Mystère au Mexique, où des adolescents s'évanouissent par centaines

Publié le 5 juin 2023 à 15h46

Source : Sujet TF1 Info

Au moins 227 collégiens se sont évanouis à travers le Mexique.
Le phénomène débuté en septembre reste à ce jour inexpliqué.
Dans un article publié ce vendredi, Business Insider émet l'hypothèse d’un phénomène d'hystérie collective diffusée en ligne.

C'est une épidémie d'une toute nouvelle forme. Qui touche des jeunes collégiens, éparpillés à travers le territoire mexicain, sans liens apparents entre eux. Dans un article publié vendredi 2 juin, le site Business Insider revient en longueur sur cette inquiétante infection qui secoue le Mexique depuis la rentrée : en l'espace de deux mois à peine, des centaines d'adolescents se sont évanouis, sans qu'on puisse comprendre pourquoi. Alors que de nombreuses causes ont été évoquées à travers les investigations, la dernière en date ajoute du mystère à l'affaire.

Drogue, insecticides ou fuite de gaz ?

Tout a commencé à l'automne, selon le récit qu'en fait Business Insider et la presse locale. Le 23 septembre dernier, une jeune adolescente de 12 ans, Esmeralda, s'évanouit sans raison apparente dans son collège de Tapachula, au sud du Mexique. Elle est suivie de sa meilleure amie, Diala. Au cours de la journée, la contagion se répand. Dans les salles de classes, les toilettes ou la cour, les adolescents s'effondrent les uns après les autres. En tout, dix autres enfants sont touchés et 22 signalent des symptômes inhabituels, comme des vomissements et des maux de tête. 

Idem deux semaines plus tard. À plus de 240 km de là, dans un collège d'une région rurale, 68 enfants s'évanouissent ou sont pris d'étourdissements. Quatre jours plus tard, l'incident touche à nouveau le collège de Tapachula. Cette fois-ci, ce sont 18 enfants qui perdent connaissance. Un phénomène qui ne cesse de s'intensifier. Si bien qu'en tout, au moins six collèges, dans quatre États mexicains, sont témoins de cette contamination, qui affecte un total de 227 enfants. Une situation telle que le président mexicain lui-même a commencé à s'en inquiéter, promettant une enquête sur le sujet.

Plusieurs pistes sont rapidement évoquées. D'abord, celle de la drogue. Certains émettent l'hypothèse de substances récréatives altérées. D'autres évoquent le rituel d'initiation d'un cartel, qui obligerait ses jeunes recrues à droguer des camarades de classe pour prouver leur loyauté. Mais la quasi-totalité des tests de dépistage se révèlent négatifs. Et aucune drogue n'a été trouvée dans les établissements, balayés par des équipes cynophiles.

 

Face au mystère toujours plus persistant et des parents qui exigent des réponses, diverses théories émergent dans la presse. Sont évoqués l'empoisonnement aux engrais, une maladie bactérienne rare ou l'inhalation d'une fumée inconnue. Un article d'El Pais suggère quant à lui qu'une "substance inconnue" aurait pu se cacher dans les sources d'eau. Mais au fil du temps, et face à la réalité des faits, ces théories s'effondrent les unes après les autres. 

La thèse d'une "hystérie de masse"

Car le mode de propagation ne correspond pas à une toxine inhalée : tous les élèves n'ont pas été touchés de manière homogène. Quant à la théorie de l'insecticide lié aux exploitations agricoles, elle ne correspond pas aux positions géographiques. "Toutes les explications sont plausibles, mais il aurait fallu une multitude de coïncidences pour qu'elles se produisent simultanément", résume ainsi le Dr. Carlos Alberto Pantoja Meléndez, l'un des épidémiologistes qui se sont intéressés à cette affaire. Cité par le site américain, il affirme qu'il ne reste qu'une seule possibilité : celle d'une "hystérie de masse". 

Théorisé par de nombreux experts, ce concept définit un phénomène psychologique rare au cours duquel "une personne présente un comportement inattendu comme des évanouissements, des cris ou des convulsions, puis d'autres à proximité reproduisent les symptômes involontairement”, comme le rappelle le Dr. Robert Bartholomew, professeur de psychologie à l'Université d'Auckland et l'une des références mondiales en la matière. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, des établissements scolaires ont en effet déjà été le théâtre d'une telle psychose collective. En 1962, en Tanzanie, plus de 1000 écoliers ont été pris de crises de rire incontrôlables pendant des mois. Trois ans plus tard, en Angleterre, 141 adolescentes se sont évanouies en une journée. 

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D'autant qu'une information découverte ces dernières semaines par l'épidémiologiste Pantoja-Melendez tend à confirmer cette piste étonnante. Lors de sa visite dans l'un des établissements scolaires, plusieurs élèves ont révélé qu'ils étaient membres d'un groupe WhatsApp auquel appartenaient également les élèves d'autres collèges touchés. De quoi rendre la théorie d'une hystérie de masse plausible aux yeux des experts interrogés par Business Insider, dont le Dr. Robert Bartholomew et le Dr. Simon Wessley, un confrère du Kings College de Londres. Si la piste venait à être confirmée par les recherches qui seront menées dans six écoles cet été, cela marquerait un tournant. Une hystérie de masse qui se propage en ligne n'a jamais été observée auparavant, assurent les experts. Un phénomène littéralement viral, tout aussi nouveau qu'alarmant. 


Felicia SIDERIS

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