L'armée brésilienne embarrassée par une commande de viagra pour ses soldats

Quelques heures après la révélation de cette information, les réseaux sociaux au Brésil foisonnent encore de boutades et de jeux de mots plus ou moins élégants. Elias Vaz, député, a révélé ce lundi que les forces armées ont acheté 35.000 comprimés de viagra pour les soldats, suscitant une vive polémique dont le gouvernement se serait bien passé. 

"Les hôpitaux manquent de médicaments, mais (Jair) Bolsonaro (le président brésilien, ndlr) et sa clique dépensent de l'argent public pour acheter des petites pilules bleues", a lancé l'élu de centre-gauche, qui dit avoir réclamé des explications au ministère de la Défense au sujet de cette commande "immorale". 

Le parlementaire assure avoir obtenu l'information sur le Portail de la transparence du gouvernement, qui permet de consulter sur demande des données sur les dépenses publiques. Selon lui, les documents ne mentionnent pas nommément le viagra, mais montrent l'approbation de l'achat de milliers de comprimés contenant du "sildenafil", la molécule du célèbre médicament utilisé pour soigner les troubles de l'érection.

Le député de gauche Marcelo Freixo a rappelé que le gouvernement du président d'extrême droite Jair Bolsonaro avait approuvé cette commande alors que le chef de l'État avait dans un premier temps "opposé son véto pour un projet de loi qui prévoyait la distribution gratuite de serviettes hygiéniques à des femmes pauvres". Le président Bolsonaro a finalement fait machine arrière, en signant début mars un décret prévoyant cette distribution de produits hygiéniques. 

Le ministère de la Défense a expliqué dans un communiqué envoyé à l'Agence France-Presse que "l'acquisition de sildenafil" était "destinée au traitement de patients atteints d'hypertension artérielle pulmonaire", les médicaments comme le viagra permettant également de dilater les vaisseaux pulmonaires.

Cette justification n'a pas empêché les internautes de s'y donner à cœur joie sur les réseaux sociaux, certains d'entre eux évoquant notamment le souvenir de la "dicta-dure" militaire, avec des généraux au pouvoir de 1964 à 1985. Des dessins humoristiques montraient également des chars d'assaut avec le canon incurvé vers le bas. "Avec ces pilules, l'armée va pouvoir se foutre encore plus de la démocratie", a ironisé le site satirique Sensacionalista.