La Chine planche sur l'interdiction des vêtements qui "heurtent" la population

par TD avec AFP
Publié le 25 septembre 2023 à 17h39

Source : Sujet TF1 Info

Les autorités chinoises songent à bannir des vêtements assimilés comme contraire à la moralité, sans entrer dans les détails.
Certaines tenues comme les kimonos japonais seraient par exemple visés.
Des spécialistes estiment que le périmètre d'une telle loi pourrait être considérablement réduit.

Au cours des dernières semaines, un projet de loi à l'étude en Chine suscite une grande perplexité et alimente diverses théories. Les vêtements qui "heurtent les sentiments" de la nation pourraient en effet se voir tout bonnement interdits. Le texte, encore très flou, laisse toutefois la place à l'interprétation et aux spéculations. 

Une série d'incidents à l'origine du texte ?

Si l'on s'en tient aux mots utilisés dans le projet de loi, seraient interdits les vêtements (ainsi que les discours) décrits comme "nuisibles à l'esprit du peuple chinois" ou qui "heurtent les sentiments". Sous peine de s'exposer à des amendes ou même des peines de prison. Aucune précision n'a toutefois été fournie quant au type de vêtements qui seraient spécifiquement visés et dans le collimateur des autorités. Ce texte interroge d'autant plus qu'en Chine, les personnes portant des vêtements ou des banderoles transmettant des messages jugés controversés politiquement font déjà l'objet de poursuites. Elles se trouvent ainsi régulièrement punies pour provocation de "disputes et de troubles". Une nouvelle loi serait donc le moyen d'élargir le spectre des situations dans lesquelles des violations de la "moralité" seraient observées.

La BBC note qu'en mars, "la police a arrêté une femme portant une réplique d'un uniforme militaire japonais sur un marché nocturne", et que le mois dernier, "des personnes portant des vêtements aux imprimés arc-en-ciel se sont vu refuser l'entrée à un concert à Pékin". Dans la même veine, une femme vêtue d'un kimono avait été arrêtée dans la ville de Suzhou en 2021. Il est toutefois possible que la polémique née à l'époque ait été surtout liée à la date à laquelle se sont déroulés les faits. Nous étions un 13 décembre, jour de commémoration nationale des victimes des crimes de guerre commis par le Japon en 1937.

Quoi qu'il en soit, la radio britannique estime que ce projet de loi "n’est qu’un exemple de la manière dont le président chinois Xi Jinping a cherché à redéfinir ce qui fait un citoyen chinois modèle depuis qu’il a accédé à la présidence en 2012". Le Washington Post souligne que cette possible évolution législative a été mise en avant "sur un site Internet du gouvernement pour une période de consultation publique qui s'étend jusqu'à fin septembre". Pour l'heure, "les réactions ont été largement négatives", note le journal, "les avocats, les universitaires, les journalistes et les citoyens ordinaires déplorant cette dernière répression de la liberté personnelle et de la libre expression"

Cette fronde de la population sera-t-elle prise en compte par les autorités ? Pour le chercheur Jeremy Daum, membre du centre Paul Tsai China de Yale (Etats-Unis), il est "à peu près certain que la formulation (du projet) sera fortement modifiée" avant sa promulgation. Il estime auprès de l'AFP que des ajustements seront probablement réalisés afin de traiter plus précisément "des héros, des martyrs, de l'histoire du parti".


TD avec AFP

Tout
TF1 Info