Jubilé d'Elizabeth II : les coiffes des gardes britanniques bientôt faites en fourrure synthétique ?

par Maëlane LOAËC
Publié le 2 juin 2022 à 10h54, mis à jour le 20 juin 2022 à 10h02
Jubilé d'Elizabeth II : les coiffes des gardes britanniques bientôt faites en fourrure synthétique ?

Les couvre-chefs de la garde britannique, qui défile ce 2 juin à l'occasion du Trooping the Colours, sont faits en fourrure d'ours.
Mais l'association PETA plaide depuis plusieurs années pour les remplacer par une matière artificielle.
La pétition qu'elle a lancée, avant le jubilé de platine de la reine, pourrait bientôt imposer le débat au parlement britannique.

Les hautes coiffes poilues des gardes britanniques seront-elles bientôt faites en fourrure synthétique ? Le célèbre couvre-chef est une tradition centenaire que les spectateurs pourront admirer lors de la célébration du jubilé d'Elizabeth II, du jeudi 2 au dimanche 5 juin prochains. 

Mais l'association britannique de défense des animaux PETA milite depuis plusieurs années déjà pour remplacer par une fausse peau l'actuelle fourrure d'ours noir canadien qui équipe les coiffes des gardes de Buckingham Palace. Ceux-là même que l'on apercevra en masse le 2 juin lors du défilé militaire, Trooping The Colour" la gigantesque parade organisée pour célébrer l'anniversaire de la reine Elisabeth II. 

La pétition lancée par PETA pour abandonner ce vêtement controversé rassemble déjà quelque 98.400 signatures, ce lundi 23 mai au matin. La barre des 100.000 signataires permettrait de provoquer un débat au parlement britannique, souligne l'association sur Twitter. Selon elle, fabriquer une seule coiffe, dont le prix est estimé à 2000 euros pièce, revient à tuer un ours.

"Le ministère de la Défense n'a aucune raison de continuer à financer l'abattage d'ours pour la confection de couvre-chefs de cérémonie, puisqu'il existe une solution de rechange indiscernable, imperméable et imitant la véritable fourrure d'ours en termes d'apparence et de performances", défend PETA dans le texte de cette pétition

Elle propose en remplacement un tissu produit par Ecopel, une entreprise française qui fabrique de la fausse fourrure de luxe. Début mai, l'association a transmis au Premier ministre britannique, Boris Johnson, les résultats d'une étude menée par un spécialiste des tissus, selon lequel cette fourrure artificielle serait plus durable, plus confortable et plus viable que la véritable peau, et même sécherait plus vite, rapporte The Independent. Elle représenterait aussi une alternative moins toxique pour le porteur, car la véritable fourrure d'ours doit être traitée avec des produits chimiques dangereux pour éviter qu'elle ne se décompose. Selon l'association, ces tests ont été réalisés "dans le laboratoire accrédité du ministère de la Défense".

Une alternative pas assez convaincante pour l'armée

L'association relève aussi dans un communiqué sur son site que ce ministère a déjà remplacé les fourrures de léopard et de castor par des fourrures synthétiques, ces dernières années, et que le Royaume-Uni a interdit depuis 2003 l’élevage d’animaux pour produire de la fourrure. Selon The Independent, le gouvernement a dépensé plus d'un million de livres sterling en chapeaux en fourrure d'ours entre 2014 et 2019, soit environ 1,2 million d'euros.

D'après un sondage cité par l'association dans sa lettre à Boris Johnson, qui fut lui-même en faveur de l'initiative, 75% des Britanniques s'opposent au recours à de la véritable fourrure pour fabriquer ces casquettes et y voient "une mauvaise utilisation des fonds du gouvernement". Plusieurs personnalités se sont aussi jointes à leur appel, comme Pamela Anderson, Paul McCartney et Ricky Gervais.

Ecopel s'est engagé à fournir gratuitement au ministre de la Défense autant de fausses fourrures qu'il le souhaite jusqu'en 2030, une offre pour l'heure toujours refusée. "Les ours ne sont jamais chassés sur commande pour le ministère de la Défense. L'emblématique bonnet en peau d'ours est fabriqué à partir de peaux d'ours obtenues à partir d'abattages autorisés par les autorités canadiennes pour gérer la population sauvage", s'est défendu un porte-parole de l'armée, affirmant qu'il n'y avait "actuellement aucune alternative artificielle disponible qui réponde aux exigences de ces casquettes de cérémonie". D'après le quotidien britannique, le tissu proposé par Ecopel n'a rempli que le critère de l'étanchéité, aux yeux du gouvernement.

L'usage des bonnets en poil d'ours des gardes britanniques remonte au début du XIXe siècle : ils avaient été adoptés comme trophée de guerre par l'armée britannique en 1815 suite à la défaite des gardes impériaux français de Napoléon Ier à Waterloo, qui portaient eux-mêmes ces couvre-chefs.


Maëlane LOAËC

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