CASSE-TÊTE - Le parlement européen a voté ce jeudi en faveur du "gel temporaire" des négociations d'adhésion de la Turquie au sein de l'UE. Mais au regard de l'importance stratégique de la Turquie, les députés étaient plus que tiraillés.
Le moment de jouer la carte de la clarté est venu. Dénonçant mollement jusque-là la dérive autoritaire du régime d'Erdogan depuis le coup d'Etat avorté le 15 juillet dernier, l'UE est enfin sortie de sa torpeur. Ce jeudi, le Parlement européen a voté à une très large majorité le "gel temporaire" des négociations d'adhésion de la Turquie au sein de l'UE en raison de la répression "disproportionnée" en cours.
Le ton durcit. Et les députés européens le savaient : ils s'aventuraient là sur un terrain plus que glissant.
Chaque semaine, il se passe des choses terribles en Turquie
Manfred Weber, le président du groupe du Parti populaire européen (PPE, droite) du Parlement européen
Cela fait des semaines à présent que les relations entre l'UE et le président turc, Recep Tayyip Erdogan, ne sont pas au beau fixe. La première a condamé à multiples reprises le second de la purge tous azimuts lancée par Ankara aussi bien dans les organes régaliens du pays que dans la société civile. Des dizaines de milliers d'arrestation arbitraire ont ainsi été recensées.
Fort de ce constat, l'UE a réagit par la voie de ses insitutions. Le président du groupe du Parti populaire européen (PPE, droite) du Parlement européen, Manfred Weber, s'était exprimé ainsi dans Le Monde : "chaque semaine, il se passe des choses terribles en Turquie, nous ne pouvons pas continuer les négociations, nous devons envoyer un signal clair, il faut qu’elles soient gelées". Les négociations sur la possible adhésion de la Turquie ont démarré en 2005, sans véritable avancée depuis.
La Turquie, un précieux allié stratégqiue
Même si ce vote n'aura aucune valeur légale, il se veut avant tout symbolique. Toutefois, la décision de supendre les négociations d'adhésion restait incertaine, tant la situation n'est pas aussi simple qu'elle n'y paraît. En effet, en raison de sa position géographique stratégique, à la fois à la lisière de l'Europe et du Moyen-Orient, se mettre à dos la Turquie est dangereux. "Cela risque de jeter de l’huile sur le feu", murmurent quelques sources parlementaires au Monde. Preuve que le tiraillement était bien réel.
Car la Turquie a quelques arguments à faire valoir. Notamment celui-ci : l'accord conclu au printemps dernier avec l'UE selon lequel la Turquie s'engage à temporiser l'afflux de réfugiés syriens en échange de la libre circulation sans visa des Turcs qui souhaitent se rendre en Europe. Un deal que l'UE n'a pas rechigné à souscrire, étant donné que plusieurs de ses membres se disent subermergés par l'afflux migratoire. Ainsi, pour éviter de se déchirer en son sein sur cette épineuse question des réfugiés, l'UE a du lâcher du lest à la Turquie. Et celle-ci compte bien désormais profiter de son avantage.
La stratégie qui a été adoptée par Erdogan est essentiellement une stratégie d’escalade
Sinan Ülgen, de l’institut d’analyse EDAM d’Istanbul,
Le président Erdogan n'a jamais exprimé la moindre crainte sur ce gel des négociations. "Un vote qui n’a aucune valeur, peu importe le résultat". Mais pour Sinan Ülgen, de l’institut d’analyse EDAM d’Istanbul, interrogé par RFI, la politique de l'intransigeance menée par le président turc s'explique comme suit : "la stratégie qui a été adoptée par Erdogan est essentiellement une stratégie d’escalade, dont le but est d’obtenir un accord sur les dossiers tranchants. Il y a un double objectif à cette réthorique assez sévère. D’abord, mettre pression sur l’Union européenne. Et le deuxième, c’est une réthorique qui vise à consolider le vote nationaliste, donc cette réthorique sévère à l’égard de l’Europe".
Et c'est sur ce deuxième point que l'UE nourrit des inquiétudes. Avec ce vote "sanction", Erdogan ne pourrait-il pas profiter de cette nouvelle mesure de défiance, si tel était le cas, envers son pays pour nourrir son discours nationaliste et davantage convaincre son peuple? Car le mantra selon lequel l'UE ne veut pas de la Turquie pourrait cette fois-ci obtenir un plus grand écho dans la population turque. Ce qui permettrait à Erdogan de sortir de ce débat, plus fort que jamais sur le plan national.
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