Sur internet, on assure que Payton Gendron, qui a assassiné dix personnes aux Etats-Unis, a des liens avec le régiment nationaliste ukrainien Azov.En cause : un symbole qu’ils auraient en commun.Si le suspect s’est approprié le Soleil noir, qui se retrouve chez Azov, il ne semble pas se référer au bataillon ukrainien.
Adepte de la théorie complotiste du "Grand Remplacement", le tueur présumé de Buffalo entretiendrait aussi des liens avec Azov, ce bataillon intégré à l’armée ukrainienne et connu pour compter des néonazis dans ses rangs. Payton Gendron, un suprémaciste blanc âgé de 18 ans, est accusé d’avoir assassiné dix personnes dans un supermarché de Buffalo, aux États-Unis, samedi 14 mai. Depuis dimanche, des captures du manifeste raciste, qu'il a publié en ligne avant sa tuerie, circulent et notamment l’image d'un des symboles qui y apparait.
D’après plusieurs tweets, dont l’un a été largement partagé, ce symbole serait celui utilisé par le régiment ukrainien. "Tout le monde parle de la théorie du Grand Remplacement et de Renaud Camus mais personne ne parle des symboles que le tueur de Buffalo a en commun avec le régiment Azov", reprend une autre publication. Le symbole cité ici, qui est un soleil noir sur un fond blanc, est un symbole ésotérique, qui fait référence aux saisons. Mais il est aussi issu de l’esthétique nazie.
À l’origine, il ornait le sol de l’une des salles principales du château de Wewelsburg, habité par l’un des plus hauts responsables SS, Heinrich Himmler, et qui avait vocation à devenir un quartier général nazi. Puis, le soleil noir a traversé l’Histoire en étant repris par la propagande néonazie et des groupes et individus d’extrême-droite, comme le terroriste Brenton Tarrant, qui a tué 51 personnes dans deux mosquées de Christchurch, le 15 mars 2019.
Il se retrouve aussi sur un drapeau d’Azov, un temps utilisé comme l’insigne officielle du régiment, d'après Adrien Nonjon, spécialiste de l’Ukraine et de l’extrême-droite post-soviétique à l’Inalco : "L’écusson du soleil noir et des lettres IN (pour 'idée de la nation', ndlr) a été utilisé à la fin de l’été 2014. Avant cela, le bataillon Azov n’existait pas sous ce nom et avait un autre écusson. C’est juste après que ce symbole est apparu et compte tenu de sa problématique, il a été remplacé par quelque chose de plus neutre : l’écusson actuel qui désigne simplement les lettres IN renversées sur le côté. Le soleil noir a disparu mi-2015, fin 2016, lorsqu'il y a eu un grand ménage et une volonté du régiment de se dépolitiser".
Aujourd’hui, il parait difficile d’estimer le nombre de soldats d’Azov qui affichent encore ce symbole. Les seules photographies que nous avons pu retrouver remontent à 2015 ou avant cela. Par exemple, l’image de l'AFP ci-dessus renvoie à une cérémonie en octobre 2014. "On le retrouve, c’est l’écusson historique", souligne Adrien Nonjon. "Ces symboles se sont beaucoup 'mainstraimisés' et les Ukrainiens les arborent car ils les trouvent jolis. Ce n’est pas mal vu en Ukraine." Et si des symboles sont parfois présentés comme étant d'inspiration nazie, (l'écusson actuel est assimilé à une "Wolfsangel" inversée aux couleurs bleu et jaune), d’autres images ont également été sorties de leur contexte depuis le début de la guerre.
Maintenant, qu’en est-il de son appropriation par le tueur présumé de Buffalo et de ses liens avec Azov ? Le soleil noir figure bien en première page du manifeste raciste écrit par Payton Gendron et que nous avons pu consulter. Dans ce texte de 180 pages qui théorise un "génocide blanc" et détaille les étapes à venir de son massacre, le soleil noir se retrouve aussi cité page 152, parmi le matériel qu’il cherche à se procurer : "2 patches Soleil noir : Bonne esthétique sur mon porte-plaque noir multicam :)".
Hormis ces deux références, le manifeste ne comporte aucune mention du bataillon Azov ou bien du conflit ukrainien. En revanche, le tueur de Christchurch, qui avait repris le symbole à son compte, est cité plusieurs fois en exemple. Payton Gendron estime même que c’est ce dernier qui l’a "le plus radicalisé" dans sa vision et inspiré en filmant sa tuerie en direct sur Facebook.
Ayant adopté un mode opératoire similaire, avec un live entamé sur Twitch, le suspect semble avoir utilisé le soleil noir avant tout pour son esthétique et sa symbolique, plus que pour son utilisation par le régiment ukrainien. "Il se retrouve dans les subcultures d’extrême-droite européennes et américaines, c’est un symbole qui fait partie de la culture suprémaciste", appuie d'ailleurs Adrien Nonjon. Arrêté juste après l’attentat, le suspect est poursuivi pour "meurtre avec préméditation" et a plaidé non coupable lors de sa première comparution judiciaire.
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