Accusations de complot en Jordanie : que se passe-t-il avec la famille royale ?

Publié le 5 avril 2021 à 7h01
Accusations de complot en Jordanie : que se passe-t-il avec la famille royale ?
Source : AFP PHOTO / PETRA / YOUSEF ALLAN

PROCHE-ORIENT - Alors que la Jordanie doit célébrer son centenaire le 11 avril, le royaume est agité. Le demi-frère du roi, le prince Hamza, a été placé en résidence surveillée, tandis qu’une quinzaine d’individus ont été arrêtés. Ils sont accusés d’avoir comploté contre le régime.

Le prince Hamza, demi-frère du roi Abdallah II de Jordanie, a tenté de déstabiliser le royaume et de porter atteinte à la sécurité du pays, a affirmé dimanche le vice-Premier ministre, tout en annonçant une quinzaine d'arrestations dont des personnes ayant occupé des postes à responsabilité.

Hamza, qui s'est vu retirer le titre de prince héritier en 2004, et les autres suspects ont collaboré avec une puissance étrangère pour "porter atteinte à la sécurité" de la Jordanie, a indiqué le vice-Premier ministre Aymane Safadi, lors d'une conférence de presse, sans préciser de quelle puissance étrangère il s'agissait ni les chefs d'accusation retenus.

Avant d'en arriver à ce constat, "les services de sécurité ont suivi durant une longue période les activités et les mouvements du prince Hamza ben Hussein, de Cherif Hassan ben Zaid et de Bassem Awadallah et d'autres personnes visant la sécurité et la stabilité de la patrie", a-t-il argué, affirmant que les autorités avaient décidé d'intervenir, car les comploteurs présumés "parlaient de calendrier" d'action. "La sédition a été tuée dans l'œuf", a-t-il assuré.

Le prince Hamza dément

Le prince Hamza avait annoncé samedi soir avoir été "assigné à résidence" dans son palais à Amman. Dans une vidéo transmise à la BBC par son avocat, Hamza a affirmé que le chef d'état-major de l'armée lui avait signifié qu'il n'était "pas autorisé à sortir" de chez lui. Il a nié avoir pris part à un complot, accusant les autorités jordaniennes de "corruption" et d'"incompétence".

Âgé de 41 ans, Hamza est le dernier fils du roi Hussein, né d'un quatrième et ultime mariage avec la reine Noor, d'origine américaine. Conformément au souhait de son père, décédé en 1999, il avait été nommé prince héritier lorsque Abdallah II était devenu roi. Mais, en 2004, le souverain lui a retiré ce titre pour le donner à son propre fils aîné, Hussein. La reine Noor a pris la défense de son fils, dénonçant sur Twitter des "calomnies" et espérant que "la vérité et la justice l'emportent pour toutes les victimes innocentes", a ajouté celle qui a critiqué ces derniers mois les autorités du royaume.

Le général Youssef Huneiti, chef d'état-major, a expliqué samedi que le prince Hamza avait été "appelé à arrêter les activités qui pourraient être utilisées pour porter atteinte à la stabilité et à la sécurité du royaume". Il a démenti son arrestation. Au total, au moins 16 personnes ont en revanche bien été interpellées, parmi lesquelles deux personnalités, Bassem Awadallah (un ancien conseiller du roi) et Cherif Hassan ben Zaid, selon Aymane  Safadi, qui a précisé que les services de sécurité avaient recommandé au roi de les renvoyer devant la cour de sûreté de l'Etat.

Rancoeur

Pour Barah Mikaïl, professeur à l'université Saint Louis à Madrid et directeur de la société de conseils Stractegia, "il n'y a pas beaucoup de raisons de douter de la version du pouvoir jordanien". "Celui-ci est très bien structuré côté renseignements et maillage national, et le contrôle étroit en particulier des personnes soupçonnées de pouvoir atteindre à la monarchie est un fait", a-t-il expliqué à l'AFP. 

D'après un analyste jordanien ne souhaitant pas être identifié pour des raisons de sécurité, le prince Hamza a ces derniers temps "multiplié devant son cercle d'amis les critiques contre ce qu'il qualifiait de corruption au sein du pouvoir". Toujours selon cette source, "il y a certainement de la rancoeur de sa part car il n'a jamais digéré d'avoir perdu son titre de prince héritier".

Petit pays dépourvu de ressources naturelles et largement dépendant des aides étrangères, la Jordanie est toutefois perçue comme stratégique au regard des tensions régionales. Depuis samedi soir, les monarchies du Golfe ont fait bloc derrière le souverain jordanien en lui exprimant leur plein soutien.


La rédaction de TF1info avec AFP

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