INTERNATIONAL - Dans une vidéo diffusée ce mercredi, le journaliste français Olivier Dubois dit avoir été enlevé début avril par des djihadistes au Mali. Derrière cette opération, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, affilié à Al-Qaïda.
La journaliste Olivier Dubois, qui collabore avec divers médias français, dit avoir été enlevé le 8 avril à Gao, dans le nord du Mali, par des éléments du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM, ou Jnim en arabe), nébuleuse djihadiste affiliée à Al-Qaïda. Une enquête préliminaire pour "enlèvement en bande organisée" et "en relation avec une entreprise terroriste" a été ouverte ce mercredi. Il s'était rendu de sa propre initiative à Gao en vue d'un entretien avec un commandant du GSIM, Abdallah Ag Albakaye, selon des informations recueillies par l'AFP auprès de différents interlocuteurs militaires et diplomatiques.
Un groupe créé en 2017
Le GSIM naît en 2017 de l'union sous la même bannière de plusieurs groupes : Ansar Dine (créé en 2012 par Iyad Ag Ghaly), la katiba Macina (créée par Amadou Koufa en 2015), et Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi, dirigé par l'Algérien Droukdal jusqu'à sa mort en juin 2020 au Mali sous le feu de l'armée française et dont l'actuel chef est une figure du djihad algérien, Abou Oubaïda Youssef al-Annabi).
Lire aussi
Enlèvement au Mali : Olivier Dubois, un journaliste "aguerri" et "fin connaisseur" du pays
Lire aussi
Mali : pour les journalistes, "impossible de travailler de façon indépendante"
Le GSIM est dirigé par Iyad Ag Ghaly, incontournable depuis plusieurs décennies sur l'échiquier sahélien. D'abord à la tête d'une rébellion touareg dans les années 1990, il se retire ensuite pour faire des affaires avant de revenir sur le devant de la scène en 2012.
C'est à cette époque que ce personnage charismatique crée Ansar Dine, groupe djihadiste qui collabore d'abord avec le mouvement rebelle indépendantiste MNLA pour prendre le contrôle de larges pans du nord du Mali. Mais il évince vite ce dernier et s'affirme comme un des principaux acteurs du conflit dans le nord du pays. Plusieurs villes y sont restées sous domination djihadiste jusqu'à l'intervention militaire française en 2013.
À l'origine de plusieurs attentats
Ces dernières années, plusieurs attentats ont été revendiqués par ce groupe. C'est notamment lui qui a causé la mort de soldats français au Mali. Le 28 décembre 2020, trois d'entre eux étaient tués dans l'explosion de leur véhicule blindé. Cinq jours plus tard, deux autres soldats de l'opération Barkhane perdaient la vie lors d'une mission de renseignement. Le GSIM est également à l'origine de plusieurs prises d'otages, dont celle de la Française Sophie Pétronin, libérée en octobre dernier.
Plus puissant que l'État isalmique au Grand Sahara ?
Désormais, le GSIM se présente comme "l'ennemi le plus dangereux pour la Force Barkhane, pour les forces internationales et pour le Mali", indiquait en novembre dernier, devant l'Assemblée nationale, le général Marc Conruyt, commandant de la force Barkhane.
Pourtant, l'ennemi numéro un dans la région a longtemps été l'État islamique au Grand Sahara (EIGS). C'est d'ailleurs ce qu'affirmaient Paris et le G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Niger, Tchad, Burkina Faso) en janvier 2020. Mais depuis, notamment sous l'effet du harcèlement des armées françaises et locales, les attaques revendiquées par l'EIGS se sont réduites. Selon l'AFP, le nombre de combattants du GSIM est estimé autour du millier, voire au-delà, soit bien plus que l'EIGS.