Le plutonium militaire, le dernier coup de pression de Poutine sur les Etats-Unis

par Ambre DEHARO
Publié le 31 octobre 2016 à 17h07, mis à jour le 31 octobre 2016 à 17h13
Le plutonium militaire, le dernier coup de pression de Poutine sur les Etats-Unis
Source : Alexei Druzhinin/AP/SIPA

ESCALADE - Alors que les tensions entre les Etats-Unis et la Russie n'ont jamais été aussi élevées depuis la fin de la guerre froide, Vladimir Poutine vient de signer la loi suspendant l'accord passé en 2000 entre les deux pays sur le recyclage du plutonium militaire.

Risque de Troisième Guerre mondiale, retour de la Guerre froide... le gel des relations entre la Russie et les Etats-Unis ne réveille pas de bons souvenirs. Et Moscou n'est vraisemblablement pas prête à rassurer les esprits. Lundi 31 octobre, Vladimir Poutine a signé une loi, en vigueur dans la seconde, suspendant l'accord sur le recyclage du plutonium militaire avec les Etats-Unis. Cet accord avait été signé en 2000 entre le président russe et Bill Clinton. Il prévoyait que chacun des pays recycle en combustible civil quelque 34 tonnes de plutonium provenant de leur immense stock respectif d'ogives nucléaires. Stock hérité de la Guerre froide. Sa réduction devait traduire une volonté des deux puissances de limiter sa capacité d'action nucléaire.

Cependant, Vladirmir Poutine évoque des "actions inamicales" de la part des Etats-Unis afin de justifier la suspension de cet accord. La loi allant dans ce sens avait été votée au début du mois d'octobre par la Douma, la chambre basse du Parlement russe. Elle avait par la suite été approuvée par le Conseil de Fédération, la chambre haute. Mais Vladimir Poutine se réservait le droit de faire marche arrière si les Etats-Unis cessaient leur campagne d' "hostilités" envers la Russie. Le président russe voyait dans le comportement des Américains "une menace pour la stabilité stratégique".

Depuis des mois, les deux pays s'affrontent régulièrement sur le dossier syrien, d'où les peurs d'une dérive et de l'éclatement d'une troisième guerre à portée mondiale. La Russie persiste à apporter son aide au régime de Bachar al-Assad tandis que les Etats-Unis souhaitent le départ du dictateur syrien et soutiennent l'opposition. Plus tôt dans le mois, les deux pays ont rompu leurs négociations sur le sujet, malgré les tentatives de trêves humanitaires. 

Le chantage de Poutine

Mais Vladimir Poutine ne referme pas complètement la porte sur cet accord vieux de seize ans. La loi qu'il a signée laisse la possibilité d'un retour en arrière si Washington répond aux exigences de Moscou. Autrement dit, si elle retire ses forces des pays ayant intégré l'Otan après 2000, et si elle met fin aux sanctions actuellement en vigueur contre Moscou tout en versant une compensation financière pour les pertes fiancières engendrées. Ces sanctions font suite à l'annexation de la Crimée par la Russie en 2014. Une liste, la liste SDN, avait été dressée à l'époque par le ministère américain de la Défense sur laquelle figurent les noms des personnes physiques et morales interdites notamment de séjour sur le territoire des Etats-Unis ou d'affaires avec des citoyens américains.

Certaines de ces sanctions sont imposées au géant américain Gazprom ainsi qu'au pont en construction devant relier la Crimée à la Fédération de Russie. Vladimir Poutine entend donc affirmer une fois de plus sa puissance en forçant les Etats-Unis à céder à ses exigences s'ils veulent voir l'accord sur le recyclage du stock de plutonium militaire rétabli. Faute de quoi, ce stock restera en l'état, et l'engagement contre la prolifération d'armes nucléaires ne sera plus. 

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