Les bons réflexes à avoir pour éviter de se retrouver piégé dans un mouvement de foule

par Maëlane LOAËC
Publié le 31 octobre 2022 à 19h41

Source : JT 20h WE

Une bousculade meurtrière a fait au moins 154 victimes samedi soir à Séoul, en Corée.
Des drames similaires se sont déjà produits au cours des dernières années.
Si ce risque reste difficile à évaluer et à anticiper, les experts recommandent de rester vigilant en amont des événements.

Pris de vitesse, les secours n'ont pas réussi à éviter le drame : au moins 154 personnes ont perdu la vie samedi soir à Séoul, en Corée, après une bousculade d'ampleur dans le quartier d'Itaewon, saturé de visiteurs à l'occasion des fêtes d'Halloween. Avant ce drame, plusieurs mouvements de foule meurtriers ont déjà fait des centaines, voire des milliers de victimes à travers le monde. Mais "le grand public n’est pas nécessairement sensibilisé" à ces risques, déplore Mehdi Moussaïd, chercheur à l’institut Max Planck et spécialiste des comportements de la foule, sollicité par TF1info. 

Une fois embourbé dans une bousculade, il est quasiment impossible de s'en extraire. "Ce serait très dangereux de faire croire qu'il y aurait une solution miracle à appliquer", nous met en garde Julien Pettré, chercheur à l'Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria), spécialiste de simulation des mouvements de foule. Mais des réflexes de vigilance en amont peuvent permettre de limiter le risque de se retrouver piégé.

Contourner tant que possible les zones de surdensité

Tous les experts conseillent donc de quitter les lieux en cas de forte affluence, en partant dans la direction inverse de la zone de surdensité, tant que cela est possible. "Si vous commencez à vous sentir mal ou à être trop serrés, c’est qu’il est encore temps de partir pour vous mettre à l’abri, et du même coup réduire la densité pour ceux restés sur place, et donc diminuer le risque de danger pour tout le monde", abonde Mehdi Moussaïd. 

Il arrive fréquemment en effet que des personnes déjà collées les unes aux autres continuent à avancer, ne se doutant pas du danger qu'elles encourent et augmentant la pression sur ceux déjà bloqués au milieu de la foule. "Il n'est pas rare de voir, dans un festival, des gens qui dansent à quelques dizaines de mètres de gens qui meurent", signale le spécialiste.

À compter de six personnes par mètre carré, le risque de compression est présent, mais lorsque l'on est soi-même immergé dans la foule, il est bien difficile de s'en rendre compte. Seule solution : "répondre à ses émotions, son instinct", poursuit Mehdi Moussaïd. Si chacun peut avoir son propre seuil de tolérance face à une foule, l'objectif reste d'éviter de se retrouver dans "dans l'impossibilité de se faufiler et de partir sans avoir à pousser des gens", note Bertrand Maury, mathématicien de l'université Paris-Saclay et spécialiste de modélisation des mouvements de foule, que nous avons également sollicité. Il rappelle aussi un principe de bon sens : "ne pas rentrer dans une foule déjà saturée".

Quelques gestes utiles au milieu de la foule

Si malgré tout, vous vous retrouvez immobilisé au milieu d'un mouvement de foule et que la pression s'accroît, "chercher à s'enfuir à tout prix n'est pas la bonne solution, car une poussée, même légère, peut provoquer des mouvements de force très importants", ajoute-t-il. "Quand on est coincé, il n'y a pas grand-chose à faire à part attendre que ça se passe et rester le plus calme possible." 

Certains gestes peuvent toutefois s'avérer utiles. Il est ainsi recommandé de se laisser porter par le mouvement au lieu de dépenser de l'énergie à lui résister, comme l'explique Mehdi Moussaïd dans la vidéo ci-dessous, issue de sa chaîne YouTube de vulgarisation "Fouloscopie". Évitez donc de vous retrouver au niveau de parois ou de tout obstacle statique, sur lesquels vous risquez d'être bloqué. "Il faut aussi garder son oxygène, la ressource la plus précieuse, en évitant de crier, même si c’est très instinctif", ajoute l'expert, qui recommande par ailleurs de rabattre les bras devant son buste pour le protéger des pressions et "libérer quelques centimètres" pour la respiration. Enfin, "une foule solidaire a plus de chance de survie qu’une foule d’individualistes", signalait le chercheur dans un article de 2019

Des simulations en amont offrent aussi la possibilité d'anticiper un éventuel phénomène de foule. Sur le moment même, et des outils informatiques permettent d'ores et déjà d'évaluer le risque de compression sur une zone donnée, notamment grâce à des caméras de surveillance. Mais ces derniers sont relativement coûteux, et donc surtout utilisés lors de grands évènements encadrés, et rarement lors de rassemblements dans les rues, comme ce fut le cas à Séoul. 

Le terrain reste ainsi à défricher : "comprendre et étudier ces phénomènes complexes est le meilleur moyen de les appréhender et les prévenir", explique Julien Pretté, à la tête du projet européen CrowdDNA, qui étudie de nouveaux modèles de simulation pour mesurer les mouvements de foule et aider les gestionnaires d'espaces publics à se prémunir des risques. Sa mission : mettre au point des sortes de GPS de l'affluence, pour repérer les signes précurseurs d'un danger et réagir au plus tôt.


Maëlane LOAËC

Tout
TF1 Info