CRISE - La moitié des 630 migrants secourus par l'Aquarius veulent demander l'asile en France, dans un dossier qui illustre les errances de la politique migratoire européenne. Le sujet crispe notamment en Allemagne, où la chancelière est menacée par sa droite, ce que n'a pas manqué de souligner Donald Trump dans un tweet justifiant sa propre fermeté aux Etats-Unis.
Leur route est loin d'être finie. Les 630 migrants recueillis par l'Aquarius ont accosté dimanche 17 juin à Valence, en Espagne, une semaine après le refus de l'Italie de voir le bateau de sauvetage rentrer dans l'un de ses ports. "Quasiment la moitié d'entre eux ont manifesté leur volonté de demander l'asile en France, pays ayant offert d'accueillir une partie des personnes voyageant sur le navire", a annoncé ce lundi, au lendemain de leur arrivée, le gouvernement espagnol dans un communiqué.
Le nouveau chef du gouvernement socialiste Pedro Sanchez avait annoncé samedi 16 juin au soir avoir accepté la proposition de la France d'accueillir une partie des personnes secourues dans la nuit du 9 au 10 juin au large de la Libye, en Méditerranée. Le directeur général de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) indique ce lundi à nos confrères de l'AFP qu'une de ses équipes se rendrait à Valence sans doute "dans la semaine (...) pour mener les entretiens et s'assurer que les personnes relèvent bien du droit d'asile".
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En France, l'information n'est pas passée inaperçue, surtout à l'extrême droite, par exemple avec la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen qui a parlé de "benchmarking" des migrants, à l'instar du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb.
Benchmarking, vous avez dit #benchmarking ? La vérité est que nous sommes la destination privilégiée des #migrants en raison de notre laxisme et de notre générosité ruineuse ! MLP https://t.co/4CpXCunyg3 — Marine Le Pen (@MLP_officiel) 18 juin 2018
Le temps que leur statut soit examiné, les migrants vont se voir accorder "un permis d'entrée extraordinaire de 45 jours en Espagne pour raisons humanitaires", précise le gouvernement espagnol. Le refus de l'Italie - pays de premier accueil ayant vu accoster 120.000 migrants en 2017- de laisser le navire humanitaire accéder à ses côtes a plongé l'Union européenne dans une nouvelle crise politique sur la question migratoire.
Grosse erreur dans toute l'Europe que de laisser entrer des millions de personnes
Donald Trump dans un tweet
Un sujet qui crispe notamment en Allemagne, où la chancelière Angela Merkel joue en ce moment son avenir politique, à la suite d'une fronde sans précédent sur la politique migratoire de l'aile la plus à droite de la coalition gouvernementale qu'elle forme avec les sociaux-démocrates. Réclamant plus de fermeté aux frontières, le ministre allemand de l'Intérieur, Horst Seehofer, a menacé ce lundi de fermer les frontières de l'Allemagne "en juillet" aux migrants faute d'un accord entre dirigeants européens en marge d'un sommet fin juin, un ultimatum aussitôt rejeté par la chancelière.
Situation très inconfortable, que le président américain, a commentée ce lundi sur Twitter : "Le peuple allemand est en train de se retourner contre ses dirigeants alors que l'immigration secoue la coalition déjà fragile de Berlin. La criminalité en Allemagne est très en hausse. Grosse erreur dans toute l'Europe que de laisser entrer des millions de personnes qui ont si fortement et violemment changé leur culture !"
The people of Germany are turning against their leadership as migration is rocking the already tenuous Berlin coalition. Crime in Germany is way up. Big mistake made all over Europe in allowing millions of people in who have so strongly and violently changed their culture! — Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 18 juin 2018
We don’t want what is happening with immigration in Europe to happen with us! — Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 18 juin 2018
"Nous ne voulons pas que ce qui se passe avec l'immigration en Europe se passe avec nous !" a-t-il écrit encore, alors qu'il est lui-même sous le feu des critiques dans son pays, depuis que son administration a admis avoir séparé 2000 enfants migrants de leurs parents. Des conséquences qui ont été jusqu'à révulser la Première dame du pays Melania Trump, qui avait indiqué "détester voir des enfants séparés de leur famille".