur sa culpabilité en se basant sur des tests ADN et ayant décidé de lui offrir un nouveau procès. 

Mais en 2018, nouveau coup de théâtre : la Haute cour de Tokyo a remis en cause la fiabilité des tests ADN et annulé la décision de 2014, sans pour autant renvoyer Hakamada en prison. La Cour suprême japonaise avait ensuite cassé fin 2020 la décision qui l'empêchait d'être de nouveau jugé pour tenter d'obtenir son acquittement.

Le dossier de l'accusation s'appuyait en grande partie sur des vêtements ensanglantés... des pièces à conviction apparues plus d'un an après le crime. Mais l'ADN retrouvé sur les tissus n'était pas celui de Hakamada, comme l'avait démontré la procédure de 2014. En outre, ces vêtements n'étaient même pas à sa taille, et les taches de sang étaient trop récentes pour être liées aux meurtres. Or, comme l'a déclaré ce lundi le président de la Haute cour de Tokyo, "il n'y a pas d'autre preuve que les vêtements permettant d'identifier Hakamada comme l'auteur du crime, et il est clair qu'il existe un doute raisonnable" de sa culpabilité. 

Le Japon est, avec les États-Unis, l'un des derniers pays industrialisés et démocratiques à recourir encore à la peine capitale, à laquelle l'opinion publique nippone est encore largement favorable. Les proches de Hakamada mettent en avant les séquelles psychologiques laissées sur lui par plus de quatre décennies en cellule, à craindre chaque jour son exécution par pendaison. 


F.Se

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