La Corée du Nord tire un missile intercontinental près du Japon, Séoul réplique

par Charlotte ANGLADE
Publié le 24 mars 2022 à 10h53, mis à jour le 25 mars 2022 à 17h12
Kim Jong-un a personnellement ordonné le tir du missile balistique intercontinental , le tout nouveau Hwasong-17  plus puissant que la version précédente testée en 2017
Kim Jong-un a personnellement ordonné le tir du missile balistique intercontinental , le tout nouveau Hwasong-17 plus puissant que la version précédente testée en 2017

La Corée du Nord a rompu ce jeudi un moratoire qu'elle s'était auto-imposé depuis 2017 en tirant un missile balistique intercontinental (ICBM).
Celui-ci est arrivé dans la zone maritime économique exclusive du Japon, dont le Premier ministre a dénoncé un acte "scandaleux".
La Corée du Sud a déjà répliqué en envoyant plusieurs missiles balistiques.

La Corée du Nord a tiré ce jeudi un missile balistique intercontinental (ICBM) qui est arrivé jusque dans la zone maritime économique exclusive du Japon. Le pays a ainsi rompu un moratoire qu'elle s'était auto-imposé depuis 2017 sur ce type d'essai d'arme, au risque de déclencher une spectaculaire montée des tensions dans la région. C'est la première fois en cinq ans que Pyongyang lance une arme aussi puissante.

Un acte scandaleux qui ne peut être pardonné.
Fumio Kishida, Premier ministre japonais

"Nos analyses indiquent que le missile balistique a volé pendant 71 minutes et est tombé vers 15h44 (6h44 GMT) dans la zone économique exclusive, dans la mer du Japon, à environ 150 km à l'ouest de la péninsule d'Oshima" dans l'île septentrionale de Hokkaido, a déclaré le numéro deux du ministère japonais de la Défense, Makoto Oniki.

Il a précisé que le ministère japonais de la Défense n'avait reçu aucune information faisant état de dégâts causés à des navires ou des avions, qualifiant cependant ce tir de "menace sérieuse" pour la sécurité du Japon. "Au moment où le monde fait face à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la Corée du Nord poursuit ses tirs qui aggravent unilatéralement les provocations contre la communauté internationale, ce qui est absolument impardonnable", a déploré Makoto Oniki.

Le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, a également dénoncé "un acte scandaleux qui ne peut être pardonné". "C'est inacceptable", a-t-il ajouté depuis Bruxelles où il se trouvait pour rencontrer les autres chefs d'État et de gouvernement du G7.

Les États-Unis ont aussi condamné "avec force" ce tir et prendront "toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité du territoire américain, de la Corée du Sud et du Japon", selon un communiqué de la Maison Blanche ce jeudi. Ce tir nord-coréen "est une violation insolente de multiples résolutions du Conseil de sécurité des Nations-Unies et augmente inutilement les tensions" dans la région, a réagi la porte-parole de l'exécutif américain Jen Psaki, dans ce texte publié au moment où le président Joe Biden rencontre les alliés des États-Unis à Bruxelles.

La Corée du Sud réplique avec le lancement de missiles balistiques

 Il s'agit "d'une rupture de la suspension des lancements de missiles balistiques intercontinentaux promise par le président Kim Jong Un à la communauté internationale", a de son côté reproché le président sud-coréen Moon Jae-in. "Elle représente une sérieuse menace pour la péninsule coréenne, pour la région et pour la communauté internationale", a-t-il ajouté.

L'armée sud-coréenne a annoncé avoir tiré plusieurs missiles en réponse à l'essai nord-coréen. "En réponse au lancement d'un ICBM par la Corée du Nord, nos armées ont conjointement tiré des missiles depuis le sol, la mer et les airs", à partir de 16h25 (7h25 GMT) en mer du Japon, a indiqué l'état-major interarmées de Séoul dans un communiqué.

Démonstration de force pour l'anniversaire de Kim Il Sung, fondateur du pays

Selon Séoul, un essai de missile par la Corée du Nord le 16 mars dernier s'est soldé par un échec, le projectile explosant dans le ciel au-dessus de Pyongyang peu après son lancement depuis l'aéroport de Sunan, au nord de la capitale. Le régime a gardé un silence complet sur cet événement. Beaucoup d'analystes s'attendaient à ce que Pyongyang, qui célèbrera le 15 avril le 110e anniversaire de la naissance de Kim Il Sung, fondateur du pays et grand-père de Kim Jong Un, se livre à une démonstration de force pour marquer cette fête, la plus importante du calendrier politique nord-coréen.

Les résolutions des Nations unies interdisent à la Corée du Nord, frappée par de lourdes sanctions internationales pour ses programmes nucléaire et d'armement, de procéder à des essais de missiles balistiques. Ce qui n'a pas empêché Pyongyang de réaliser une dizaine de tests de ce type d'arme depuis le début de l'année. Mais il ne s'agissait pas jusqu'à présent de missiles intercontinentaux, même si Washington et Séoul soupçonnent le régime nord-coréen d'avoir testé certains systèmes d'ICBM lors de ces lancements. Le 1er février, les États-Unis avaient demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité des Nations Unies à propos de la Corée du Nord, s'inquiétant des "progrès constants" de ses armes.


Charlotte ANGLADE

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