DIPLOMATIE - La France a rappelé son ambassadeur en Italie pour "des consultations" après une série de "déclarations outrancières" et "d'attaques" sans "précédent". Du jamais vu depuis 1940.
"Les dernières ingérences constituent une provocation supplémentaire et inacceptable". Après plusieurs semaines de vives tensions avec l'Italie, le Quai d'Orsay a voulu marquer les esprits. Ce jeudi, son ambassadeur a Rome a été rappelé en France après une série de "déclarations outrancières". Du jamais vu depuis 1940 et du jamais vu avec un pays de l'Union européenne. Retour sur une crise "sans précédent depuis la fin de la guerre", selon les autorités françaises.
Comment en est-on arrivé là ?
Tout a débuté le 12 juin 2018, sur fond de crise migratoire : Emmanuel Macron dénonce ce jour-là le "cynisme" et "l'irresponsabilité" du gouvernement italien qui a refusé d'accueillir le navire Aquarius et les 630 migrants à son bord, tandis que le porte-parole de son parti La République en marche (LREM) Gabriel Attal déclare que la position de l'Italie est "à vomir". Furieux, le ministre de l'Intérieur italien et dirigeant de la Ligue (extrême droite), Matteo Salvini, exige des excuses, brandissant la menace d'une annulation de la visite à l'Elysée du nouveau chef du gouvernement, Giuseppe Conte. Elle a finalement lieu le 15. Le 22, Emmanuel Macron évoque "la lèpre qui monte" en Europe, "le nationalisme qui renaît, la frontière fermée que certains proposent" et ceux qui "trahissent même l'asile". "Nous sommes peut-être des populistes lépreux, mais moi les leçons je les prends de qui ouvre ses ports. Accueillez les milliers de migrants et après on en reparlera", rétorque Matteo Salvini à "l'arrogant président Macron".
Fin octobre 2018, un clip du gouvernement français relance les hostilités : il appelle les citoyens à voter aux élections européennes de mai 2019 en affichant l'Italien Matteo Salvini et le Hongrois Viktor Orban comme repoussoirs. On y voit des migrants sauvés de la noyade, puis MM. Salvini et Orban haranguant les foules. "Le gouvernement français publie, avec l'argent des contribuables, un clip officiel pour les européennes en m'utilisant comme un épouvantail. Macron et ses amis doivent avoir très peur. En 2019, un printemps des peuples qui va les balayer les attend", réagit Matteo Salvini sur Twitter.
Le soutien italien aux "gilets jaunes", goutte d'eau pour la France
Le 7 janvier 2019, Matteo Salvini et le vice-Premier ministre du gouvernement, Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement Cinq Etoiles (M5S), expriment leur soutien au mouvement des "gilets jaunes" français, dont Emmanuel Macron et sa politique fiscale sont la cible. L'ambassadrice d'Italie en France est convoquée au ministère français des Affaires étrangères pour ces propos jugés "inacceptables". Malgré cela, Di Maio récidive : le 5 février, au cours d'un déplacement à Paris, le vice-Premier ministre a rencontré "le leader des gilets jaunes Christophe Chalençon et les candidats aux élections européennes de la liste RIC d'Ingrid Levavasseur.
Paris rappelle son ambassadeur, et après ?
Pour les autorités, la rencontre avec les Gilets jaunes ne pouvait rester sans réponse. Paris rappelle son ambassadeur en Italie pour "des consultations" le 7 février. Le début de la fin entre le couple franco-italien ? Très vite, les deux chefs du gouvernement italien ont tenté de calmer le jeu. "Nous ne voulons nous fâcher avec personne, les polémiques ne nous intéressent pas: nous sommes des gens concrets et nous défendons les intérêts des Italiens", a écrit Salvini dans l'après-midi. "Le peuple français est notre ami et notre allié. Le président Macron s'en est souvent pris au gouvernement italien pour des motifs politiques en vue des européennes. Cela n'a jamais entamé le sentiment d'amitié qui lie nos pays et n'y parviendra jamais", a renchéri Di Maio.
Il n'empêche : la brouille pourrait encore durer. Notamment en raison des élections à venir. En effet, Matteo Salvini tente d'organiser un front européen de l'extrême droite contre les pro-européens incarnés notamment par le chef de l'Etat français en vue du scrutin du 26 mai. En outre, cette crise est peut-être plus profonde, et ses fondements plus anciens que l'été 2018 : l'une des premières initiatives de Macron, tout juste élu en 2017, fut d'organiser à Paris une conférence internationale sur la Libye - sans consulter l'Italie, ex-puissance coloniale jalouse de son influence et de ses intérêts économiques.
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