L’ex-Premier ministre Shinzo Abe avait été tué par balles en pleine rue début juillet, alors qu’il était en campagne électorale.Ses funérailles nationales, qui doivent se dérouler ce mardi, sont vivement critiquées au Japon.
Un deuil sous le signe de la colère au Japon. Les funérailles nationales de Shinzo Abe, l'ancien Premier ministre assassiné, font l'objet d'une vive polémique. En cause : diverses polémiques, allant de ses liens avec une secte au coût de la cérémonie.
Des liens avec la secte Moon
Shinzo Abe, qui avait quitté le pouvoir en 2020, a été tué par balles le 8 juillet en plein meeting électoral à Nara (Ouest). Son assassin présumé, Tetsuya Yamagami, interpellé juste après les faits, a expliqué à la police qu'il en voulait pour des raisons personnelles à l'Église de l'Unification, plus connue sous son surnom de "secte Moon", avec laquelle Abe était lié selon lui. Si l'ancien Premier ministre japonais n'était pas membre ou conseiller de cette Église, il faisait partie de personnalités politiques du monde entier conviées à des conférences organisées par des entités proches de cette organisation religieuse. Il s'était ainsi exprimé en septembre 2021 à l'un de ces colloques, organisé en ligne.
En outre, depuis sa mort, des révélations ne cessent de pleuvoir sur l'ampleur des liens entre cette Église et des parlementaires nippons, surtout du Parti libéral-démocrate (PLD, droite au pouvoir), autrefois dirigé par Abe et aujourd'hui par l'actuel Premier ministre, Fumio Kishida. Début septembre, une enquête interne du PLD a montré que la moitié de ses 379 élus au Parlement avaient des relations avec l'Église de l'Unification.
Une décision unilérale du gouvernement
Quelques jours après l'assassinat d'Abe et ses obsèques privées à Tokyo, Fumio Kishida a annoncé que des funérailles nationales seraient organisées ultérieurement en son honneur. Cependant, des hommages de cette ampleur pour des responsables politiques sont devenus rarissimes au Japon depuis l'après-guerre, le seul précédent remontant à 1967. Surtout, le Premier ministre a outrepassé ses pouvoirs en décidant unilatéralement d'organiser une telle cérémonie, clame l'opposition.
Un personnage qui divise
Fumio Kishida a justifié la tenue de funérailles nationales pour Abe par sa longévité record au pouvoir au Japon et son héritage sur les plans économique et diplomatique, et aussi par la vague d'émotion dans le monde entier suscitée par son assassinat. Problème : la personnalité et le bilan de Shinzo Abe sont loin de faire l'unanimité au Japon. Il était honni par beaucoup pour ses vues ultralibérales et nationalistes, sa volonté de réviser la Constitution pacifiste japonaise et sa proximité avec de nombreux scandales politico-financiers.
Une cérémonie qui va coûter cher
Le gouvernement a annoncé début septembre que les funérailles nationales allaient coûter environ 1,7 milliard de yens (12 millions d'euros). C'est bien plus que les 250 millions de yens annoncés initialement, et ce, juste pour la cérémonie, car le montant révisé inclut également les coûts substantiels de sécurité et d'accueil des nombreux dignitaires étrangers attendus.