Mystère du "syndrome de la Havane" : Washington relance l'enquête

ER avec AFP
Publié le 11 novembre 2021 à 6h28
Antony Blinken, Joe Biden et John Kerry lors de l'Assemblée générale de l'ONU le 21 septembre 2021.
Antony Blinken, Joe Biden et John Kerry lors de l'Assemblée générale de l'ONU le 21 septembre 2021. - Source : POOL / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

PHÉNOMÈNE - Le secrétaire d'État américain Antony Blinken s'est engagé vendredi à "faire toute la lumière" sur le "syndrome de la Havane", un mal mystérieux qui frappe des diplomates américains à travers le monde depuis 2016.

"Un bruit persistant qui créé une douleur perçante" ou une "forte pression dans la tête" mais aussi de graves séquelles cérébrales : c'est mystère insoluble dont ont été victimes des dizaines de diplomates américains depuis 2016. Le premier cas du désormais célèbre "syndrome de la Havane" a été déclaré à Cuba en 2016, et s'est depuis répandu dans les ambassades des États-Unis aux quatre coins du globe. En 2018, des symptômes similaires frappent une dizaine d'autres diplomates américains en Chine. Des cas sont successivement signalés en Allemagne, en Australie, en Russie, à Taïwan, et même à Washington.

Après des années de tergiversations de la part du Département d'État, réticent sous la présidence Trump à reconnaître ces "incidents de santé anormaux", comme ils sont appelés dans le jargon administratif,  le secrétaire d'État de l'administration Biden, Anthony Blinken, s'est engagé le 5 novembre à faire "toute la lumière" sur le phénomène qui frappe ses diplomates. Car il reste aujourd'hui une question à éclaircir, qui constituera le cœur de l'enquête fraîchement relancée : quelle est l'origine de ces mystérieux sons agresseurs, parfois assimilés à des "attaques acoustiques", et pourrait-elle être l'œuvre d'une puissance rivale ? 

"L'énergie dirigée d'ondes radios" comme cause possible

Malgré une enquête toujours en cours depuis les premiers cas, le gouvernement américain n'a pas été en mesure de "déterminer la cause de ces incidents ni s'ils constituent une attaque de la part d'un acteur étranger", reconnaît le département d'État. Les hypothèses se succèdent, mais selon un rapport de l'Académie des Sciences américaine, "l'énergie dirigée d'ondes radio" est la cause la plus probable de ces symptômes. Des faisceaux de micro-ondes sont également une explication qui revient régulièrement. 

En octobre, Joe Biden reconnaît officiellement le syndrome en signant le "Havana Act", ainsi que la réalité "des séquelles neurologiques invalidantes" observés chez une partie des victimes. Certaines décrivent "des difficultés de concentration et des trous de mémoire" et des maux divers incluant des problèmes d'équilibre et de vertige, de coordination, de mouvement des yeux, ainsi que de l'anxiété ou de l'irritabilité. Des lésions cérébrales ont même été diagnostiquées.

Le gouvernement cubain quant à lui, qui a enquêté de son côté sur le sujet, a rejeté à plusieurs reprises les accusations indirectes de Washington sur cette affaire. L'Académie des sciences de Cuba a même estimé que le phénomène médical n'est pas "scientifiquement prouvé", et qu'aucune technologie existante n'est capable de "causer de façon sélective des dommages cérébraux" avec cette précision. 

L'administration Biden relance l'enquête

Plusieurs événements ont braqué le projecteur sur le phénomène de la Havane récemment. En septembre, la CIA a démis de ses fonctions son responsable à Vienne, accusé de n'avoir pas pris au sérieux des cas du syndrome dans son équipe et au sein de l'ambassade. Des dizaines de cas, tant au sein des employés de la CIA que des diplomates et de leurs familles, avaient été signalés à Vienne au cours des derniers mois. Fin août, une visite de la vice-présidente Kamala Harris au Vietnam avait aussi été retardée de plusieurs heures en raison de la détection de cas au sein de l'ambassade d'Hanoï. 

Le département d'État américain refuse toujours de fournir une estimation globale du nombre de personnes touchées, même si le nombre de 200 cas a été évoqué par des sources internes. L'administration Biden promet néanmoins une implication nouvelle. "Nous nous appuyons sur toutes les capacités de nos services de renseignement. Nous recrutons les meilleurs cerveaux scientifiques, au sein de l'administration mais aussi en dehors", a annoncé début novembre Anthony Blinken. Deux diplomates chevronnés ont été nommés pour relancer l'enquête : Jonathan Moore, chargé de coordonner la réponse du département d'Etat, et Margaret Uyehara, qui devra s'assurer que toute personne signalant des symptômes reçoive une prise en charge médicale appropriée.


ER avec AFP

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