PRESSIONS - Krystsina Tsimanouskaya a affirmé dimanche avoir été forcée de suspendre sa participation aux Jeux olympiques et de quitter le Japon après avoir critiqué sa fédération sur les réseaux sociaux. Elle souhaite désormais rejoindre la Pologne, qui lui accorde un visa humanitaire.
C'est une histoire digne des récits de la Guerre froide. Mais cette fois-ci, les faits se déroulent à Tokyo, en 2021. Une athlète biélorusse a affirmé ce dimanche 1er août avoir été forcée d'arrêter sa participation aux Jeux olympiques, à la veille d'une compétition. Auprès de la presse, Krystsina Tsimanouskaya raconte avoir été conduite de force à l'aéroport de la capitale afin de quitter le Japon, probablement à cause de critiques émises à l'encontre des entraîneurs de son pays.
Amenée "de force" à l'aéroport
Alors qu'elle devait participer à l'épreuve féminine du 200 mètres ce lundi, la jeune athlète de 24 ans a été vue à l'aéroport de Tokyo, accompagnée de deux hommes en civils. "Des agents du KGB" biélorusse, selon certains, de simples membres de sa fédération d'après d'autres. Toujours est-il qu'elle assure que les autorités de son pays ont tenté de l'expulser du pays contre son gré. "J'ai subi des pressions et on essaye de me faire partir du pays sans mon accord", a-t-elle ainsi lancé dans une vidéo publiée sur le réseau social Telegram et largement diffusée.
❗️Tsimanouskaya recorded an appeal to the IOC: "I am asking the International Olympic Committee for help, I have been pressured and they are trying to take me out of the country without my consent, so I am asking the IOC to intervene." pic.twitter.com/rKdzYeKM0W — Tadeusz Giczan (@TadeuszGiczan) August 1, 2021
Auprès de Reuters, elle a confié être visée par les autorités biélorusses pour avoir critiqué publiquement la gestion de l'équipe nationale. Dans une vidéo publiée ce vendredi sur son compte Instagram, elle se plaignait simplement d'avoir été inscrite par erreur à une compétition sportive - le relais 4x400 mètres - alors qu'elle s'était entraînée pour courir le 100 et le 200 mètres. "Pourquoi nous devons payer pour vos erreurs ? (...) C'est de l'arbitraire", s'était-elle insurgée. Ce qui a provoqué l'ire de certains médias du régime biélorusse. Une campagne de dénigrement l'a transformée en "honte de la nation", vilipendant son manque "d'esprit d'équipe".
En conséquence, la jeune femme assure que ses entraîneurs sont venus ce dimanche dans sa chambre afin de lui demander de faire ses valises pour quitter le Japon à bord d'un vol de la Turkish Airlines. Ce qu'elle a refusé.
Selon la Fondation biélorusse de solidarité sportive, un groupe qui soutient les athlètes emprisonnés ou mis à l'écart pour leurs opinions politiques, la sprinteuse était "en sécurité" après cette tentative de l'évacuer du Japon par la force, précisant qu'un représentant du ministère japonais des Affaires étrangères se rendait à l'aéroport pour la rencontrer.
It’s important to point out that Tsimanouskaya didn’t even criticise the regime. She merely complained (vid) that Belarus officials mixed up the paperwork and registered her for an event she never trained for (relay). Nonetheless regime media made her the enemy of the state nr 1 pic.twitter.com/r63xW0tzOI — Tadeusz Giczan (@TadeuszGiczan) August 1, 2021
Plusieurs pays européens ont alors proposé l'asile à la sprinteuse. La République tchèque, les autorités polonaises ainsi que le Premier ministre slovène lui ont ainsi proposé de l'accueillir pour qu'elle puisse poursuivre sa carrière en sécurité. Son époux, qui a pu fuir la Biélorussie, a indiqué à l'AFP que la sprinteuse souhaitait rejoindre la Pologne, qui lui a accordé un visa humanitaire dans la foulée.
L'athlète "est déjà en contact direct avec des diplomates polonais à Tokyo. Elle a reçu un visa humanitaire. La Pologne va faire tout le nécessaire pour l'aider à poursuivre sa carrière sportive", a écrit Marcin Przydacz, le vice-ministre polonais des Affaires étrangères, sur Twitter.
Une arrivée en Pologne dès cette semaine ?
Tsimanouskaya est "en sécurité dans l'enceinte de notre ambassade" à Tokyo, a-t-il précisé à la chaîne d'information TVN24, ajoutant que son pays "offre son soutien aux citoyens biélorusses qui, pour des raisons politiques, souhaitent quitter le territoire bélarusse ou ne veulent pas retourner au Bélarus".
Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, cités par des médias polonais, l'athlète pourrait voyager vers la Pologne cette semaine. Son mari, Arseni Zdanevitch, contacté par téléphone par l'AFP, a indiqué avoir quitté la Biélorussie, car il ne pense pas y être "en sécurité". "Je me trouve en territoire ukrainien, et je prévois de retrouver ma femme", a-t-il ajouté.
D'après Anatoli Kotov, un responsable de la Fondation bélarusse pour la solidarité sportive (BSSF), une ONG soutenant les sportifs dans le collimateur du pouvoir de Minsk, la sprinteuse devrait rejoindre la Pologne dès cette semaine, alors qu'un vol Tokyo-Varsovie est prévu mercredi.
Krystsina Tsimanouskaya a par ailleurs interpellé le Comité international olympique (CIO) pour demander "de l'aide". Dans une déclaration auprès de l'AFP, le porte-parole du CIO a assuré avoir "vu les articles dans les médias. Le CIO étudie la situation et a demandé des explications au CNO (comité national olympique)" biélorusse.
Ce dernier, dirigé par Viktor Loukachenko, qui est tout de même le fils du président, Alexandre Loukachenko, écarte ces critiques. Dans un communiqué, il a assuré que la sportive avait dû suspendre sa participation aux Jeux olympiques sur "décision des médecins, en raison de son état émotionnel et psychologique". Une communication décrite aussitôt comme un "mensonge" par l'athlète sur son compte Instagram et devant la presse présente à l'aéroport.
S'il existe encore de nombreuses zones d'ombre, ce n'est pas la première fois que le régime biélorusse cherche à faire taire un opposant. Depuis plusieurs mois, le président poursuit sans relâche toute voix critique, avec l'espoir d'éteindre définitivement le mouvement de contestation historique né en 2020.
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