Île Maurice : une nouvelle fuite de fioul détectée dans le bateau échoué

Publié le 15 août 2020 à 9h20, mis à jour le 16 août 2020 à 16h56
Le vraquier japonais au large de Maurice a laissé échappé une nouvelle masse de fioul ce vendredi.

Photo prise le 12 août 2020
Le vraquier japonais au large de Maurice a laissé échappé une nouvelle masse de fioul ce vendredi. Photo prise le 12 août 2020 - Source : HANDOUT / SATELLITE IMAGE ©2020 MAXAR TECHNOLOGIES / AFP

ENVIRONNEMENT - Le bateau échoué au large de l'île Maurice depuis près de trois semaines a de nouveau relâché du fioul ce vendredi. Une fuite qui intervient alors que les questions autour des circonstances de l'accident se multiplient.

"Depuis ce matin, l'eau est redevenue noire autour du Wakashio". Alain François, un pêcheur local témoigne. A Maurice, la marée noire n'est pas terminée. Voici déjà près d'une vingtaine de jours que le vraquier japonais s'est échoué au large des côtes mauriciennes. Ce vendredi matin, une nouvelle vague de fioul s'est répandue dans l'océan. 

Après une course contre la montre, les autorités mauriciennes avaient pourtant annoncé la veille que tout le fioul contenu dans les réservoirs avait été pompé et qu'il n'en restait plus que 100 tonnes dans le bateau, notamment dans la cale. Une quantité apparemment suffisante pour faire de nouveaux dégâts. "Selon les experts, ce genre de fuite était prévisible et est dû à la manière dont le bateau se tord et se déforme" a expliqué le comité de crise mis en place pour gérer la marée noire.

Un travail "trop dangereux" et des "risques d'asphyxie"

Une source anonyme travaillant sur les opérations de dépollution a expliqué que cette nouvelle fuite provenait de la salle des machines, où il est impossible de pomper. Elle a précisé que c'était "trop dangereux" à cause des "risques d'asphyxie". Selon les experts, l'écoulement devrait tout de même être capté par les boudins flottants fabriqués à la hâte par les Mauriciens pour limiter les conséquences de la catastrophe écologique. 

Le vraquier MV Wakashio, appartenant à un armateur japonais, s'est échoué le 25 juillet sur un récif à la Pointe d'Esny, au sud-est de l'île Maurice. Il transportait 3.800 tonnes de fioul et 200 tonnes de diesel à son bord. En l'espace de quelques jours, un important volume d'hydrocarbure - entre 800 et 1.000 tonnes de fioul - s'est échappé de la coque du bateau éventré. Cette matière visqueuse a souillé le littoral, mettant en danger tout un écosystème. Les équipes d'intervention n'ont pu que limiter la casse. 

Le ministre Sébastien Lecornu sur place dimanche

Accusé de négligence pour sa gestion de crise, le Premier ministre Pravind Jugnauth a refusé de présenter des excuses, estimant qu'aucune erreur n'avait été commise par son gouvernement. Il a également demandé du temps pour laisser l'enquête faire la lumière sur cette affaire. 

L'ONG GreenPeace a de son côté interpellé l'armateur du bateau impliqué. "Pourquoi votre navire naviguait-il si dangereusement près des récifs? Pourquoi avez-vous fait si peu depuis que le bateau s'est échoué?" s'est-elle offusquée. Elle a également demandé quelles mesures étaient envisagées pour "réduire les dégâts environnementaux, et la douleur et la souffrance de ceux dont la vie en dépend". Nagashiki Shipping, propriétaire du bâtiment échoué a affirmé "être profondément conscient de (ses) responsabilités". Il a aussi promis de répondre "sincèrement" aux demandes de compensation.

Le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu se rendra sur l'île Maurice dimanche 16 août afin de "superviser le dispositif de soutien mis en place par la France pour aider le gouvernement mauricien à lutter contre la pollution de ses eaux maritimes", a indiqué le ministère dans un communiqué. Il fera également un point sur "l'état d'avancement des opérations de pompage". Emmanuel Macron est attendu sur place du 17 au 20 août. 


Maxence GEVIN

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