Un internaute affirmait ce dimanche que les Pays-Bas comptent réduire leur production de produits laitiers "de 70%".De quoi créer une "pénurie alimentaire" au prétexte de "sauver la planète", d'après cet internaute.Ce chiffre a été décontextualisé.
Le monde fait face à un risque accru de famine. Mais l'un des plus gros producteurs laitiers préfèrerait "sauver la planète" que nourrir le monde. C'est, en substance, la théorie partagée par un internaute ce dimanche 3 juillet. Sur Twitter, un compte suivi par près de 68.000 personnes a affirmé que les Pays-Bas – qu'il décrit comme "le premier producteur de produits laitiers en Europe" – auraient "décidé de réduire leur production de 70% pour sauver la planète". Alors, une "pénurie alimentaire" est-elle réellement "orchestrée par des idéologues et des technocrates", comme croit le savoir cet internaute ? Pas vraiment.
Baisser de 70% les émissions d'azote dans certaines zones
En fait, plusieurs erreurs se cachent dans sa publication. Tout d'abord, le gouvernement ne souhaite pas réduire aussi radicalement la production laitière, loin de là. Le chiffre de 70% représente en fait un objectif de baisse des émissions d'oxyde d'azote dans certaines zones du pays. Le 10 juin dernier, le gouvernement a en effet annoncé un plan de grande ampleur pour faire baisser les émissions de ce gaz à effet de serre venant des élevages et de l'utilisation d'ammoniac dans les engrais pour l'agriculture. Dans un communiqué, la ministre néerlandaise de la Nature et de l'Azote, Christianne van der Wal, a précisé que ces émissions devront baisser jusqu'à 70% dans 131 zones clés, contre 12% aujourd'hui. "Parce que les zones diffèrent, l'approche diffère également par zone", a-t-elle écrit. Ces zones sont notamment proches de réserves naturelles et de terres protégées.
Vandaag stellen we de richtinggevende doelen vast van wat er per gebied moet gebeuren om stikstofuitstoot te verlagen. Ik ben mij ervan bewust dat dit pijn doet: het laat zien dat de opgave heel groot is. Dat vraagt veel van iedereen in deze gebieden. ⤵️ https://t.co/kun7yOx3V1 pic.twitter.com/pwLFLJHR8N — Christianne van der Wal-Zeggelink (@MinisterNenS) June 10, 2022
Si les douze provinces du pays doivent préparer des suggestions, qu'elles présenteront l'an prochain, pour atteindre cet objectif, il est clair que projet devrait avoir pour conséquence une baisse de 40% des gaz à effet de serre pour la seule agriculture. Pour ce faire, d'après le ministère, seules trois options s'offrent aux agriculteurs. Rendre leur exploitation plus durable – via une diminution du nombre de bêtes par hectare, la contribution à la séquestration du carbone ou la gestion de l'eau et de la nature - la délocaliser ou cesser purement et simplement leur activité.
Ce qui signifie "environ 30% de bétail en moins", d'après les informations de la ministre citée dans la presse. Une transition "radicale, mais nécessaire", du propre aveu de la ministre de la Nature et de l'Azote, dont l'intitulé de poste montre l'ampleur du problème dans le pays. Car les Pays-Bas sont l'un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre en Europe - et d'azote en particulier. Une situation en partie liée à ses nombreux troupeaux. Le petit pays de 17,5 millions d'habitants compte près de quatre millions de bovins, 12 millions de porcs et 100 millions de poulets. Des animaux qui ne sont toutefois pas nécessairement destinés aux produits laitiers, contrairement à ce qu'a affirmé l'internaute. Si le pays est le deuxième exportateur agricole au monde après les États-Unis, il n'est pas le premier producteur de produits laitiers en Europe. Sur le podium, il n'arrive qu'en troisième position, derrière l'Allemagne et la France.
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