Le chef de la diplomatie italienne a salué, lundi, les propos d'Emmanuel Macron sur le "devoir de solidarité européenne" envers Rome dans la crise migratoire.Antonio Tajani a, en revanche, largement critiqué l'Allemagne qu'il accuse de financer des ONG aidant les migrants en Italie.Le pays est confronté depuis plusieurs semaines à des arrivées massives, notamment sur la petite île de Lampedusa.
Bon point pour la France, carton rouge pour l'Allemagne. En visite à Paris, lundi 25 septembre, le chef de la diplomatie italienne, Antonio Tajani, a commenté l'attitude de ses partenaires européens face à la crise migratoire qui touche l'Italie, et notamment l'île de Lampedusa ces dernières semaines. Venu rencontrer la ministre des Affaires étrangères française, Catherine Colonna, il a adressé un satisfecit à la "solidarité" de Paris que cette question. "Nous devons faire face ensemble aux problèmes, qui sont européens", a-t-il déclaré.
Lors d'une conférence de presse, Antonio Tajani a assuré que "l'Italie apprécie particulièrement les propos de M. Macron concernant la collaboration en matière d'immigration", alors que le président français avait insisté, la semaine dernière, sur le "devoir de solidarité européenne" envers Rome.
L'Italie attend "des explications" de l'Allemagne
En revanche, le chef de la diplomatie italienne a adressé de violents reproches à l'Allemagne, alors qu'il doit se rendre à Berlin jeudi. "J'attends des explications du gouvernement allemand", a indiqué Antonio Tajani. Samedi déjà, la Première ministre Giorgia Meloni a écrit au chancelier Olaf Scholz pour se plaindre du financement par l'Allemagne d'organisations caritatives aidant les migrants irréguliers dans son pays. La Ligue, le parti anti-immigration du vice-Premier ministre Matteo Salvini, a de son côté affirmé que les financements de Berlin représentaient "une ingérence très grave" dans les affaires italiennes. Un peu plus tard, le ministre de la Défense, Guido Crosetto, membre du parti postfasciste Frères d'Italie de Giorgia Meloni, a quant à lui fustigé la politique "très grave" de l'Allemagne qui met l'Italie "en difficulté".
Interrogé sur la question, le ministère allemand des Affaires étrangères a confirmé de son côté qu'il accordait entre 400.000 et 800.000 euros chacun à deux projets, "pour le soutien à terre en Italie des personnes sauvées en mer et le projet d'une ONG pour des opérations de sauvetage en mer".
Le nombre des arrivants en Italie sur les bateaux en provenance d'Afrique du Nord a augmenté, avec plus de 130.000 migrants enregistrés jusqu'à présent cette année, contre 70.000 pour la même période en 2022. Après l'arrivée de 8500 personnes sur la petite île de Lampedusa en seulement trois jours au début du mois, Rome a demandé à l'Union européenne de faire davantage pour aider à soulager la pression. Dans ce cadre, Antonio Tajani s'est félicité de l'accord conclu par l'UE pour soutenir la Tunisie, pays pourtant très critiqué pour sa façon de traiter les migrants. "Il ne s'agit pas de combattre les migrants, il s'agit de lutter contre les criminels qui exploitent le désespoir de ces personnes", a-t-il affirmé.