Nicolas Dupont-Aignan et Raphaël Glucksmann, s'ils ne partagent pas la même vision du conflit en Ukraine, font un constat commun.Les deux élus soulignent que les importations de gaz en provenance de Russie n'ont pas diminué avec la guerre, bien au contraire.C'est exact : l'Europe aurait d'ailleurs versé environ 35 milliards d'euros à la Russie depuis le 24 février afin de s'approvisionner en hydrocarbures.
Peut-on se passer du gaz russe ? Nicolas Dupont-Aignan n'y croit pas et juge que voir l'Europe tourner le dos à Moscou serait irréaliste en raison de la dépendance de pays tels que l'Allemagne aux hydrocarbures russes. "Depuis le début de l'offensive russe, jamais l'Europe n'a autant augmenté ses achats de gaz à la Russie", a-t-il d'ailleurs assuré ce jeudi 7 avril sur le plateau de LCI. Un discours qui fait écho à celui de l'eurodéputé Raphaël Glucksmann. Favorable à de plus vastes sanctions à l'égard du Kremlin, il se désole de voir l'UE continuer à acheter des hydrocarbures à son belliqueux voisin. Les importations européennes de gaz russe "ont massivement augmenté (en valeur et en volume) depuis l’invasion", a-t-il pesté sur Twitter cette semaine.
35 milliards d'euros versés
Pour visualiser les volumes de gaz importés depuis la Russie par l'Europe, il faut se pencher sur les données du Réseau européen des gestionnaires de réseau de transport de gaz, l'ENTSOG, qui propose de retracer les volumes transitant chaque jour en provenance des pays producteurs. Voici les courbes depuis le début de l'année, montrant les gigawatts/heure quotidiennement importés par l'Europe via le "corridor est". Derrière ce terme ? Les approvisionnements russes.
À l'approche du début du conflit, mi-février, on observe que les importations européennes ont commencé à se renforcer. Elles se sont stabilisées sur un plateau très élevé durant près de trois semaines, avant de chuter puis de repartir à la hausse. Si bien qu'elles dépassaient fin mars les niveaux maximums enregistrés depuis le 1er janvier.
TF1info a sollicité Ludovic Subran, chef économiste du groupe Alliance afin de disposer des données les plus récentes. À partir d'éléments fournis par l'ENTSOG, il nous offre une vision de la situation au 6 avril. On observe une forme de stabilisation des importations, avec des quantités de gaz en provenance de Russie toujours conséquentes. Si les couleurs du graphique ci-dessous représentent des canaux d'approvisionnement différents, les hydrocarbures concernés proviennent en totalité de Russie. Les propos de Nicolas Dupont-Aignan sont inexacts puisque les niveaux actuels ne sont pas les plus élevés depuis le début du conflit, mais lui et Raphaël Glucksmann ont tous les deux raison lorsqu'ils évoquent les importations toujours très soutenues depuis la Russie jusque dans l'UE en ce qui concerne le gaz.
Lorsque l'on tente de se représenter les sommes d'argent qui sont en jeu via ces échanges, les chiffes donnent le tournis. Josep Borrell, le Haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères, a ainsi expliqué que les pays européens ont versé environ un milliard d’euros par jour (35 milliards au total) à la Russie afin de garantir leur approvisionnement en énergie (incluant gaz, pétrole et charbon). L'illustration d'une forme de dépendance aux hydrocarbures russes, alors même que les 27 réfléchissent à de nouvelles sanctions économiques, visant précisément le secteur de l'énergie.
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