Mali : les pièges du désert pour les pilotes d’hélicoptères

Léa Tintillier | Reportage E. Lefebvre, F. Le Goïc
Publié le 6 février 2022 à 17h21

Source : JT 13h WE

L’exécutif se donne deux semaines pour réfléchir à la présence de la France au Mali.
Sur la base de Djibouti, les pilotes d’hélicoptères se forment à l’atterrissage sur le sable.
Un apprentissage indispensable pour aller chercher d’éventuels soldats blessés en urgence.

Après le renvoi de notre ambassadeur par la junte militaire au pouvoir à Bamako, l’exécutif se donne deux semaines pour réfléchir à la présence de la France au Mali. Cela fait maintenant neuf ans que les soldats français ont dû apprendre à s’adapter à cet environnement désertique. 

Sur la base de Djibouti, les pilotes d’hélicoptères se préparent à l’atterrissage sur le sable, ennemi redoutable. Un nuage de poussière avale l’appareil et balaye tous les repères. Théo est un jeune pilote, prêt à partir en exercice à bord d’un hélicoptère Gazelle. Il est toujours équipé d’un gilet de survie. "C’est ce qui va nous permettre, en cas de problème, en cas de crash ou de panne dans le désert, d’avoir le minimum vital. On a un couteau coupe sangle qui nous permet de pouvoir couper la ceinture en cas de crash et derrière on a une balise qu’on va emporter avec nous et qui se déclenchera automatiquement si jamais on a un problème", explique-t-il dans le reportage du 13 h de TF1 en tête de cet article. 

Théo connaît le désert par cœur de manière virtuelle. Car il a fait des heures de simulateur. Mais ce jour-là, avec son instructeur, c’est la première fois qu’il apprivoise la manœuvre du posé poussière, pour déposer ou extraire un commando par exemple. Sur le sol français, c’est infaisable. "Il y a une surprise et elle arrive souvent dans les cinq dix derniers mètres", affirme l’instructeur alors que l’appareil se rapproche du sol et disparaît dans le sable. 

Un apprentissage indispensable

Il est impossible pour les pilotes d’anticiper la nature du terrain, donc du nuage de poussière qui va quasiment les aveugler. "Si vous arrivez trop lentement, en fait, avec le souffle du rotor sur le sol, vous décollez la poussière du sol, elle s’élève vers l’hélico, ça fait des tourbillons qui nous empêchent de voir le sol", poursuit l’instructeur. 

L’apprentissage est progressif et indispensable avant d’être engagé sur l’opération Barkhane, par exemple. "On a réussi à se poser à chaque fois, je n’ai pas fait peur à mon chef de bord donc c’est une bonne chose", sourit Théo. Ce que confirme l'instructeur. 

Des exercices de nuit dans l’obscurité la plus totale

L’exercice est validé de jour, mais ce n’est rien par rapport à ce qui l’attend de nuit. À Djibouti comme au Mali, la lune disparaît totalement une dizaine de nuits par mois. Sans aucune lumière, le pilotage devient alors extrêmement complexe. Tout repose sur des jumelles de vision nocturne. "À partir du moment où je vais rabattre les jumelles sur mon visage, je vais commencer à avoir toute la vision en vert. Par rapport à la situation normale, où on peut avoir une vision périphérique à gauche et à droite, ma vision est limitée aux deux petits tubes, donc à 40 degrés", explique le capitaine Quentin. "Ça nécessite ensuite de balayer de gauche à droite pour reconstituer l’image qu’on pourrait avoir d’habitude. Ça a tendance à écraser un petit peu le relief donc avec le balayage, ça nous redonne une impression de profondeur", ajoute-t-il. 

Malgré les risques, ces vols de nuit sont quotidiens au Sahel. Les pilotes d’hélicoptères y sont en quelque sorte des anges-gardiens chargés de protéger les troupes au sol ou d’aller chercher d’éventuels blessés en urgence. 


Léa Tintillier | Reportage E. Lefebvre, F. Le Goïc

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