Lutte contre le terrorisme : faut-il s'inquiéter du fichier préparé par l'UE ?

Publié le 29 janvier 2015 à 16h38
Lutte contre le terrorisme : faut-il s'inquiéter du fichier préparé par l'UE ?

EUROPE - La Commission européenne soutient un projet de loi visant à créer un gigantesque fichier numérique répertoriant les données personnelles de tous les passagers empruntant un vol au départ ou à destination d'un pays de l'Union européenne. L'adresse, le numéro de carte bleue ou les préférences alimentaires (comme halal ou casher) pourront être demandées. Ce qui indigne certains défenseurs des libertés civiles.

Quel genre d'informations personnelles seriez-vous prêts à confier aux services de lutte contre le terrorisme pour "faciliter" leur travail ? C'est le débat que relance un projet de la Commission européenne, révélé par The Guardian mercredi , visant à collecter massivement les données des passagers embarquant sur un vol au départ ou à destination d'un pays membre de l'Union européenne.

Numéro de passeport, nom, genre : quiconque a déjà pris l'avion ne s'offusquera pas de savoir que ces données, si le projet est adopté par le Parlement européen, nourriront une fiche numérique consacrée à chaque voyageur et conservée dans une gigantesque base de données pendant cinq ans minimum. Mais qu'en est-il de votre adresse, de votre numéro de téléphone ou des informations relatives à votre moyen de paiement (si c'est une carte bancaire : numéro, date d'expiration et code confidentiel à 3 chiffres) ? Au total, ce sont 42 informations de ce genre qui pourront vous être demandées.

Passagers "halal"

Les préférences alimentaires y figureront aussi, indique le quotidien britannique. Passe encore si vous êtes végétarien ou que vous ne mangez pas de gluten. Mais cocher "casher" ou "halal" reviendra presque au même que de déclarer que vous êtes juif ou musulman. Or, la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) rappelle sur son site web qu'en Francen les données relatives à l'appartenance religieuse ne peuvent être recueillies sans l'accord de la personne.

Le projet de la Commission n'est à vrai dire pas si nouveau que cela. Des informations similaires sont déjà requises concernant les passagers européens désirant se rendre aux Etats-Unis, au Canada et en Australie. A l'échelle européenne, un premier système d'exploitation de grande ampleur des données des dossiers passagers (Passenger Name Record, dit PNR) avait déjà été proposé en 2011 et aussitôt été bloqué par la Commission des libertés civiles du Parlement européen. Mais à la faveur des attentats survenus à Paris début janvier, un projet légèrement modifié a été relancé, avec l'appui du gouvernement français.

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Indignation en Europe

La façon dont ces données seront collectées n'a pas encore été précisée, mais les défenseurs des libertés individuelles s'indignent déjà. "Plutôt que d'analyser massivement les PNR, il faudrait plutôt surveiller de plus près les suspects et les vols à risque", a réagit Jan Philipp Albrecht, vice-président de la Commission des libertés civiles du Parlement, interrogé par le Guardian. Et la contestation pourrait prendre de l'ampleur.


La rédaction de TF1info

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