À LA LOUPE – Des internautes peu scrupuleux repartagent ces derniers jours d'anciens articles de presse qui évoquent un possible départ de la Finlande hors de la zone euro. Cette information n'a rien à voir avec le coronavirus : elle date de 2012 et avait été rapidement démentie.
Pour éviter une faillite à de milliers d'entreprises et réduire l'impact de l'épidémie sur l'économie, le gouvernement a mis en place une série de mesures ces dernières semaines. Prêts garantis, chômage partiel, fonds de solidarité… Autant de dispositifs bienvenus pour les PME ou les grands groupes et leurs salariés, mais qui vont se traduire par une augmentation de la dette publique.
Dans ce contexte, les instances de l'UE sont également mobilisées : la président de la Commission européenne Ursula von der Leyen a ainsi appelé de ses vœux un "plan Marshall" à l'échelle du continent, qui devra à ses yeux se traduire dans "le budget européen". Les États-membres vont-ils profiter de cette crise pour resserrer leurs liens et affronter cette épreuve en commun ? Rien n'est moins sûr si l'on en croit des articles repartagés en masse ces derniers jours. Ils laissent en effet entendre que la Finlande envisagerait un départ de la zone euro afin de ne pas "payer les dettes des autres".
La solidarité #européenne vole en éclat sous la pression de la crise du #coronavirus . La #Finlande préfère se préparer à sortir de l' #euro plutôt qu'à payer les dettes des autres pays de la #zoneeuro , affirme la ministre des Finances Jutta Urpilainen https://t.co/CSiwUwU0Ln — Marc D. (@mselon3) April 18, 2020
Une hypothèse datant de 2012 et démentie sans tarder
Comme on l'observe fréquemment sur les réseaux sociaux, d'anciens articles de presse vieux de plusieurs années sont exhumés et sortis de leur contexte pour leur donner une résonance avec une actualité présente. C'est le cas ici puisque l'article de 20 Minutes commenté en masse depuis quelques jours date de l'été 2012…
Le quotidien avait alors relayé les propos de Jutta Urpilainen, alors ministre des Finances et qui s'exprimait en ces termes : "La Finlande est engagée à être un membre de la zone euro et nous estimons que l'euro est bénéfique pour la Finlande. Toutefois, la Finlande ne s'accrochera pas à l'euro à n'importe quel prix et nous sommes prêts à tous les scénarios, y compris à abandonner la monnaie unique européenne."
Cette déclaration s'inscrivait alors dans un contexte bien différent de celui d'aujourd'hui. En effet, elle faisait suite à un sommet européen où avaient été annoncées "de fortes mesures destinées à soutenir les pays […] chahutés par les investisseurs", tels que l'Espagne et Italie, rappelait 20 Minutes. En réaction, "Helsinki a fait part de sa réticence à permettre au Mécanisme européen de stabilité (MES) d'acheter des obligations sur le marché secondaire".
Ces menaces étaient-elles sérieuses ? Pas forcément, d'autant qu'un porte-parole de la ministre était rapidement revenu sur ces propos en précisant que "toute affirmation selon laquelle la Finlande allait quitter l'euro était simplement fausse".
Les pro-Frexit s'engouffrent dans la brèche
Presque huit ans après cette déclaration, Jutta Urpilainen a quitté le gouvernement finlandais. Elle n'en demeure pas moins une europhile convaincue, comme en témoignent ses fonctions actuelles de commissaire aux partenariats internationaux auprès de la Commission européenne. Preuve de sa volonté de porter la voix d'une Europe unie, elle a notamment fait la promotion ces derniers jours d'un plan d'action visant à aider les partenaires de l'UE "à faire face aux conséquences économiques et sociales de la pandémie", en Afrique notamment.
Il n'est pas forcément surprenant de voir aujourd'hui de tels articles refaire surface. À chaque période d'instabilité majeure, l'unité de l'UE est en effet questionnée par ses détracteurs et utilisée par les partisans d'une sortie des institutions. Ainsi, outre les archives de 20 Minutes, on voit également resurgir une autre publication, signée à la même époque par l'Union Populaire Républicaine de François Asselineau. Ces partisans d'un "Frexit" saluaient alors les déclarations de la ministre finlandaise, une réponse à leurs yeux au "délire européiste".
Contrairement à ce que d'anciens titres de presse pourraient laisser penser, le Covid-19 n'est pas aujourd'hui utilisé par les dirigeants finlandais comme argument pour sortir de la zone euro. La monnaie unique y est toujours en vigueur, et la responsable politique qui avais émis l'hypothèse d'une telle sortie il y a bientôt huit ans fait donc partie, désormais, de la Commission européenne.
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