Manifestations monstres à Hong Kong : les raisons de la colère

Publié le 29 septembre 2014 à 15h09
Manifestations monstres à Hong Kong : les raisons de la colère

ASIE - Des militants pro-démocratie hongkongais occupent depuis dimanche le centre de ce pôle financier mondial. Ils dénoncent la mainmise de Pékin sur la politique locale, bafouant les accords historiques signés entre ce territoire autonome et la Chine.

Le mouvement ne s'essouffle pas. Des dizaines de milliers de manifestants armés de parapluies continuent de braver le pouvoir ce lundi à Hong Kong après une nuit d'affrontements avec les forces de l'ordre. Le centre-ville est paralysé : les transports perturbés, des écoles fermées, de même que bon nombre d'entreprises, perturbant l'activité économique de cette ville la plus riche de Chine.

"Un pays, deux systèmes"

A l'origine de la protestation, une campagne de désobéissance civile lancée par des étudiants en grève, qui ont même brièvement fait irruption vendredi dans le siège du gouvernement local. Devant cette mobilisation, le mouvement prodémocratie "Occupy Central", du nom du quartier financier de Hong Kong, s'est jeté dans la bataille. Ses militants sont déterminés à le bloquer tant que Pékin refuse d'accorder le droit d'élire démocratiquement le chef de l'exécutif de cette région autonome. "La population vit un moment crucial de son histoire, analyse pour metronews Philippe Le Corre, chercheur à l'Iris et à la Brookings Institution. Si elle cède sur ce point, plus rien n'arrêtera le système répressif du pouvoir chinois."

La grogne remonte au mois d'août, lorsque Pékin est revenu sur une promesse prévue par la loi fondamentale qui obéit au principe "un pays, deux systèmes" mis en place lors de la rétrocession de la colonie britannique en 1997. Si le futur chef de l'exécutif local sera bien élu au suffrage universel en 2017, seuls deux ou trois candidats sélectionnés par le Parti communiste auront le droit de se présenter. "La population se sent trompée, spoliée et ne demande que l'application du texte pour lequel elle s'est battue", souligne le spécialiste.

Une population politisée

Pôle financier et commercial, Hong Kong demeure radicalement différente du reste du pays. La population de cette région administrative spéciale, qui jouit d'un système judiciaire indépendant, d'une presse libre et d'un parti d'opposition, est bien plus politisée. Ainsi, le mouvement pourrait durer. "Les enjeux sont tellement importants que la population est prête à se mettre entre parenthèses", ajoute Philippe Le Corre.

Mais si les militants ne sont pas prêts à abandonner leur combat, Pékin ne peut se permettre de leur laisser libre-court. "La Chine ne cèdera pas devant les protestations de la rue, analyse Philippe Le Corre. Cet Etat autoritaire ne peut laisser émerger une mini-démocratie sur une partie de son territoire." Ainsi, les devants ont été pris pour éviter que le mouvement n'essaime, médias et réseaux sociaux ont été verrouillés . "Il s'agit d'une crise majeure pour Pékin, qui redoute les débordements, remarque pour metronews Alice Ekman, spécialiste de la Chine à l'Ifri. Et surtout les risques de propagation des revendications politiques au delà de Hong-Kong."


La rédaction de TF1info

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