Mali : pour les journalistes, "impossible de travailler de façon indépendante"

par Charlotte ANGLADE
Publié le 5 mai 2021 à 14h27, mis à jour le 5 mai 2021 à 18h52

Source : TF1 Info

INSÉCURITÉ - Dans une vidéo circulant ce mercredi sur les réseaux sociaux, le journaliste Olivier Dubois dit avoir été enlevé par un groupe djihadiste au Mali. Un pays où la menace djihadiste est vivace, compliquant de fait le travail des médias sur place.

Six mois après la libération de la dernière otage française, Sophie Pétronin, un journaliste français, Olivier Dubois, affirme avoir été kidnappé début avril au nord du Mali par des djihadistes affiliés à Al-Qaïda. Dans une vidéo d'une vingtaine de secondes, il s'adresse à sa famille, à ses amis et aux autorités françaises "pour qu'elles fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour me faire libérer". La provenance de ce document, qui circule depuis ce mercredi sur les réseaux sociaux, est toujours indéterminée et est "actuellement en cours d'authentification" a indiqué Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, mercredi. Le Quai d'Orsay a de son côté confirmé la disparition de ce journaliste freelance, collaborant notamment avec Libération et Le Point.

Selon l'ONG Reporters sans frontières (RSF), que nous avons contactée, Olivier Dubois se révèle être "un fin connaisseur du Mali". "Il est aguerri, il n’est pas parti dans cette région sans connaissance du terrain", assure Pauline Adès-Mevel, porte-parole de l'ONG. Pour autant, travailler dans cette zone de manière indépendante est "pratiquement impossible depuis des années", indique le grand reporter et chef du service étranger de TF1, Michel Scott. "Les journalistes qui le veulent le font de manière encadrée, avec l’armée française et un maximum de sécurité", rapporte-t-il.

Le GSIM, l'une des deux grandes alliances combattues par la France au Sahel

Le Mali est en proie depuis 2012 à une poussée djihadiste partie du Nord, qui a plongé le pays dans une crise sécuritaire et s'est étendue au centre du pays. En novembre 2013, les deux journalistes français de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, ont été assassinés à Kidal, dans le nord-est du pays. 

Ces régions sont depuis en proie à des groupes armés plus ou moins radicaux et demeurent dangereuses et peu accessibles, comme en attestent le meurtre d'un journaliste à Tombouctou en 2015 ou la prise d’otage d’un autre lors d’un séjour privé dans le centre du pays, fin 2018, souligne RSF.

 Lors de son apparition dans la vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, Olivier Dubois affirme avoir été enlevé à Gao, qui est "une forte zone d’activité djihadiste", indique Michel Scott. Il serait détenu par le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), l'une des deux grandes alliances que combat la France au Sahel, "plutôt affiliée à Al-Qaïda".

La semaine dernière, deux reporters espagnols et un Irlandais ont été assassinés dans la même région, "mais par un autre groupe", indique Pauline Adès-Mevel, de RSF. Ils étaient en reportage avec une patrouille anti-braconnage sur la route menant à la réserve naturelle de Pama, dans l’est du Burkina Faso. "Ce parc se situe à proximité de la zone dite des trois frontières (Mali, Niger, Burkina Faso) où sévissent plusieurs groupes armés actifs dans le Sahel", précise RSF, qui rappelle que le Burkina Faso occupe la 37e place sur 180 dans son classement mondial de la liberté de la presse, et que le Mali se place 99e.


Charlotte ANGLADE

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