ASSASSINAT - L'avocate libyenne Hanane Al-Barassi, 46 ans, a été abattue ce mardi à Benghazi, dans le Nord-Est de la Libye. Son tort ? Soutenir les femmes victimes de violences en leur donnant la parole sur les réseaux sociaux et critiquer les groupes armés de Khalifa Haftar.
L'avocate a été froidement abattue à Benghazi, en Libye, ce mardi alors qu'elle se trouvait dans sa voiture. "Hanane Al-Barassi a été tuée par balle dans l'une des plus grandes artères commerciales", détaille une source anonyme à l'AFP.
Cette figure médiatique libyenne incontournable donnait la parole aux femmes victimes de violences dans des vidéos qu'elle diffusait ensuite sur les réseaux sociaux. "Quelques minutes avant [son meurtre], elle diffusait une vidéo en live sur Facebook", indique la même source. Dans cette séquence, l'avocate, qui se disait "menacée", critiquait des groupes armés proches de Khalifa Haftar, l'opposant du Gouvernement d'union nationale (GNA) basé dans l'Ouest du pays et reconnu par l'ONU.
Amnesty International denounces the assassination of lawyer Hanan al-Barassi, who was shot today in Benghazi in public. Hanan has been vocal in criticizing the corruption of several individuals affiliated to the armed groups in Eastern #Libya (1/3). pic.twitter.com/ER5HUXlLib — amnestypress (@amnestypress) November 10, 2020
Ainsi, son assassinat ne serait pas dû au hasard. "La veille de sa mort, Hanane a déclaré sur les réseaux sociaux qu'elle allait publier une vidéo exposant la corruption du fils du dirigeant de la LAAF [armée nationale Libyenne autoproclamée par Khalifa Haftar], Saddam Haftar", selon Amnesty International. "L'assassinat de Hanane met en évidence la menace qui pèse sur la vie des femmes qui s'expriment sur les questions politiques en Libye", affirme l'ONG.
Ce meurtre a suscité de vives émotions à travers le pays. C'est une nouvelle "effrayante et épouvantable et un rappel douloureux de la réalité sur le terrain, en particulier pour les femmes", a fustigé sur Twitter une autre avocate Libyenne, Elham Saudi, également connue pour son engagement associatif. Cela "rappelle d'autres crimes pour lesquels personne n'a été puni", lance Hanan Salah, chercheuse à l'ONG Human Rights Watch (HRW). Cette dernière fait notamment référence à la disparition il y a un an et demi de Siham Sergewa, une députée libyenne qui n'a toujours pas été retrouvée depuis.
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Hanane Al-Barassi a été inhumée le jour même dans un cimetière de la ville. Des images de ses obsèques ont circulé sur les réseaux sociaux, notamment celle de la stèle tombale où l'on peut lire "martyre de la vérité."
De son côté, l'ONU a condamné l'assassinat de la militante, appelant les autorités du pays à agir pour "mettre fin à l'impunité". Les responsables libyens "doivent mettre leurs divergences de côté" et ouvrir "une enquête rapide et approfondie" afin que "les auteurs soient traduits en justice", termine l'organisation internationale pour la paix.