PRÉCISONS - Au lendemain de ce qui aurait pu être une véritable tragédie à Crema en Lombardie, les premiers éléments recueillis par les enquêteurs italiens éclairent sur le profil du conducteur et son passé. De nationalité italienne depuis 2004, il serait né en France d'après un média local et était connu de la justice.
Comment est-il possible qu'un homme ayant eu des problèmes avec la justice, retrait du permis pour conduite en état d'ébriété et accusation de harcèlement sexuel, soit autorisé à conduire tous les jours des enfants à l'école ? Si l'Italie s'interroge au lendemain du détournement d'un bus scolaire avec 51 collégiens à son bord qui aurait pu se solder en véritable tragédie, la réponse est simple, pour le Corriere della sera. Lors de l'embauche en 2004 du chauffeur, un Italien d'origine
sénégalaise, il lui a été demandé un extrait de son casier judiciaire, vierge à l'époque, et depuis plus rien, ce qui est parfaitement légal.
Mais Ousseynou S., 47 ans, est en effet déjà connu de la police pour deux affaires. En 2007, l'homme avait vu son permis de conduire suspendu pour conduite en état d'ivresse mais il s'était bien gardé d'en parler à la société qui l'employait de sorte que personne, au sein de l'entreprise, n'a jamais rien su, explique la presse. Autre fait troublant, il a également été condamné à un an de prison avec sursis en 2018 pour "harcèlement sexuel" sur mineure.
Né en France en 1972
"Nous ne connaissions pas ses précédents", assure l'entreprise qui l'employait au quotidien La Repubblica. "Il était avec nous depuis 15 ans. Il avait commencé en s'occupant de la propreté puis avait été promu chauffeur", explique Luca Lanzanova, un responsable. Et d'ajouter : "Au cours de ces années, nous n'avons jamais noté des signes de déséquilibre (mental, ndlr) et nous n'avons jamais reçu aucune plainte le concernant". Un autre responsable a précisé que Ousseynou S. "a subi les contrôles périodiques que font tous les chauffeurs et rien n'est apparu".
Ousseynou S., âgé de 47 ans, serait né en né en France en 1972, de parents sénégalais selon la chaîne d'information de Mediaset TG Com 24 et selon La Repubblica avant d'obtenir la nationalité italienne en 2004 à la suite d'un mariage avec une femme de cette région du nord de l'Italie avec laquelle il a eu deux fils et dont il s'est séparé. "La séparation est à l'origine de tous les problèmes d'Ousseynou", affirment ses collègues chauffeurs cités par le quotidien.
"Comme un loup solitaire"
"Paolo? On l'appelait tous comme ça car son nom était trop compliqué. Je le voyais sortir tôt tous les matins, il conduisait un bus. Un homme tranquille mais très seul", raconte sa voisine, citée par La Stampa.
C'est d'ailleurs "comme un loup solitaire" sans liens avec l'islamisme radical, qu'a agi le chauffeur scolaire sans histoire a estimé au cours d'une conférence de presse le chef de la cellule anti-terrorisme de Milan, Alberto Nobili. Ses actes étaient "prémédités" depuis plusieurs jours, "il voulait que le monde entier puisse parler de son histoire", a-t-il expliqué. L'homme a posté sur YouTube une vidéo pour expliquer son action.
Lors des perquisitions effectuées par la police mercredi au domicile et dans la voiture d'Ousseynou S., un jerrican et des sacs ont été découverts.
Possible retrait de sa nationalité
Il est désormais accusé de "prise d'otages, massacre et incendie" avec la circonstance aggravante de "terrorisme" et les autorités de Rome étudient la possibilité de lui retirer la nationalité italienne, sur demande pressante du ministre de l'Intérieur Matteo Salvini, également patron de la Ligue. Ce dernier l'a d'ailleurs indiqué sur Facebook.
Ousseynou S. est désormais en prison à San Vittore, surveillé dans le quartier protégé, bien qu’il ait tenté de minimiser ses intentions, en disant que si les carabiniers n'étaient pas intervenus, "il n'y aurait pas eu de blessé".
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