"Tragique et regrettable" : l'ancien porte-avions Foch coulé par le Brésil

Fin de parcours pour celui qui était devenu le "fantôme" de l'Atlantique. Vendredi 3 février, dans l'après-midi, la marine brésilienne a coulé l'ancien porte-avions français Foch, passé depuis 2000 sous pavillon brésilien. Le navire, rempli d'amiante, de peintures et d'autres déchets toxiques, une décision vivement critiquée par de nombreuses organisations de défense de l'environnement.

Le "naufrage planifié et contrôlé s'est produit en fin d'après-midi" vendredi, à quelque 350 km des côtes brésiliennes, dans une zone d'une "profondeur approximative de 5.000 mètres", a indiqué la marine dans un communiqué publié dans la nuit de vendredi à samedi. Quelques jours plus tôt, cette branche de l'armée brésilienne avait assuré ne pas avoir d'autre choix, compte tenu du très mauvais état de la coque de navire construit dans le chantier naval de Saint-Nazaire à la fin des années 1950. 

Le ministère public fédéral du Brésil (MPF), qui a tenté d'arrêter l'opération en multipliant les recours devant les tribunaux, a alerté sur les conséquences, soulignant cette semaine que le porte-avions "contient actuellement 9,6 tonnes d'amiante, une substance au potentiel toxique et cancérigène, ainsi que 644 tonnes d'encre et d'autres matières dangereuses". Des alertes lancées et martelées également par plusieurs ONG comme Greenpeace ou Sea Shepherd qui ont dénoncé plusieurs violations de "traités internationaux" sur l'environnement.

Empêcher cette opération serait "probablement" "inutile", étant donné "l'imminence d'un naufrage spontané de la coque, ce qui n'apporterait rien à l'environnement" a estimé le juge du tribunal fédéral de l'Etat du Pernambouc (nord-est), selon le site internet G1. Le magistrat a autorisé l'opération, tout en qualifiant l'opération de "tragique et regrettable", selon G1.

L'ancien porte-avions, désarmé depuis 2018, a été coulé à 350 kilomètres au large des côtes brésiliennes, à 5.000 mètres de profondeur, dans la zone économique exclusive du Brésil. Cette zone a été considérée comme "la plus sûre" pour procéder à cette opération.

Le porte-avions Foch, qui a été pendant 37 ans au service de la marine française, avait été acheté en 2000 par le Brésil, qui l'a rebaptisé São Paulo, pour 12 millions de dollars. Vétuste, le navire avait été touché par une série d'incidents, dont un incendie mortel en 2005. 

Après son retrait du service, le ministère de la Défense avait revendu le bateau à un ferrailleur pour un démantèlement en Turquie. Compte tenu du risque de pollution, le porte-avions n'a jamais été autorisé à y accoster par les autorités d'Ankara. "Face aux risques qu'implique le remorquage et en raison de la détérioration de la coque (...), la seule solution est d'abandonner la coque en la coulant de façon contrôlée", avait expliqué la marine mercredi dans un communiqué. Une décision refermant ainsi une histoire longue de plus soixante pour le navire.