La baguette au patrimoine de l'Humanité ? Ces traditions françaises déjà distinguées par l'Unesco

Publié le 29 novembre 2022 à 16h35

Source : Le JT

Ce mardi, l'Unesco se penche sur l'inscription de la baguette française au patrimoine immatériel de l'Humanité.
Cette distinction a pour but de sauvegarder les savoir-faire ancestraux et des pratiques culturelles ou des traditions.
Le patrimoine français figure en bonne place dans cette liste hétéroclite avec une vingtaine d'éléments inscrits, dont voici la liste.

Le Comité du patrimoine culturel immatériel de l'Unesco, présidé par le Maroc, doit révéler ce mardi 29 novembre les noms des lauréats à l'inscription sur cette liste hétéroclite. Adoptée en octobre 2003 et ratifiée par 180 pays, la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel promeut la sauvegarde des connaissances et savoir-faire nécessaires à l’artisanat traditionnel. Outil de la diplomatie culturelle, elle récompense également des "pratiques culturelles transmises de génération en génération, comme les traditions orales, les arts du spectacle, les pratiques sociales, rituels et événements festifs ou encore les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers". Alors que la baguette française figure en bonne place pour décrocher cette distinction cette année, petit tour d'horizon des savoir-faire et autres traditions françaises déjà inscrits au patrimoine mondial. 

L'art de composer un parfum

Berceau de la parfumerie mondiale, la ville de Grasse a obtenu en 2018 l'inscription par l'Unesco de ses savoir-faire liés au parfum au patrimoine culturel immatériel de l'Humanité. L'Unesco a souhaité mettre à l'honneur trois aspects de ce savoir-faire : la culture de la plante à parfum, la connaissance des matières premières et leur transformation et l'art de composer le parfum. "Il faut sept ans pour former un responsable de distillation, dix pour devenir parfumeur et c'est souvent en famille que se transmettent les connaissances nécessaires à la culture des plantes à parfum", souligne l'institution, qui rappelle que la nature des sols dans la région est particulièrement propice à la culture de plantes à parfum.

Le Carnaval de Granville

Cette fête locale, qui a lieu tous les ans pendant les cinq jours précédant la tradition chrétienne de Mardi gras, existe depuis la fin du XIXe siècle. Chaque année, le Carnaval de Granville attire ainsi plus de 100.000 spectateurs. Les carnavaliers passent six mois à créer des modules et une quarantaine de chars, en s’inspirant, avec humour, de l’actualité, de personnalités politiques et de célébrités. A travers cette tradition locale, "Granville contribue à l’unité de la communauté et confère un sentiment d’appartenance", souligne l’Unesco, qui l'a inscrit au patrimoine culturel immatériel de l'Humanité en 2016. 

La tradition guadeloupéenne du gwoka

A la fois instrument, chant et danse typiquement guadeloupéen, le gwoka (ou gros ka, en français) a été inscrit au patrimoine culturel immatériel de l'Humanité en 2014. Indissociable de l'île, de sa population et de son histoire, cette tradition trouve son origine dans la traite négrière, l'esclavage et le contournement de l'interdiction de communiquer grâce à des rythmes, tirés des musiques des pays d'origine des Africains déportés. En Guadeloupe, la discipline se revêt d'une dimension quasi mystique. 

Les ostensions septennales limousines

Apparues dès le Moyen Âge, ces processions se déroulent tous les sept ans, traditionnellement avant la Pentecôte, dans une vingtaine de communes, essentiellement en Haute-Vienne. Plusieurs saints limousins des premiers âges chrétiens sont alors honorés lors de processions populaires et colorées. Inscrites au patrimoine culturel immatériel de l'Humanité en 2013, les ostensions tirent leurs origines d'une guérison collective miraculeuse survenue pendant une procession organisée en 994 en l'honneur de Saint-Martial, premier évêque de Limoges et saint-patron de la ville.

La tradition bretonne du fest-noz

Rassemblement festif basé sur la pratique collective des danses traditionnelles de Bretagne, accompagnées de chants ou musiques instrumentales, la tradition du fest-noz ("fête de nuit" en breton) a été inscrit au patrimoine culturel immatériel de l'Humanité en 2012.  "Au-delà de la pratique de la danse, le fest-noz se caractérise par une intense convivialité", souligne l'Unesco. Ces célébrations remontent seulement aux années 1950, et s’inspirent des rassemblements festifs de la société paysanne qui ponctuaient les journées de travaux collectifs et qui ont disparu dans les années 1930. 

L’équitation de tradition française

Un art dont les principes reposent sur l’absence d’effets de force et des demandes harmonieuses de l’homme respectant le corps et l’humeur du cheval. Combinant subtil dressage et aisance du cheval dans l'exécution de ses gestes, cette discipline est pratiquée par le Cadre noir de Saumur (Maine-et-Loire), le corps de cavalier d'élite de l'École nationale d'équitation (ENE). Ce haut lieu équestre a engendré une lignée de dresseurs de talent. Un savoir-faire ancestral que l'Unesco a souhaité inscrire au patrimoine culturel immatériel de l'Humanité en 2011. 

La tradition du compagnonnage

Label d'excellence, le compagnonnage a été inscrit au patrimoine culturel immatériel de l'Humanité en 2010. Cette méthode d'apprentissage, qui s'appuie sur un réseau de transmission de savoir-faire, comprend encore aujourd'hui de nombreux rites initiatiques, dont le secret est bien gardé d'ailleurs.  Généralement, après son adoption, l'aspirant doit entamer son "tour de France", une vie en communauté avec travail en entreprise le jour et cours le soir. Les Compagnons du Devoir forment chaque année plus de 6000 apprentis dans plus de vingt métiers artisanaux, boulanger, vigneron, tailleur de pierre ou encore tapissier.

Le repas gastronomique des Français

C'est la première fois qu'une gastronomie est reconnue comme élément à part entière du patrimoine de l'Humanité. Mettant à l’honneur "une pratique sociale coutumière destinée à célébrer les moments les plus importants de la vie des individus et des groupes", l’Unesco l’a inscrit au patrimoine culturel immatériel de l'Humanité en 2010. Rappelons que ce repas festif, qui célèbre l’art du bien manger et du bien boire, a un cadre bien établi : il commence par un apéritif et se termine par un digestif, avec entre les deux au moins quatre plats, à savoir une entrée, du poisson et/ou de la viande avec des légumes, du fromage et un dessert.

La dentelle au point d’Alençon

Elle avait bien failli disparaître avec l’arrivée de la dentelle mécanique, à la fin du XIXe siècle. Surnommée la "dentelles des reines", cette dentelle à l'aiguille (piquée sur un parchemin) était incontournable à la cour de Versailles. Summum de finesse, c’est à la machine que les grands couturiers recourent aujourd'hui. Et pour cause, il faut sept heures pour réaliser un centimètre carré. "Pour maîtriser totalement la technique du point d’Alençon, il faut entre sept et dix ans de formation", rappelle l’Unesco, qui l’a inscrite au patrimoine culturel immatériel de l'Humanité en 2010.

La Tapisserie d’Aubusson

Les savoir-faire, ancrés depuis le XVe siècle dans cette bourgade médiévale de la Creuse, ont fait de la tapisserie d’Aubusson un label de renommée internationale. Sa réputation tient à ses tentures généralement de grande taille destinée à orner des murs, ainsi qu’aux tapis et pièces de mobilier qui sortent de ses ateliers. Traditionnellement, le tissage est effectué manuellement par un lissier sur un métier à tisser placé à l’horizontale, à partir de laines teintes artisanalement sur place. Un procédé long et complexe que l’Unesco a tenu à préserver en l’inscrivant au patrimoine culturel immatériel de l'Humanité en 2009.

L’art français du tracé de charpente

Utilisé depuis le XIIIe siècle en France, l’art du tracé de charpente regroupe les moyens graphiques permettant d’exprimer par le dessin et avec la plus grande précision la réalité des volumes d’un édifice complexe en bois. Par ce procédé, le charpentier peut déterminer au sol et en préfabrication toutes les pièces, aussi complexes soient-elles, et être ainsi certain qu’au moment de la mise en place de la charpente tous les assemblages s’emboiteront parfaitement, souligne l’Unesco qui l’a inscrit au patrimoine culturel immatériel de l'Humanité en 2009.

La tradition réunionnaise du Maloya

À la fois musique, chant et danse, la tradition du Maloya est propre à l’île de la Réunion. Il a été créé par les esclaves d’origine malgache et africaine dans les plantations sucrières, avant de s’étendre à toute la population de l’île. "Jadis dialogue entre un soliste et un chœur accompagné de percussions, le Maloya prend aujourd’hui des formes de plus en plus variées, au niveau des textes comme des instruments (introduction de djembés, synthétiseurs, batterie). Il se métisse avec le rock, le reggae ou le jazz, et inspire la poésie et le slam", souligne l'Unesco, qui l’inscrit au patrimoine culturel immatériel de l'Humanité en 2009.

La tradition corse du Cantu in paghjella

Ces chants en langue corse sont interprétés par des hommes et se chantent a capella. Tradition orale à la fois profane et liturgique, la paghjella associe trois registres vocaux qui interviennent toujours dans le même ordre : l’a segonda, qui commence, donne le ton et chante la mélodie principale ; l’u bassu, qui suit, l’accompagne et le soutient ; et enfin l’a terza, qui a la voix la plus haute, enrichit le chant. "Si aucune mesure n’est prise, la paghjella cessera d’exister sous sa forme actuelle", s'alarme l’Unesco, qui l’a inscrit sur la liste des pratiques culturelles nécessitant une sauvegarde urgente.

La France partage également des traditions et savoirs inscrits au patrimoine mondial avec d'autres pays. Parmi eux, on retrouve ainsi pêle-mêle la fauconnerie (partagé avec les Émirats arabes unis notamment), l'art de la perle de verre (avec l'Italie), l'art musical des sonneurs de trompe (avec la Belgique, le Luxembourg et l'Italie), les savoir-faire en mécanique horlogère et l'alpinisme (avec la Suisse et l'Italie), l'art de la construction en pierre sèche (avec Chypre et la Grèce notamment), ainsi que les géants et dragons processionnels (avec la Belgique).


Matthieu DELACHARLERY

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