INTERVIEW - L'Allemand Martin Schulz est le président du parlement européen. Il est aussi le candidat des sociaux-démocrates à la tête de la Commission européenne, où pour la première fois cette année, le président sera élu par le Parlement. Metronews l'a rencontré vendredi à Forbach en Moselle, où il était en meeting pour convaincre les Français.
Vous venez ici sur les terres de Florian Philippot, vice-président du FN et candidat aux européennes, c'est symbolique ?
Ce qui est très symbolique, surtout, c'est qu'ici le PS a battu le FN lors des municipales. C'est bien la preuve que lorsque les démocrates se mobilisent, ils peuvent le battre. Après, je fais ma campagne pour moi-même, pas contre les autres. D'ailleurs on ne peut pas faire campagne contre le Front national, parce qu'il n'a pas de programme. Il a des boucs-émissaires pour tout mais des propositions sur rien. On ne peut pas débattre avec lui.
A ce propos, vous deviez débattre avec Marine Le Pen sur France 2 jeudi prochain mais la rencontre a été annulée...
Moi je veux débattre avec Marine Le Pen mais c'est elle qui ne veut pas débattre avec moi. J'étais prêt. Mais je pense qu'elle a peur !
Comment expliquez-vous la progression des eurosceptiques un peu partout en Europe ?
Les citoyens n'ont plus confiance en l'Europe. Je le comprends : nous vivons dans une Europe où les spéculateurs font des milliards de profits, pendant que les contribuables payent. Cela crée un sentiment d'injustice. Les jeunes chômeurs, eux, payent pour une crise que d'autres ont créée. Et tout cela provoque une colère, un désespoir dont se nourrissent les populistes. Sauf que ceux-ci ne proposent rien de concret en échange. Je suis convaincu que la large majorité de leurs électeurs ne sont pas des populistes, mais simplement des gens déçus ou en colère. Ce vote protestataire, je le prends très au sérieux. J'en ai fait l'enjeu de ma campagne : la reconquête de la confiance.
Vous avez vu le FN a l'œuvre au Parlement européen. Pourquoi, selon vous, n'ont ils pas leur place là-bas ?
J'ai envie de dire aux gens : le vote FN, c'est un vote perdu. Vous dites que je les ai vus à l'œuvre, mais pas tant que ça, justement :
ils ne font rien, ils ne travaillent pas !
Ils ne participent pas aux travaux législatifs, ni à la Commission, ni dans les groupes de travail. Si les électeurs lui donnent des sièges, cela ne changera donc rien dans leur vie. Ceux qui veulent du changement doivent voter pour moi !
En quoi pourriez-vous changer les choses si vous êtes élu à la tête de la Commission européenne ?
A Bruxelles, on parle en milliards. Quinze milliards pour cette banque, trente milliards pour ce pays, etc. Mais la majeure partie des citoyens vit avec moins de 2000 euros par mois. Ils se disent donc que les institutions européennes n'ont rien à faire d'eux. On a besoin, à la tête de la Commission, d'avoir quelqu'un qui connaît les soucis de ces gens qui luttent tous les jours avec leur petits revenus. Il faut qu'ils sentent que l'on va enfin se préoccuper de leur trouver un travail, et investir en faveur d'une économie qui va créer des emplois. Aujourd'hui pour les citoyens, l'Europe est devenu une administration, ce n'est plus la belle idée de coopération entre les nations. Or cette Europe-là est toujours possible. Je veux le leur montrer !
Si vous êtes élu, qu'est-ce que cela peut changer dans la vie quotidienne d'un Français ?
Déjà, une grande réforme mettra fin à l'évasion fiscale des entreprises, qui fait fuir les richesses hors des pays. Le principe sera simple : le pays de votre salaire est le pays de l'impôt. Vous, Français, vous allez payer votre impôt en France ; pourquoi votre patron, lui, peut-il choisir d'aller payer ses impôts au Luxembourg ? Une autre mesure concrète concernera la lutte contre le chômage. Les petites et moyennes entreprises en Europe ne manquent pas d'idées mais elle ne peuvent pas embaucher car elles ne peuvent pas investir. Elle doivent avoir accès au crédit. Les banques empruntent à la Banque central européenne mais au lieu d'investir dans l'économie réelle, elles spéculent. C'est un scandale ! La BCE doit pouvoir soutenir l'investissement. Ce sont des choses très concrètes qui vont vite se voir dans la vie des gens.
La Commission trouve que le Smic est trop élevé en France : c'est votre avis aussi ?
Non, je pense que la Commission est trop éloignée de la vie des gens.
Faut-il un président européen ? Une nouvelle constitution européenne ?
C'est une question très intéressante, discutée à Bruxelles sans cesse. Mais la réponse, qu'elle soit oui ou non, ne donnera aucun emploi à un jeune Européen. Or moi, ce qui me préoccupe, ce sont les 27 millions de chômeurs dans l'Union. Avant de réformer les institutions, je dois réconcilier les Européens avec l'idée de l'Europe.
Le PS a fait de vous sa vedette de campagne... Vous sentez-vous en phase avec sa ligne politique en France ?
La campagne européenne doit être européenne. Dans tous les autres pays d'Europe, j'ai l'impression que cette idée est plus facilement intégrée. Mais en France, non. Médias et politiques ont du mal à sortir des considérations franco-françaises. Il y a des problème français sur lesquels le PS s'exprime en France. Et c'est normal. Mais il y a des préoccupations communes à tous les socialistes européens. Le chômage, l’évasion fiscale, l'inégalité hommes-femmes... Et cela, c'est au niveau européen que cela se règle. C'est ma politique, mon programme.
Etes vous sur d'être élu à la tête de la Commission si les socialistes sont majoritaires ?
Théoriquement, le Conseil européen peut proposer au Parlement un autre candidat mais je peux vous garantir qu'un autre socialiste que moi ne trouvera pas de majorité au Parlement. Donc oui, cela ne fait aucun doute.
Comment se fait il que vous parliez si bien le français ? Quelle est votre histoire avec la France ?
(Il chantonne les première paroles de Douce France, de Charles Trénet). Il revient à ma mémoire des souvenirs familiers, je revois ma blouse noire, lorsque j’étais écolier... La France a toujours été présente, d'une certaine façon, dans ma vie. Mon père est né juste de l'autre coté de la frontière, près de Sarrebruck. Mais ma fascination pour le pays est vraiment née lors d'un échange scolaire en France, à Bordeaux. J'en suis rentré bouleversé. Vos belles régions, votre culture, votre langue, les jolies femmes (rires)... J'ai alors compris quelle importance la France a pour l'Allemagne, et vice-versa. On s'est souvent défini les uns contre les autre, dans une relation d'amour-haine mais au fond, nous avons beaucoup de points communs. Et beaucoup à apprendre l'un de l'autre.
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