Les athlètes russes pourront-ils participer aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris ?Dix-huit mois avant le début des épreuves, la question est au cœur des discussions au plus haut sommet de l'État.Le Comité international olympique a ouvert la voie à leur participation sous bannière neutre.
Les avions de combat et le renfort de l'aide militaire n'ont pas été les seuls sujets de discussion entre Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky, cette semaine à Paris. Les Jeux olympiques et paralympiques, organisés dans 18 mois dans la capitale française, ont également été au menu. Et pour cause : l'Ukraine pousse pour en exclure complètement les athlètes russes et biélorusses.
Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, ces sportifs sont effectivement bannis de la plupart des compétitions internationales. Mais ces derniers temps, le Comité international olympique (CIO) a ouvert la porte à un retour de ceux qui n'ont pas "activement soutenu la guerre en Ukraine", sous bannière neutre. De quoi s'agit-il ?
Qu'est-ce que la bannière neutre ?
Ce dispositif permet aux athlètes de participer aux compétitions sans représenter directement leur pays. Concrètement, le drapeau du pays banni n'est présent ni lors des cérémonies (ouverture, médailles, clôture...), puisque les sportifs concourent sous le drapeau olympique ou paralympique, ni lors des épreuves.
Leur total de breloques engrangées durant l'événement planétaire ne figure pas non plus au fameux tableau des médailles au nom du pays. En cas de sacre, l'hymne national n'est pas joué, contrairement à la tradition. Un moyen de ne pas briser le rêve des sportifs, qui ne peuvent disputer les prestigieuses épreuves qu'une fois tous les quatre ans, tout en sanctionnant le pays mis en cause.
Qui peut en décider ?
Depuis quelques jours, chaque camp se renvoie la responsabilité de ce dossier hautement sensible. Les organisateurs français renvoient vers le CIO, et l'instance olympique basée à Lausanne martèle que les fédérations internationales (FI) demeurent "les seules autorités" régissant leurs compétitions, plongeant le monde sportif dans une certaine perplexité.
"C'est tout un processus", décrypte Jean-Loup Chappelet, spécialiste de l'olympisme à l'Université de Lausanne, auprès de l'AFP. "Le CIO confie aux FI le soin de sélectionner les athlètes individuels, donc de vérifier que les critères de non-soutien à la guerre sont remplis", un point qui s'annonce très délicat. Mais par ailleurs, poursuit l'universitaire, "le CIO envoie traditionnellement ses invitations aux comités nationaux olympiques un an avant les Jeux, en grande pompe", et devra ainsi se déterminer face au Comité russe, "même s'il peut différer ou temporiser".
Une situation d'autant plus compliquée que "légalement, le principe de non-discrimination" des sportifs en fonction de leur passeport "figure dans la Charte olympique", rappelle Jean-Loup Chappelet. Or, Thomas Bach, le président allemand du CIO, est avocat et "sait que si les Russes vont devant le Tribunal arbitral du sport, le CIO risque de perdre", estime l'universitaire.
Du côté des autorités françaises, Emmanuel Macron a indiqué cette semaine qu'il donnerait sa position personnelle "à l'été". Depuis Kiev, la maire de Paris Anne Hidalgo s'est prononcée contre la participation des sportifs russes "tant que la Russie continuera à faire la guerre à l'Ukraine", après s'être montrée favorable à leur accueil sous bannière neutre.
Quels précédents ?
Voir des athlètes participer aux JO sous bannière neutre à Paris, dans un an et demi, représenterait une situation loin d'être inédite. Pas plus tard que lors des deux dernières éditions, les Russes ont participé aux JO de Tokyo (2021), puis de Pékin (2022) sous bannière neutre en raison de la condamnation du pays de Vladimir Poutine pour dopage institutionnalisé. Ils disputaient alors les épreuves au nom du "Comité olympique russe" (ROC), et non de la Russie.
Mais cette fois, leur participation, même sans représenter officiellement la Russie, pourrait entraîner une fronde internationale. Car la position du CIO a irrité de nombreux États européens, dont la République tchèque, l'Islande, la Norvège, la Suède ou encore la Pologne. Et évidemment l'Ukraine. Kiev a même menacé fin janvier de boycotter les Jeux olympiques et paralympiques de 2024 en cas de réintégration des athlètes russes et biélorusses.
La Pologne a proposé ce vendredi une "solution de compromis" : elle souhaite inclure les sportifs russes et biélorusses opposés à la guerre dans l'équipe de réfugiés. Un moyen de calmer la fronde ? Il reste moins d'un an et demi aux organisateurs pour trancher.
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