Mort de Tyre Nichols aux États-Unis : des images "alarmantes" de son arrestation fatale dévoilées ce vendredi soir

La ville de Memphis s'apprête à diffuser, ce vendredi vers 19h00 heure locale (2h00 en France), les images de l'arrestation controversée de Tyre Nichols. Cet Afro-Américain de 29 ans est décédé au début du mois, dans la foulée de son interpellation brutale par les forces de l'ordre. 

Les détails quant au déroulé des événements ne sont pas encore clairs. La police affirme que le suspect devait être arrêté pour une infraction routière, mais "s'était enfui" après une "confrontation". Il a finalement été maîtrisé, mais s'était plaint d'avoir du mal à respirer. Hospitalisé, il est décédé trois jours plus tard.

Une version édulcorée que semblent contredire les images. Y ayant eu accès en amont, les avocats de la famille de la victime, Ben Crump et Antonio Romanucci, ont fustigé l'action violente des policiers impliqués. "C'était si violemment intentionnel. Il n'y avait vraiment aucun but ni aucune base pour être aussi violent ou brutal contre un être humain sans défense. Je veux dire, c'est un citoyen. Ces policiers de Memphis sont chargés de protéger leurs citoyens et au lieu de cela, ils l'ont littéralement battu sans ménagement pendant plus de trois minutes", dénonce le second dans les colonnes du Time. Tyre Nichols a fait office de "pinata humaine pour ces officiers", s'émeut-il. 

"Ce qui est si alarmant dans la vidéo, c'est l'escalade à partir du moment où ils ont rencontré Tyre - et cette escalade n'a fait que s'amplifier. Les premiers mots que Tyre prononce sont 'qu'est-ce que j'ai fait ?'. Et il n'y a jamais de réponse à cela", souffle, de son côté, Ben Crump. 

Même son de cloche du côté du beau-père de la victime, Rodney Wells. Selon lui, "un officier l'a frappé comme s'il s'agissait d'un ballon de football, à plusieurs reprises". "Les policiers ont ce petit bâton, ce truc en métal qu'ils sortent. Je les ai vus sortir ça et commencer à frapper mon fils avec", dénonce-t-il. La mère de Tyre Nichols accuse, elle, les forces de l'ordre d'avoir "réduit (son fils) en bouillie". "Où est passée leur humanité ? Ils ont battu mon fils comme une pinata", s'étrangle-t-elle, soulignant qu'il avait "des bleus partout et (que) sa tête était enflée comme une pastèque". 

La cheffe de la police de Memphis, Cerelyn “CJ” Davis, ne dit pas autre chose. "J'étais dans les forces de l'ordre lors de l'incident de Rodney King et cela ressemble beaucoup à ce type de comportement... une sorte de pensée de groupe. Je dirais que c'est à peu près la même chose, si ce n'est pire", prévient-elle dans les colonnes de The Guardian. 

En raison de la violence de cette séquence, les autorités se préparent à gérer de potentiels troubles ou protestations de grande ampleur. Le département de la sécurité intérieure va "continuer à travailler avec nos partenaires à tous les niveaux de gouvernement et avec les communautés touchées afin de partager des informations opportunes et de soutenir les efforts visant à assurer la sécurité de nos communautés", a-t-elle assuré, dans des propos rapportés par CNN. Les services de police de Los Angeles, Minneapolis, Nashville, Milwaukee, Seattle, Denver, Dallas, New York et Atlanta suivent, d'ores et déjà, de très près la suite des événements. 

Aux États-Unis, marqués par plusieurs drames de ce genre ces dernières années, dont la mort de George Floyd en 2020, cet homicide a fortement choqué. Le président américain, Joe Biden, a réclamé une "enquête rapide, complète et transparente" tout en "appelant à des manifestations pacifiques", sans violences. 

Ce jeudi, les cinq agents de la police - depuis licenciés - impliqués dans cet événement ont été inculpés pour meurtre, coups et blessures ou encore enlèvement.